L'encéphalite à tiques est l’une des rares zoonoses virales transmises par la morsure d'une tique infectée. Le Tick Borne Encephalitis Virus (TBEV) est un flavivirus, dont le sous-type européen (celui présent en France) est transmis par Ixodes ricinus, la même tique qui est le vecteur principal de Borrelia burgdorferi, la bactérie de la maladie de Lyme. Ce sous-type est à l’origine d’infections moins graves que les deux autres, sibérien et extrême-oriental.
Le virus de l’encéphalite à tiques présente une particularité : il peut également être transmis par des produits laitiers contaminés non pasteurisés issus de ruminants infectés. En 2020, une quarantaine de cas confirmés ont été identifiés dans l’Ain, liés à la consommation de fromages de chèvre au lait cru.
Où attrape-t-on l'encéphalite à tiques ?
Certaines activités professionnelles sont plus à risque, car plus exposées, notamment les métiers exercés en forêt ou en milieu rural, dans les régions où le virus est présent : bûcherons, agriculteurs, sylviculteurs, gardes-chasse, etc. Cependant, le risque existe pour toutes les personnes se rendant en forêt pour des activités de loisir.
En Europe, les pays les plus touchés sont la République tchèque, l’Allemagne et les pays baltes. Afin de mieux documenter cette maladie en France, et à la suite du foyer apparu dans l’Ain en 2020, les infections par le virus de l’encéphalite à tique ont été inscrites sur la liste des maladies à déclaration obligatoire en mai 2021, dans un contexte d’augmentation de l’incidence de la maladie dans toute l’Europe, et d’extension de la zone et de la période connues de circulation du virus.
En France, entre mai 2021 et 2023, 71 cas ont été notifiés (30 en 2021, 36 en 2022 et 5 en 2023). Sur ces 24 mois, la moitié (37/71) étaient survenus entre mai et juillet. Les hommes étaient 1,7 fois plus touchés que les femmes. Quatre (6 %) étaient des enfants de moins de 16 ans et 15 (21 %) avaient de plus de 65 ans. Tous les cas résidaient habituellement en France, sauf 3 : 2 en Allemagne et 1 en Finlande.
Pour soixante et un cas (86 %), il s'agissait d'une infection autochtone (acquise sur le territoire national). Dix sujets (14 %) avaient été infectés dans un pays à risque, parfois à l’occasion d’un voyage : Autriche (3), Allemagne (3), et Finlande, Lettonie, Slovénie et Suède pour 1 cas chacun.Quarante-quatre personnes (62 %) avaient été très probablement contaminées dans un département à risque connu (c’est-à-dire où des cas humains avaient été mis en évidence avant le début de la surveillance par la déclaration obligatoire) : Haute-Savoie (14), Haut-Rhin (11), Bas-Rhin (10), Loire (3), Ain (2), Puy-de-Dôme (2), Isère (1) et Savoie (1). Dix-sept avaient été très vraisemblablement contaminées dans un département où aucun cas humain n’avait été notifié précédemment : Rhône (4), Ardèche (2), Cantal (2), Doubs (2), Vosges (2), Meurthe-et-Moselle (1), Marne (1), Moselle (1), Haute-Saône (1), et pour un cas, la Meurthe-et-Moselle ou les Vosges. Parmi les 4 cas contaminés dans le Rhône, il s'agissait 3 fois d’une toxi-infection alimentaire collective attribuée à un fromage frais de chèvre fabriqué à partir du lait cru d’un troupeau se trouvant dans le Rhône.
L'encéphalite Chandipura |
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L'encéphalite Chandipura est une infection du cerveau due à un virus transmis par les phlébotomes, petits moucherons de 2 à 3 mm, qui piquent au crépuscule et la nuit. L'encéphalite Chandipura sévit uniquement dans les zones rurales en Inde sous forme de petites épidémies (ce virus existe chez les phlébotomes de pays africains mais sans qu'aucun cas humain n'ait été signalé) L'encéphalite Chandipura touche surtout les enfants. Elle provoque un syndrome grippal puis une inflammation du cerveau qui peut évoluer vers le coma et la mort. Son traitement est celui de la fièvre. La prévention de l'encéphalite Chandipura repose sur l’application rigoureuse des mesures de protection contre les piqûres d’insectes. |
Quand attrape-t-on l'encéphalite à tiques ?
L'encéphalite à tiques sévit pendant la période d'activité des tiques : de mai à octobre.
Quels sont les symptômes de l'encéphalite à tiques ?
Les symptômes de l'encéphalite à tiques varient selon le sous-type. La maladie est plus grave chez les enfants.
- Sous-type occidental : syndrome grippal (fièvre, maux de tête, courbatures) ou syndrome méningé bénin (fièvre, nausées, raideur de la nuque, maux de tête).
- Sous-type oriental : syndrome méningé, puis signes de paralysie des épaules et des bras. Il existe un risque de séquelles paralytiques.
En Europe, l'encéphalite à tique est asymptomatique dans 75 % des cas. Lorsqu'il y a des symptômes, ils évoluent defaçon biphasique. Après une période d'incubation d'environ 8 jours, la première phase se traduit par des symptômes non spécifiques de type grippal durant 2 à 4 jours (hyperthermie, fatigue et douleurs musculaires). Puis des troubles neurologiques peuvent apparaître après une semaine, chez un tiers des malades, allant de signes méningés à une encéphalite sévère ou une méningo-encéphalo-myélo-radiculite. Le taux de mortalité est de 1 à 2 % avec la souche européenne de TBEV. Les séquelles neurologiques (troubles cognitifs) peuvent être observées chez près de 10 % des malades.
Comment soigne-t-on l'encéphalite à tiques ?
Le traitement de l'encéphalite à tiques est essentiellement celui des symptômes. Néanmoins, en cas d'exposition récente (morsure de tiques de moins de quatre jours), une protection passive par immunoglobulines peut être proposée sous certaines conditions.
Comment prévenir l'encéphalite à tiques ?
La prévention de l'encéphalite à tiques repose sur l’application rigoureuse des mesures de protection contre les piqûres de tiques, en portant des vêtements adaptés, tels que des pantalons longs et des chaussures fermées. Si possible, imprégnez-les d’insecticides. Après une promenade en forêt ou dans les prés, ou après avoir jardiné, il faut examiner toutes les régions du corps et retirer avec un tire-tique les tiques éventuelles.
Deux vaccins contre l'encéphalite à tiques sont actuellement disponibles en France. Ils sont préparés avec des souches différentes de virus inactivés (ENCEPUR, TICOVAC). Cette vaccination (possible dès l’âge de 1 an) s’adresse aux voyageurs séjournant en zone rurale ou amateurs de randonnées en forêt, dans les régions où sévit la maladie, du printemps à l'automne, sauf si le séjour se passe uniquement au dessus de 1 500 m d'altitude. Un schéma de vaccination à 2 doses rapprochées est possible lorsque le voyage est imminent.
En Europe, les pays où l'encéphalite à tiques est largement présente et où la vaccination est recommandée aux voyageurs décrits ci-dessus sont : l'Allemagne, l'Autriche, la Biélorussie, l'Estonie, la Finlande, la Lettonie, la Lituanie, la Norvège, la Pologne, la République tchèque, la Russie occidentale, la Slovaquie, la Slovénie, la Suède et la Suisse.
Dans les autres pays où des cas ont été signalés (pays européens du Nord et de l'Est, Italie, Arménie, Nord et Nord-Est de la Chine, Corée du Sud, Japon, Asie centrale, Russie orientale), la vaccination s'envisage au cas par cas.
Cette vaccination ne dispense PAS de se protéger des tiques, capables de transmettre d’autres maladies infectieuses pour lesquelles il n’existe aucun vaccin.
Ne consommez pas de lait cru ou autres produits laitiers non pasteurisés dans les pays où sévit l'encéphalite à tiques.
Comment surveille-t-on la progression de l’encéphalite à tiques ?
Face à l’augmentation du nombre de cas dans toute l’Europe et l’extension de la zone et la période où le virus circule habituellement, les infections par le virus de l’encéphalite à tiques ont été ajoutées à la liste des maladies dites à déclaration obligatoire en mai 2021 afin de permettre un meilleur recensement des cas.
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