Afin d’apprécier pleinement la diversité et la subtilité des saveurs, l’organisme dispose de toute une mécanique de détection et de reconnaissance dans laquelle le nez et la langue sont indissociables. En partie génétique, le goût est aussi une affaire de culture. Une alimentation variée et diversifiée permet d’affiner notre perception des saveurs.
Comment détecte-t-on les saveurs ?
La détection des saveurs met en jeu des organes situés dans la bouche (papilles gustatives) et dans le nez (cellules olfactives).
Le rôle de la bouche dans le goût
La salive est indispensable pour détecter les goûts et les parfums. Elle est sécrétée par des glandes situées sous les oreilles, sous la mâchoire et sous la langue (voir figure). Elle dilue les substances qui donnent leur goût aux aliments et leur permet de s’infiltrer dans les papilles gustatives, de petites cavités disséminées sur la langue et dans la bouche. L’absence de salive (à la suite d’une maladie ou de la prise de certains médicaments) peut entraîner une diminution du goût, car les papilles ne réagissent qu’aux substances diluées.
Au fond des papilles se trouvent des récepteurs sensoriels, les « bourgeons du goût », reliés au cerveau par des fibres nerveuses. La bouche contient également des cellules capables de capter la température, la sensation de piquant ou celle de fraîcheur. Lors de la mastication, des cellules situées sous les dents informent le cerveau sur la texture de l’aliment. D’autres récepteurs analysent les consistances de la nourriture, grasse, humide, onctueuse ou fondante par exemple.
La bouche et les fosses nasales
Le rôle du nez dans le goût
Le nez contient des cellules olfactives capables de distinguer plus de 20.000 parfums. Lors de la mastication, les aliments sont chauffés et broyés, libérant ainsi des molécules odorantes qui remontent vers le nez par l’arrière de la bouche (flèche bleue sur le schéma ci-dessus). Ce phénomène, appelé rétro-olfaction, contribue fortement à l’analyse des parfums des aliments, plus encore que l’odorat par inhalation (par les narines). Les dégustateurs de vin, en aspirant de l’air à travers leurs dents serrées et en faisant « glouglouter » la gorgée, amplifient le phénomène de rétro-olfaction pour mieux distinguer tous les parfums d’un grand cru.
Des récepteurs inséparables pour mieux sentir le goût
Les récepteurs olfactifs du nez et les papilles gustatives de la bouche sont complémentaires et inséparables. Ce caractère indissociable se retrouve dans le cerveau où il est difficile de faire la part des choses entre odorat et goût, car les fibres nerveuses issues du nez et de la langue se réunissent en un premier relais nerveux qui associe les informations avant qu’elles n’arrivent au cerveau.
C’est gras, c’est sucré, c’est… bon ! |
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Des centaines de milliers d’années de sélection naturelle ont modelé nos goûts, visant à nous faire préférer les aliments les plus nourrissants. Pour cette raison, lorsque nous trouvons un aliment délicieux, il y a de grandes chances pour que celui-ci soit gras, sucré ou les deux ! Si l’attirance pour les aliments gras est universellement répandue dans l’espèce humaine, le goût du sucré est surtout présent chez les enfants et tend à disparaître chez les adultes, pour réapparaître chez les personnes âgées. Mais dans nos sociétés occidentales, l’avènement de la production industrielle du sucre (au XIXe siècle) a eu pour conséquence de maintenir le goût du sucré chez les adultes… au grand dam de notre ligne ! |
Reconnaître les saveurs
Reconnaître les saveurs est un phénomène complexe qui met en jeu nos organes, mais aussi notre expérience et notre patrimoine génétique.
Les saveurs fondamentales
Parmi la multitude de nuances que notre bouche peut distinguer, il existe quatre saveurs fondamentales, le sucré, le salé, l’amer et l’acide. Une cinquième saveur fondamentale, identifiée par les Japonais il y a un siècle et peu familière à nos palais occidentaux s’y ajoute : c’est l’umami, un mot qui signifie « délicieux ». Ce goût est celui du glutamate, un acide aminé abondant dans les aliments tels que les viandes, le parmesan, les champignons ou le lait maternel par exemple.
Pendant longtemps, on a associé chaque saveur fondamentale à une zone particulière de la langue, responsable de sa détection, le sucré sur la pointe, l’amer au fond, le salé sur les bords en avant, l’acide sur les bords en arrière. Cette cartographie des récepteurs de la langue est aujourd’hui remise en question. Perdre le bout de la langue n’empêche pas de distinguer le sucré du salé. Ces zones sont plus sensibles à certaines saveurs, mais elles ne sont pas les seules à les percevoir.
Des saveurs nuancées
Les saveurs fondamentales possèdent de nombreuses nuances. Il existe ainsi plusieurs goûts sucrés (par exemple celui du sucre de canne et celui de l’aspartame des produits allégés en sucre). De même, il existe plusieurs goûts amers. Différents récepteurs sensoriels peuvent être simultanément impliqués dans la perception d’une seule saveur et un même récepteur peut être sensible à la fois au sucré et au salé.
Des capacités olfactives variables selon les personnes
La capacité du nez à distinguer et à reconnaître les parfums varie avec le sexe et l’âge. Les femmes et les personnes jeunes sont avantagées. L’entraînement permet de développer cette capacité. Pour améliorer leur perception, les dégustateurs de vin exposent régulièrement leurs cellules olfactives à des extraits de fleurs, de fruits ou d’épices correspondant aux parfums que l’on retrouve dans les vins.
Le goût est-il inné ? |
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La sensibilité aux saveurs est en partie génétique. On a récemment découvert sur le chromosome 7 le gène de la sensibilité à l’amertume du brocoli ! Les personnes hypersensibles à cette substance (le 6-N-propylthiouracil) n’apprécient pas le goût du café, du thé vert, du piment, du pamplemousse, des aliments trop gras ni celui de la nicotine. Le gène responsable existe sous cinq formes différentes entraînant une sensibilité variable. En dehors de l’héritage génétique, les goûts sont façonnés par nos expériences familiales et culturelles. Le sens du goût se construit dès la petite enfance, et le meilleur moyen de l’éduquer chez un enfant, est de lui proposer une alimentation variée et différenciée dès que cela est recommandé. |
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