Mise à jour : 20 août 2012
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Près de la moitié des médicaments que nous utilisons est indirectement issue de la recherche sur les plantes, et le quart renferme des extraits de plantes ou des molécules actives provenant directement des plantes. Aujourd’hui encore, l’étude des plantes est utile dans la recherche incessante de nouveaux traitements.

Le travail actuel de collecte de plantes médicinales

Avec plusieurs centaines de milliers d’espèces différentes, la nature constitue un immense gisement de molécules actives d’origine végétale dont la richesse est loin d’avoir été totalement inventoriée. Aujourd’hui, les ressources thérapeutiques végétales font l’objet d’une recherche systématique.

Sur les centaines de milliers d’espèces végétales que compte la flore mondiale, seules 250.000 environ ont été décrites et répertoriées ; à peine 2.000 à 3.000 d’entre elles ont fait l’objet d’études scientifiques, chimiques ou pharmacologiques. Beaucoup d’espèces, en particulier celles qui poussent dans les forêts d’Afrique équatoriale, d’Asie du Sud-Est, d’Amérique du Sud ou dans les îles du Pacifique, nous sont encore inconnues. L’énorme travail de collecte à réaliser pour pouvoir bénéficier du potentiel thérapeutique des plantes est confié à des équipes d’ethnobotanistes et d’ethnopharmacologues.

Plusieurs façons de procéder sont possibles. La collecte, large et systématique, pratiquée au hasard, permet de rapporter un maximum d’échantillons qui passent ensuite par des robots d’analyse. Certaines grandes sociétés pharmaceutiques possèdent des machines capables de tester jusqu’à 100.000 échantillons par jour. Toutefois, cette méthode est laborieuse, et les résultats aléatoires.

Il est possible également d'effectuer des recherches systématiques sur les espèces d'une famille connue pour renfermer des substances actives précises. Mais le plus souvent, l'ethnobotaniste débute sa prospection en recueillant auprès des populations autochtones, notamment les guérisseurs, toutes les informations possibles sur leurs usages traditionnels afin d'inventorier les plantes qui guérissent. Il sélectionne alors les plantes intéressantes, note le nom qui leur est donné, les parties employées, les vertus qui leur sont attribuées, etc.

Un long travail d’analyse et d’études cliniques pour les plantes médicinales

analyse de plante

À partir des échantillons dûment collectés et identifiés par les ethnobotanistes, les chimistes réalisent des extraits de la matière brute afin d’isoler les constituants chimiques de la plante, purs ou mélangés. Pour définir leur activité pharmacologique et établir leur éventuelle toxicité, ces extraits sont testés sur des cellules en culture et chez l’animal. À ce stade, la sélection est sévère, puisqu’en moyenne une molécule sur 10.000 composés analysés est retenue.

Ensuite, de très longues études cliniques sont entreprises, sur l’animal dans un premier temps, puis sur des personnes volontaires. Si les résultats sont positifs, le travail galénique peut commencer ; il s’agit de déterminer la forme médicamenteuse (solution injectable, gélules, comprimés, etc.) sous laquelle la substance active sera employée et commercialisée. La demande d’autorisation de mise sur le marché (AMM) constitue la dernière étape majeure pour le laboratoire pharmaceutique.

Entre la collecte en forêt et la commercialisation, il s’écoule le plus souvent de 12 à 15 ans.

La recherche actuelle sur les plantes médicinales

Aujourd’hui, les plantes sont présentes dans toute la recherche pharmacologique contemporaine. Ce sont les « métabolites secondaires » qui intéressent particulièrement la recherche : des substances que la plante produit pour contrôler son environnement, survivre et se reproduire. Certains de ces métabolites, par exemple, sont capables d’éloigner les insectes.

D'autres, telles les phéromones sexuelles synthétisées par des orchidées, attirent les insectes pollinisateurs. D'autres encore, comme la juglone produite par le noyer, inhibent la croissance des autres plantes dans un large périmètre autour du tronc. On a déjà recensé plus de 200.000 métabolites secondaires et, du fait de leurs structures chimiques à la fois complexes et diversifiées, ils pourraient être utilisés dans de nombreux médicaments.

Phytothérapie et paludisme

La plupart des souches de Plasmodium, parasites responsables du paludisme, sont devenues résistantes aux antipaludéens de synthèse développés entre 1930 et 1970 sur le modèle de la quinine. Une armoise issue de la médecine traditionnelle chinoise, le qing-hao ou Artemisia annua, utilisée pour combattre la fièvre, a donné naissance à une nouvelle classe de médicaments antipaludéens qui sont aujourd’hui employés sur tous les continents, notamment en Afrique et dans le Sud-est asiatique.

Phytothérapie et cancer

De nombreux médicaments de chimiothérapie anticancéreuse sont issus de la recherche sur les plantes. Par exemple, les médicaments obtenus à partir de dérivés synthétisés de la pervenche de Madagascar (Catharanthus roseus) ont permis de transformer l’espérance de vie de patients atteints de la maladie de Hodgkin ou de leucémie aiguë.

De la même manière, un composé isolé dans les aiguilles de l’if d’Europe (Taxus baccata) est aujourd’hui employé avec succès dans le traitement de certains cancers du sein et de l’ovaire. Le rhizome de la podophylle (Podophyllum peltatum), une petite plante herbacée qui pousse dans les forêts de l’Est canadien, fournit des molécules au pouvoir anticancéreux proche de celui des alcaloïdes de la pervenche de Madagascar.

Une substance extraite de Camptotheca acuminata, un arbre du sud de la Chine, a donné naissance à deux médicaments de synthèse utilisés dans le traitement de certains cancers.

Enfin, une spécialité anticancéreuse à base d’acronycine, obtenue à partir d’un arbuste australien, Sarcomelicope simplicifolia, fait actuellement l’objet d’essais cliniques.

La biodiversité végétale en danger
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'inquiète de la multiplication des projets de prospection des ressources végétales dans le monde entier. En effet, ceux-ci pourraient peser sur la biodiversité du fait du pillage des matières premières, sans respect des droits des populations autochtones sur les plantes de leur environnement.
Il est donc urgent de réaliser un inventaire le plus exhaustif possible des espèces végétales de la planète tout en veillant à la préservation des flores locales. Des accords sont signés dans ce sens entre certains gouvernements et des entreprises pharmaceutiques. En échange de l'accès aux ressources génétiques de la flore indigène, le laboratoire verse une fraction des bénéfices à des organismes nationaux de recherche et de conservation de la flore, ou à des communautés autochtones.
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