Mise à jour : 22 décembre 2017
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Portant le même nom qu’une boisson alcoolisée, l’absinthe est une plante à la réputation sulfureuse. En phytothérapie, elle est traditionnellement utilisée pour stimuler l’appétit, favoriser la production de bile et soulager les digestions difficiles. L’absinthe contient de la thuyone, une substance toxique qui en limite l’usage.

Origine et usages de l'absinthe

absinthe

L’absinthe (Artemisia absinthium) pousse dans les zones tempérées d’Europe, d’Amérique et d’Asie. Au moment de la floraison, on en récolte les feuilles et les sommités fleuries pour les faire sécher. Pendant longtemps, la poudre d’absinthe a été mélangée à l’encre des copistes pour protéger les manuscrits contre les attaques des insectes mangeurs de papier. L’absinthe a également servi à la fabrication d’une boisson alcoolisée très populaire au XIXe siècle, dont l’usage abusif provoquait des hallucinations, de la démence et des convulsions. Depuis 2005, les alcools à base d’absinthe sont de nouveau autorisés à la vente à condition de contenir moins de 35 mg de thuyone par litre.

En phytothérapie, l’absinthe est utilisée pour ouvrir l’appétit et aider les digestions difficiles. En application locale, elle est proposée pour aider à la cicatrisation des plaies.

Les autres usages traditionnels de l’absinthe
L’absinthe a également été utilisée comme sédatif, ainsi que pour faire baisser la fièvre, éliminer les vers intestinaux et lutter contre l’anémie.

Comment l'absinthe agit-elle ?

L’absinthe contient des substances amères (lactones sesquiterpéniques, par exemple absinthine et artabsine) qui, comme toutes les substances de ce type, stimulent l’activité de l’estomac de manière réflexe. De plus, l’absinthe contient des huiles essentielles qui renferment de la thuyone, une substance qui provoque des convulsions lors de surdosage. L’absinthe contient également des tanins et de la vitamine C.

Quelques autres plantes utilisées pour stimuler l'appétit
La phytothérapie traditionnelle utilise également les plantes suivantes pour lutter contre la perte d’appétit :
  • Fenugrec (Trigonella foenum-graecum)
  • Gentiane (Gentiana lutea)
  • Houblon (Humulus lupulus)
  • Quinquina (Cinchona officinalis)

Quelle efficacité pour l'absinthe ?

Des études portant sur des sujets sains et des patients atteints de maladies du foie ont montré que l’absinthe stimule la sécrétion de sucs digestifs par l’estomac et la production de bile par le foie (ainsi que sa sécrétion dans l’intestin). Chez le rat, l’absinthe a des effets sédatifs marqués.

Une petite étude contrôlée contre placebo chez une quarantaine de personnes souffrant de maladie de Crohn (inflammation chronique du côlon) a montré que l’administration d’absinthe pendant dix semaines diminuait le recours aux corticoïdes (le traitement habituel de cette maladie). Enfin, quelques études ont montré une certaine efficacité de l’absinthe contre le paludisme. Une plante voisine, l’armoise annuelle (Artemisia annua), est récemment devenue un traitement reconnu de cette maladie.

Les autres propriétés supposées de l’absinthe n’ont pas été démontrées et reposent sur la tradition.

Ce qu’en pensent les autorités de santé

... l’EMA

L’Agence européenne du médicament considère comme « traditionnellement établi » l’usage de l’absinthe contre « la perte d’appétit temporaire et les problèmes digestifs légers ». L’EMA recommande un traitement d’une durée maximale de deux semaines.

... la Commission E

La Commission E du ministère de la Santé allemand reconnaît l’usage de l’absinthe « contre la perte d’appétit, les digestions difficiles et les problèmes de vidange de la vésicule biliaire ». Elle recommande un traitement d’une durée maximale de trois à quatre semaines.

... l’ESCOP

La Coordination scientifique européenne en phytothérapie reconnaît l’usage de l’absinthe contre « la perte d’appétit, par exemple après une maladie, et les digestions difficiles ».

Comment utiliser l'absinthe ?

Formes et dosage de l'absinthe

Les infusions d’absinthe se font avec un gramme de plante séchée dans une tasse d’eau bouillante, pendant dix minutes. La dose conseillée est de deux à trois tasses par jour, une demi-heure avant le repas (perte d’appétit) ou juste après (digestion difficile).

Contre-indications de l'absinthe

L’absinthe est contre-indiquée chez les personnes qui souffrent d’obstruction des voies biliaires (calculs), d’inflammation de la vésicule biliaire ou de maladie du foie. Elle est également contre-indiquée chez les personnes souffrant d’ulcère de l’estomac ou du duodénum, de reflux gastro-œsophagien, ainsi que chez les personnes épileptiques.

Effets indésirables et surdosage de l'absinthe

Les effets indésirables de l’absinthe sont surtout liés à la présence de thuyone qui, au-delà de 3 mg par jour, peut provoquer des vomissements, de la diarrhée, des vertiges et des convulsions. L’emballage des produits contenant de l’absinthe doit indiquer leur teneur en thuyone. L’huile essentielle d’absinthe, qui peut contenir jusqu’à 50 % de thuyone, ne doit jamais être utilisée.

Par son éventuel effet sur la vigilance, l’absinthe peut se révéler dangereuse pour les personnes qui conduisent des véhicules ou qui pilotent des machines-outils.

Interactions de l'absinthe avec d’autres substances

Du fait de son action éventuelle sur le système nerveux et de la présence de thuyone, l’absinthe pourrait interagir avec les médicaments de l’anxiété et des troubles du sommeil (benzodiazépines), ainsi que ceux de l’épilepsie et des troubles psychiques sévères (neuroleptiques). Les personnes qui prennent ces médicaments devraient s’abstenir d’utiliser l’absinthe.

De plus, les tanins présents dans l’absinthe peuvent bloquer l’absorption intestinale des suppléments de fer : ils doivent être pris une ou deux heures avant ou après l’absinthe.

Attention aux autres plantes qui contiennent de la thuyone (par exemple la sauge officinale, la tanaisie commune, Tanacetum vulgare, ou le thuya de Chine, Thuya orientalis) : prises en même temps que l’absinthe, elles peuvent entraîner un surdosage et des convulsions.

Absinthe, grossesse et allaitement

Selon l’Agence européenne du médicament, il est préférable de ne pas prendre d’absinthe pendant la grossesse et pendant l’allaitement.

L'absinthe chez les enfants

L’usage de l’absinthe chez les personnes de moins de dix-huit ans est déconseillé par l’Agence européenne du médicament.

L'avis du spécialiste sur l'absinthe

Depuis 2005, de nombreuses boissons alcoolisées à base d'absinthe sont proposées à la vente. Si elles ne semblent pas exposer les consommateurs aux dommages provoqués par l'absinthe au XIXe siècle, elles restent néanmoins des boissons alcoolisées et doivent être consommées avec modération. Les contre-indications signalées ci-dessus s'appliquent à ces boissons apéritives.

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