La dépression du post-partum (DPP) toucherait entre 10 et 20 % des mères, dans l’année suivant l’accouchement. En France, 2 mois après la naissance, elle concernerait une mère sur 6 et s’accompagnerait, pour une mère sur 20, d’idées suicidaires. Des symptômes anxieux seraient également présents chez au moins une mère sur 4. Dépister précocement la dépression du post-partum est une priorité de santé publique du fait des complications qu’elle peut avoir sur la mère et l’enfant.
La DPP survient généralement 2 à 3 mois après l’accouchement, donc beaucoup plus tardivement que le baby blues qui survient entre le 2e et le 5e jour après l’accouchement et dure tout au plus quelques jours. Elle peut se développer plus tard au cours de la première année après la naissance : on distingue ainsi une DPP « précoce » (avant la fin du 2e mois après la naissance) et une DPP « tardive » (du 3e au 12e mois après la naissance).
La DPP touche entre 10 à 20 % des mères mais semble également toucher les conjoints ou conjointes. Les mères dont c’est le premier enfant ne semblent pas davantage touchées : il est possible d’en souffrir après une ou plusieurs maternités vécues sans problèmes.
Les signes de la dépression du post-partum
Lors de DPP, aux symptômes habituels de la dépression s’ajoutent des symptômes en lien avec la maternité : absence d’intérêt pour le nourrisson, réduction des échanges visuels et vocaux avec lui (dont les sourires), sentiment de dévalorisation (impression d’être une « mauvaise mère »), culpabilité, anxiété intense, en particulier pour la santé de l’enfant. Les symptômes sont souvent plus intenses le soir. Lorsqu’elle est sévère, la DPP peut engendrer des idées suicidaires pouvant inclure l’enfant.
Parce que certains symptômes peuvent être faussement attribués à l’arrivée d’un nourrisson (en particulier la fatigue, les troubles du sommeil ou l’anxiété), et parce que reconnaître que l’on est triste et indifférente après une naissance est difficile, la DPP est souvent passée sous silence par la mère qui en souffre. Lorsque les signes sont discrets, l’entourage ne les identifie pas comme des symptômes de dépression.
La dépression du post-partum est-elle fréquente ?
Dans l’enquête nationale périnatale menée en 2021 en France, 17 % des mères interrogées souffraient de DPP avérée 2 mois après l’accouchement. De plus, 13 % présentaient des signes de dépression modérée. Concernant l’anxiété, 28 % des mères présentaient des symptômes anxieux, mais ce pourcentage était de 83 % chez les mères souffrant de DPP. Enfin, 5 % des mères interrogées signalaient des idées suicidaires (23 % chez les mères souffrant de DPP).
Ainsi, 2 mois après l’accouchement, une mère sur 4 souffre d’anxiété, une mère sur 6 de DPP et une mère sur 20 a des idées suicidaires.
Quels sont les facteurs de risque de la dépression post-partum ?
Certains facteurs de risque augmentent le risque de développer une DPP :
- l’absence de soutien du conjoint pendant la grossesse et après l’accouchement et, plus globalement, l’insatisfaction conjugale pendant ces périodes ;
- l’absence de soutien de l’entourage (les « mamans solo » isolées sont particulièrement à risque, en particulier celles qui sont économiquement précaires) ;
- des antécédents dépressifs, en particulier pendant la grossesse ;
- un événement stressant survenu pendant la grossesse ou après l’accouchement (décès d’un proche, licenciement, etc.) ;
- une vulnérabilité vis-à-vis de l’image sociale de la maternité idéale, qui se heurte à une réalité plus prosaïque ;
- un nourrisson qui présente des comportements atypiques (peu tonique, peu réactif, peu vigilant).
Par ailleurs, des dérèglements hormonaux sont parfois identifiés chez les mères qui souffrent de DPP (hypothyroïdie, taux sanguin de progestérone élevé, taux sanguin de prolactine anormalement bas), sans qu’on sache s’ils contribuent à la DPP ou s’ils en sont une conséquence.
Récemment, une étude danoise a suggéré que les femmes ayant souffert de dépression après avoir commencé la prise d’un contraceptif hormonal présentent un risque de DPP légèrement plus élevé.
Comment soigne-t-on la dépression du post-partum ?
Les recommandations actuelles en termes de traitement de la DPP sont la prescription d’une psychothérapie (de soutien ou thérapie cognitive et comportementale) associée le plus souvent à un traitement médicamenteux (antidépresseur).
Pourquoi est-il aussi important de dépister la dépression du post-partum ?
Une DPP qui n’est pas prise en charge médicalement représente un danger pour la mère comme pour l’enfant : risque aggravé de développer une dépression dans les années qui viennent pour la mère comme pour l’enfant, mais aussi, pour ce dernier, troubles alimentaires et du sommeil et troubles du développement social, émotionnel et cognitif.
Depuis le 1er juillet 2022, pour mieux accompagner les jeunes mères dans les semaines qui suivent la naissance, un entretien postnatal précoce leur est proposé systématiquement. Il peut être réalisé par une sage-femme ou un médecin entre la 4e et 8e semaine après l'accouchement. L’objectif de cet entretien est :
- de repérer les premiers signes de la DPP ;
- d’identifier d’éventuels facteurs de risques qui exposent les parents à cette dépression ;
- d'évaluer les éventuels besoins de la femme ou du couple en termes d'accompagnement.
Le professionnel de santé peut proposer un deuxième entretien entre la 10e et la 14e semaine qui suivent l'accouchement, afin de continuer l’accompagnement s’il le juge nécessaire ou à la demande du ou des parents. Le coût de ces entretiens est pris en charge par l’Assurance maladie à hauteur de 70 %.
De plus, le site « Nos 1000 premiers jours » propose aux mères 10 questions en ligne pour faire rapidement le point sur leur bien-être émotionnel. Si leurs réponses suggèrent un mal-être, un rendez-vous (téléphonique ou par SMS) avec une infirmière spécialisée en périnatalité est systématiquement proposé.
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