
Jean-Marc Ayrault, Marisol Touraine et Geneviève Fioraso (photo : Pierre Chabaud / Matignon)
Une "médecine de parcours" pour améliorer l'efficience du système
En présence de la ministre de la santé Marisol Touraine et de Geneviève Fioraso, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, Jean-Marc Ayrault a tout d'abord déploré les inégalités d'accès aux soins, qui font courir le risque "de se voir développer une médecine à deux vitesses" : "offre pointue et complète" pour les plus riches, "service minimum pour les autres".
Pour lutter contre ces dérives, le Premier Ministre souhaite engager une réforme de fond qui permettra en particulier d'élaborer une "médecine de parcours", par opposition à une médecine basée sur une succession d'actes ponctuels. Cela passera par un recentrage sur le médecin généraliste et le renforcement de la coordination, ce qui implique de "revoir nos modes de financement pour inciter au travail collectif".
Mr Ayrault souhaite aussi accentuer la lutte contre les déserts médicaux (voir notre article sur les propositions du Sénat) et développer l'e-santé et la télémédecine (pour laquelle les actes ne sont toujours pas codifiés).
La recherche médicale, la prévention et les systèmes de vigilance devraient être renforcés
Pour le Premier Ministre, "la recherche médicale sera l'une des priorités du prochain agenda stratégique de la recherche". Il déplore également la faible partie des dépenses de santé allouées à la prévention (2 %) et remarque que "l'attente est forte" sur l'amélioration des systèmes de sécurité et de vigilance.
Enfin Mr Ayrault souhaite que l'Etat améliore l'organisation de l'administration de la santé, qui comporte "une myriade d'agences sanitaires et de caisses".
Une stratégie nationale de santé étayée par un "comité des sages"
Comment prioriser et organiser ces pistes de réformes ? En élaborant une nouvelle stratégie nationale de santé abordant tous les sujets évoqués ci-dessus, et d'autres bien sûr. Cette stratégie s'appuiera sur les analyses et recommandations d'un nouveau comité, appelé "comité des sages".

Il est à noter qu'il n'y a pas de médecin libéral installé en cabinet individuel dans ce comité, alors que ces professionnels de santé sont profondément éprouvés par les défaillances du système, à tel point que de moins en moins de jeunes généralistes s'installent. Il n'y a pas non plus de patients ou représentants dans ce comité, bien que Mr Ayrault ait affirmé dans son discours vouloir "mieux associer les patients aux politiques de santé que nous menons".
Vers une loi de santé publique en 2014 pour des effets à moyen terme
Les recommandations de ce comité et les analyses du gouvernement aboutiront à une réforme structurelle de notre système de santé. Il y aura donc une nouvelle loi de santé publique en 2014, 5 ans après celle portée par Roselyne Bachelot en 2009 (loi "Hôpital, Patients, Santé et Territoires").
Mais le Premier Ministre avertit d'ores et déjà "que cela ne sera pas l'oeuvre de quelques mois, mais des cinq ans et je dirais même voire plus, peut-être des dix ans à venir si nous voulons pleinement réussir".
La CSMF et MG France souhaitent des mesures rapides
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Le syndicat MG France approuve la nécessité d'une réorganisation du système, qui devrait être moins hospitalo-centrée. Mais pour le syndicat de médecins généralistes, le recentrage sur les soins primaires implique des rémunérations à la hauteur ("forfait médecin traitant") pour assurer tous les services nécessaires : soins de proximité, mais aussi dépistage, prévention, éducation à la santé et suivi des pathologies chroniques.
Quant à la Fédération des Médecins de France, elle souligne dans un communiqué "que c'est la médecine libérale qui est désertée et que le véritable problème d'accès aux soins sera de trouver dans les 5 ans qui viennent un médecin libéral y compris en ville".
Les demandes tarifaires, réitérées depuis des années, de réévaluation de la consultation en secteur 1, de forfaits pour l'accompagnement du patient (voire pour la télémédecine) et l'amplification des mesures incitant à l'installation en zones difficiles seront-elles entendues ? Au-delà de ces demandes, les syndicats seront-ils consultés par le "comité de sages" sur l'élaboration de cette nouvelle stratégie nationale de santé ?
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Jean-Philippe Rivière
Sources :
- "Discours du Premier ministre Jean-Marc Ayrault sur la stratégie nationale de santé à l'occasion de son déplacement à Grenoble", 8 février 2013, transcription sur le site gouvernement.fr
- "Visite du Premier ministre au CHU de Grenoble", gouvernement.fr, 8 février 2014
- "Stratégie nationale de santé - Pour la CSMF, la stratégie c'est bien, les actes, c'est mieux", communiqué de la CSMF, 8 février 2013
- "« Stratégie nationale de santé » présentée par Jean-Marc Ayrault à Grenoble : un recentrage sur les soins primaires qui nécessite une réallocation des ressources", communiqué de MG France, 8 février 2013
- "La Santé n'inspire décidément pas les hommes politiques", communiqué de la FMF, 10 février 2013
Photos :
- Jean-MArc Ayrault, Marisol Touraine et Geneviève Fioraso, photo de Pierre Chabaud / Matignon
- Alain Cordier, cliché publié sur le site de la Haute Autorité de Santé
Sources
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