
La vaccination ne dispense pas des mesures de protection contre les piqûres de moustique.nechaev-kon / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images
Saisie par le ministère de la Santé, la Haute Autorité de santé (HAS) s'est positionnée en faveur d'une vaccination contre le chikungunya avec le vaccin IXCHIQ, à La Réunion et à Mayotte. Dans ces territoires, elle recommande la mise en œuvre d'une stratégie vaccinale réactive visant à prévenir la survenue de formes graves chez les populations à risque [1, 2].
Pour définir sa recommandation, la HAS a pris en compte différents paramètres :
- les données épidémiologiques (cf. Encadré) ;
- les données relatives aux formes graves et aux formes chroniques ;
- les données d'efficacité et de sécurité du vaccin IXCHIQ ;
- le nombre de doses du vaccin IXCHIQ mobilisables à court et moyen termes.
Selon le bulletin Santé Publique France du 5 mars [3] :
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Priorité à la population cible, et à La Réunion
Dans son avis du 27 février 2025, la HAS recommande de vacciner avec IXCHIQ par ordre de priorité :
- les 65 ans et plus, notamment celles avec des comorbidités (hypertension artérielle, diabète, maladies cardiovasculaires, respiratoires, rénales, hépatiques et neurovasculaires) ;
- les 18 à 64 ans avec comorbidités ;
- les professionnels de la lutte antivectorielle, en raison du rôle indispensable dans la gestion de l’épidémie et de leur exposition particulière aux moustiques.
Au sein de cette population cible (à risque de forme grave), compte tenu de la persistance très prolongée de l’immunité naturelle conférée par une infection antérieure, et du nombre limité de doses de vaccin disponibles, la HAS recommande de vacciner en priorité les personnes n’ayant jamais eu par le passé de diagnostic clinique ou biologique d’infection par le virus du chikungunya (sur la base de l’interrogatoire du patient), sans toutefois recommander un dépistage prévaccinal.
En l’absence de cas notifié à ce jour à Mayotte, la HAS préconise d’appliquer dans un premier temps cette stratégie à La Réunion.
Même après la vaccination, les mesures de lutte antivectorielle sont à appliquer
« La lutte antivectorielle reste le moyen de prévention essentiel », insiste la HAS.
En outre, le vaccin IXCHIQ ne protège que contre l'infection chikungunya ; il ne protège pas contre les autres maladies transmises par le moustique tigre.
Même vaccinées, les personnes doivent continuer à appliquer des mesures de protection individuelle pour se prémunir contre les piqûres de moustiques, notamment l'application de répulsifs, le port de vêtements longs et l'utilisation de moustiquaires.
Femmes enceintes, personnes immunodéprimées : ne pas utiliser IXCHIQ
La HAS ne recommande pas, à ce stade, l'utilisation du vaccin IXCHIQ chez la femme enceinte.
IXCHIQ étant un vaccin vivant atténué, la HAS rappelle que ce vaccin est contre-indiqué chez les personnes immunodéprimées.
L'âge, un facteur de risque de forme grave de chikungunya
Les données analysées par la HAS montrent que l’âge constitue le principal facteur de risque de gravité :
- plus de la moitié des cas graves concernent en effet des patients de 65 ans et plus ;
- les formes chroniques de la maladie sont également liées à l’âge et à la présence d’arthralgies préexistantes.
Un vaccin avec un profil de sécurité satisfaisant
Le vaccin IXCHIQ poudre et solvant pour solution injectable est commercialisé depuis fin 2024 en France (cf. notre article du 14 novembre 2024 et la monographie VIDAL d'IXCHIQ).
« IXCHIQ est le premier vaccin disposant d'une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour la prévention de la maladie causée par le virus du chikungunya (CHIKV) chez les personnes âgées de 18 ans et plus », souligne la HAS.
Il confère une réponse immunitaire protectrice chez 98,2 % des personnes vaccinées, dont la durée est prolongée (au moins deux ans).
Les principaux effets indésirables sont des signes généraux de courte durée (fièvre, céphalées, asthénie, myalgies), pouvant parfois mimer une infection à chikungunya (syndrome dit « CHIK-like »).
La tolérance du vaccin est considérée comme satisfaisante.
La HAS estime que « les résultats disponibles sont suffisants pour le recommander à des populations à risque de formes graves et/ou chroniques, pour lesquelles le bénéfice attendu est important ». En population générale, elle souligne la nécessité de conduire rapidement des études en vie réelle permettant de documenter l’efficacité et la sécurité du vaccin IXCHIQ.
À ce jour, IXCHIQ n'est pas remboursable. La Commission de la transparence (CT) n'a pas émis d'avis médico-économique sur ce vaccin.
Une réévaluation de la stratégie pour intégrer un deuxième vaccin
La HAS prévoit d'examiner prochainement les données d'efficacité et de sécurité d'un deuxième vaccin, VIMKUNYA, non encore commercialisé en France.
En parallèle, des travaux vont être engagés dans les prochains mois pour établir une stratégie vaccinale globale de lutte contre les épidémies de chikungunya.
[1] Communiqué de presse : Épidémie de chikungunya : quelle stratégie vaccinale à La Réunion et à Mayotte ? (HAS, 5 mars 2025)
[2] Avis – Utilisation du vaccin IXCHIQ dans le contexte épidémique de chikungunya à la Réunion et à Mayotte (HAS, 27 février 2025)
[3] Chikungunya et dengue à La Réunion - Bulletin du 5 mars 2025 : points clés (Santé publique France, 5 mars 2025)
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