#Santé publique #Santé #Enfant #Recommandations

Recrudescence de la rougeole : la DGS préconise une vigilance renforcée

Compte tenu de la forte contagiosité de la rougeole et d'une diffusion possible sur le territoire national au cours des prochaines semaines, un DGS-Urgent appelle à une vigilance renforcée des professionnels de santé et de la petite enfance concernant cette maladie.

1
2
3
4
5
4,0
(4 notes)
Publicité
Le virus très contagieux persiste jusqu’à 2 heures dans l’air et/ou sur les surfaces.

Le virus très contagieux persiste jusqu’à 2 heures dans l’air et/ou sur les surfaces.monkeybusinessimages / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images

La direction générale de la Santé (DGS) a émis une alerte DGS-Urgent [1] appelant à une vigilance renforcée concernant une recrudescence des cas de rougeole en France, en Europe et dans le monde depuis 2023. Pour rappel, 10,3 millions de personnes ont été infectées dans le monde en 2023 : ce qui représente une augmentation de 20 % par rapport à 2022.

Aux États-Unis, l’épidémie de rougeole continue de s’étendre avec le signalement le 7 mars 2025 de 198 cas dans l’État du Texas, 30 cas au Nouveau-Mexique, ainsi que le décès d’un adulte et d’un enfant non vaccinés.

En France, plusieurs dizaines de cas ont été recensées depuis le début de l’année (cf. Encadré - EDIT du 21 mars 2025). En particulier des cas liés à une importation à la suite d'un séjour au Maroc qui connaît actuellement une épidémie de grande ampleur.

La situation épidémiologique récente fait craindre une propagation plus large sur le territoire national dans les semaines à venir. Une couverture vaccinale élevée de la population, y compris des professionnels de santé et de ceux en contact avec des enfants, est essentielle pour limiter la circulation du virus et protéger les populations les plus vulnérables.

Détection précoce, signalement, isolement : les bons réflexes !

Le diagnostic doit être évoqué, quel que soit le statut vaccinal, en cas de signes cliniques évocateurs (fièvre ≥ 38,5 °C, éruption maculopapuleuse et au moins un des signes suivants : conjonctivite, rhinite, toux, Koplik). Puis le diagnostic est impérativement confirmé biologiquement par :

  • prélèvement oropharyngé de préférence et RT-PCR : ARN viral détectable quelques jours avant l’éruption et jusqu’à 10 jours après ;
  • recherche d’IgM salivaire ou sérique à partir du 3e jour après le début de l’éruption.

Tout cas cliniquement évocateur (y compris avant les résultats biologiques) doit :

  • faire l’objet d’un signalement rapide à l’agence régionale de santé (ARS) ;
  • être accompagné de l’envoi de la fiche de déclaration obligatoire (qui pourra être complétée plus tard si besoin).

Les patients suspects doivent être isolés (notamment en salle d’attente dans un cabinet médical ou dans un établissement de santé) avec éviction pendant la période de contagiosité (5 jours avant l’apparition de l’éruption jusqu’à 5 jours après).

Prise en charge des cas contacts

Le statut vaccinal de toute personne en contact avec un cas doit être vérifié avec mise à jour des vaccinations le cas échéant. Cette vaccination, si elle est réalisée dans les 72 heures qui suivent un contact avec un cas, peut éviter la survenue de la maladie. Elle reste préconisée même si ce délai est dépassé.

Il faut s’assurer que les personnes nées après 1980 ont bien reçu :

  • deux doses de vaccins contre la rougeole (à au moins un mois d’intervalle) ;
  • trois doses si la vaccination a été initiée avant 12 mois (cf. notre article du 4 juin 2025).

Parmi les contacts d’un cas, il faut identifier des personnes à risque de forme grave (nourrissons de moins de 12 mois, personnes immunodéprimées, femmes enceintes) et leur proposer une prophylaxie postexposition :

  • soit avec une dose du vaccin trivalent rougeole-oreillons-rubéole ROR à réaliser dans les 72 heures chez les nourrissons de 6 à 11 mois révolus ;
  • soit avec l’administration d’immunoglobulines polyvalentes lors d’une prise en charge hospitalière dans les autres cas de figure (cf. notre article du 5 avril 2025).

Mesures pour la population générale et les professionnels

En routine, quel que soit le motif de consultation des patients, leur statut vaccinal contre la rougeole doit être vérifié et un rattrapage vaccinale réalisé le cas échéant selon les recommandations du calendrier des vaccinations (en respectant les contre-indications du vaccin trivalent ROR). Rappelons que la vaccination contre la rougeole est obligatoire pour tous les enfants nés depuis le 1er janvier 2018.

Les professionnels de santé et ceux travaillant au contact d’enfants, nés après 1980, doivent être vaccinés. De plus, ceux nés avant 1980, sans antécédent de rougeole, et jamais vaccinés, doivent recevoir une dose de vaccin ROR.

Pour les voyageurs

En plus des recommandations du calendrier vaccinal en vigueur pour les personnes nées depuis 1980 et âgées d’au moins 12 mois, des recommandations aux voyageurs prévoient, en cas de voyage en pays d’endémie ou en phase d’épidémie, l’administration d’une dose de vaccin ROR pour les nourrissons dès l’âge de 6 mois, ainsi que pour les personnes nées avant 1980 non-protégées contre la rougeole.

Un vaccin efficace

Rappelons que le meilleur moyen de se protéger contre la rougeole est d'être vacciné et que, grâce à la vaccination, les décès par rougeole dans le monde ont chuté de près de 62 % entre 2000 et 2019.

EDIT du 21 mars 2025 – Encadré - Rougeole en France en 2025 : Qui est touché ? Quelle gravité ?
d'après Rougeole en France. Bulletin du 20 mars 2025 de Santé publique France – FIN EDIT du 21 mars 2025   

Au total, 180 cas de rougeole ont été déclarés entre le 1er janvier et le 14 mars 2025 en France (soit un peu plus du double qu’en 2024 : n = 83).

  • Dans près de la moitié des cas (49 %), sont concernés : 
    • des enfants de moins de 5 ans (< 1 an [14 %] et 1-4 ans [21 %]),
    • des adultes de 30-39 ans (14 %).
       
  • Dans près de la moitié des cas (45,6 %), une hospitalisation a été nécessaire dont 6 cas en réanimation (7,3 %).
     
  • Dans 1 cas sur 5 (n = 35 ; 19,5 %), une complication a été rapportée dont :
    • une pneumopathie (n = 20 ; 57 %),
    • une encéphalite (n = 1 ; 2,8 %).
       
  • Dans près de 8 cas sur 10 (77 %), les formes compliquées ont touché :
    • des adultes de 30 à 39 ans (14 %) et de plus de 40 ans (25,7 %) ;
    • des jeunes enfants de moins de 1 an (20 %) et de 5 à 9 ans (17 %).
       
  • Dans 7 cas sur 10 sont survenus (70,5 %) chez des sujets non ou incomplètement vaccinés :
    • la moitié non vaccinée (n = 87 ; 48,3 %),
    • près d'un quart avec seulement une dose (n = 40 ; 22,2 %).
       
  • Dans 1 cas sur 5 (n = 36 ; 20 %), il s’agissait de cas importés (notion d’un séjour à l’étranger pendant les 7 à 18 jours qui précédaient l’éruption) dont plus de la moitié en provenance du Maroc (n = 22 ; 61 %).
     
  • Plus de la moitié des cas déclarés concernait 5 départements :
    • le Nord (n = 55),
    • le Val-d’Oise (n = 15),
    • les Bouches-du-Rhône (n = 13),
    • l’Ain (n = 9),
    • les Alpes-Maritimes (n = 9).
       
  • Aucun cas n’a été rapporté en outre-mer.
Sources

Commentaires

Ajouter un commentaire
En cliquant sur "Ajouter un commentaire", vous confirmez être âgé(e) d'au moins 16 ans et avoir lu et accepté les règles et conditions d'utilisation de l'espace participatif "Commentaires" . Nous vous invitons à signaler tout effet indésirable susceptible d'être dû à un médicament en le déclarant en ligne.
Pour recevoir gratuitement toute l’actualité par mail Je m'abonne !
Presse - CGU - Conditions générales de vente - Données personnelles - Politique cookies - Mentions légales