Compléments alimentaires contenant Garcinia cambogia déconseillés pour tout le monde

Dans un avis émis en février 2025 et publié en mars [1, 2], l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) recommande de ne pas consommer de compléments alimentaires à base de Garcinia cambogia Desr. (cf. Encadré).

Un profil de toxicité passé à la loupe

Les signalements d'effets indésirables survenus après la consommation de cette plante sous forme de complément alimentaire ont conduit l'Anses à réaliser une analyse globale des données issues des systèmes français de vigilance (nutrivigilance, pharmacovigilance et toxicovigilance) et des données européennes et internationales : 

• signalements de nutrivigilance : 38 déclarations d’effets indésirables susceptibles d’être liés à la consommation de compléments alimentaires contenant du Garcinia cambogia Desr. (ou Garcinia gummi-gutta, les noms scientifiques complets ne sont jamais indiqués sur l’étiquetage des produits impliqués) ont été enregistrées entre 2009 et 2024. Les effets recensés sont principalement hépatiques, cardiovasculaires et digestifs. Ces cas (profil du consommateur, nom commercial du produit consommé, effet indésirable, imputabilité et sévérité) sont présentés dans un tableau (pages 14 à 17 de l'avis de l'Anses) ; 
• signalements de pharmacovigilance et de toxicovigilance : ils sont présentés en page 20 (tableau 4) et en page 22 (tableau 5) ;
• les cas rapportés au niveau européen auprès de l'Efsa sont présentés dans le tableau 6 (pages 24 à 26) et les cas issus de la littérature internationale (notamment États-Unis et Canada) dans le tableau 9 (pages 29 à 32).

Des atteintes principalement hépatiques, psychiatriques, digestives, cardiaques et musculaires

Les principaux effets indésirables rapportés après consommation de Garcinia cambogia Desr. sont des atteintes hépatiques, psychiatriques, digestives, cardiaques et musculaires (cf. Illustration) : 

• effets indésirables hépatiques : des hépatites majoritairement de type cytolytique (86 %) dont 1 cas d’hépatite fulminante mortelle ;
• effets indésirables psychiatriques : psychoses, troubles bipolaires (tableau 10 pages 38 à 39) ; 
• atteintes cardiovasculaires : cardiomyopathies, myocardite à cellules géantes ; 
• atteintes digestives : pancréatite aiguë et acidocétose diabétique ; 
• atteintes musculaires : rhabdomyolyse ; 
• atteintes métaboliques : hypoglycémie ; 
• autres types d’atteintes : trouble oculaire.

Illustration - Occurrence de cas analysables par niveau d'imputabilité et type d'effet (cf. Figure 6 page 18 [2])

Un risque d'interaction avec les médicaments

L’Agence a identifié également plusieurs interactions médicamenteuses de nature à entraîner une augmentation des effets indésirables ou une perte d’efficacité des médicaments par action :

• sur la glycoprotéine-P (P-gp) ;
• sur les mono-oxygénases à cytochrome P450 ;
• sur les récepteurs nucléaires Pregnane Xenobiotic Receptor (PXR) et Aryl Hydrocarbon Receptor (AHR).

Ces interactions sont résumées dans le tableau 11 page 46 de l'avis de l'Anses. 

Tous les consommateurs exposés

L'analyse de l'Anses montre qu'il n'y a pas de profil de consommateurs plus à risque de développer des effets indésirables après la consommation d'un complément alimentaire à base de Garcinia cambogia Desr. : « Ces effets peuvent se manifester chez des personnes ayant des antécédents de troubles psychiatriques, de pancréatite ou d’hépatite, ou atteintes de certaines maladies cardiométaboliques comme le diabète, l’obésité, l’hypertension (...). Néanmoins, des effets sévères ont également été signalés chez des consommateurs sans aucun antécédent médical ».

C'est la raison pour laquelle l'Anses déconseille la consommation de ces produits à l'ensemble de la population. 

En France, 340 produits contiennent du Garcinia cambogia Desr.

Des incohérences à corriger

L'Anses pointe du doigt des incohérences réglementaires concernant cette plante.

En France tout d'abord, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a interdit en 2012 « l’importation, la préparation, la prescription et la délivrance de préparations magistrales, officinales et hospitalières composées de Garcinia cambogia, ainsi que la prescription, la délivrance et l’administration à l’homme de la plante Garcinia cambogia Desr. ». Selon elle, « cette plante répond à la définition de médicament par fonction du fait des propriétés hypoglycémiantes et hypolipémiantes de l’acide hydroxycitrique qu’elle contient ». 

Son utilisation dans les compléments alimentaires reste pourtant autorisée. Bien que cette plante Garcinia cambogia Desr. ne figure pas dans l’arrêté « plantes » établissant la liste des plantes autorisées dans les compléments alimentaires et les conditions de leur emploi, elle reste inscrite sous la dénomination erronée de Garcinia gummigutta (L.) Roxb sur la liste des plantes pouvant être employées dans les compléments alimentaires, mise à jour et publiée en janvier 2019 par la direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF).

Au niveau européen, des demandes d’évaluation des allégations de santé ont été déposées. En attente des conclusions et conformément au règlement en vigueur, l’utilisation de ces allégations relatives à la perte de poids est possible, ce qui pour l'Anses « est de nature à induire en erreur le consommateur, qui peut penser que l’allégation a été évaluée ».

Perte de poids : un accompagnement est recommandé

Les compléments alimentaires contenant Garcinia cambogia Desr. sont proposés pour aider à perdre du poids. L’Anses rappelle que « la perte de poids sans indication médicale formelle comporte des risques, en particulier lorsqu’il est fait appel à des pratiques alimentaires déséquilibrées et peu diversifiées » et que, par conséquent, toute démarche d’amaigrissement nécessite un accompagnement par un professionnel de santé.