
Transmission à l’homme : par contact direct ou par voie aérienne dans un lieu contaminé.Ruslan Sidorov / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images
Santé publique France (SPF) a mis à jour ses recommandations sur la gestion des suspicions de grippe zoonotique (d'origine aviaire ou porcine). Ces nouvelles directives présentées dans un DGS-Urgent du 24 février 2025 tiennent compte des retours des professionnels de santé.
- Définition des expositions à risque :
- contact direct avec un humain ou un animal infecté,
- présence prolongée (≥15 min) dans un environnement contaminé,
- contact avec un animal suspecté d’être infecté dans un contexte d’élevage ou de faune sauvage,
- conduite à tenir : Surveillance des symptômes pendant 10 jours : consultation médicale en cas de signes cliniques, gestes barrières et contacts limités ;
- Prise en charge des cas possibles :
- définition : personnes présentant des signes cliniques compatibles et ayant été exposées à un risque,
- prescription d’un test RT-PCR pour la grippe A/B et sous-types H1N1/H3N2,
- remplissage d’une fiche de renseignement remise au patient,
- notification obligatoire sur l’ordonnance en cas de suspicion et mesures barrières ;
- Nouveaux critères virologiques :
- le cycle seuil (Ct) de la RT-PCR grippe A est désormais pris en compte : Ct < 32 : charge virale suffisante pour affirmer un cas probable si les sous-types H1 et H3 sont négatifs.
Santé publique France (SPF) a mis à jour ses recommandations en cas de suspicion de grippe d’origine zoonotique [1]. Ces modifications, qui tiennent compte des remontées de professionnels de santé, font l’objet d’un nouveau DGS-Urgent [2], actualisant celui du 6 février 2025 [3] (cf. notre article du 6 février 2025).
Les mises à jour concernent trois principaux points :
- la définition d’une exposition à risque : trois types de situations sont envisagés ;
- la conduite à tenir en cas de suspicion de grippe zoonotique ;
- les critères virologiques qui incluent désormais le Cycle threshold (Ct) ou Cycle seuil.
Quid des expositions à risque ?
Les expositions à risque peuvent se produire dans trois types de situations impliquant un contact direct avec :
- un être humain ou un animal ayant une infection confirmée par un virus influenza aviaire ou porcin ;
- un environnement (au moins 15 minutes dans un lieu confiné) ou un matériel, une surface, un prélèvement contaminés par un virus influenza aviaire ou porcin ;
- un animal suspecté d’infection par un virus influenza aviaire hautement pathogène ou porcin dans un contexte d’élevages d’oiseaux, de porcs, ou de mammifères sauvages, malades ou morts.
En cas d’exposition à risque, la personne doit surveiller son état de santé pendant les 10 jours suivants. Si des symptômes apparaissent (fatigue, fièvre, courbatures, toux, difficultés respiratoires...), il convient de :
- consulter immédiatement un médecin (cf. ci-dessous paragraphe « cas possible ») ;
- appliquer les gestes barrières, porter un masque chirurgical en présence d’autres personnes et limiter les contacts avec les membres de son entourage.
Cas possible : quelle conduite à tenir ?
Toute personne présentant des signes cliniques compatibles (symptômes d’infection respiratoire aiguë et/ou infection oculaire) et ayant été exposée à un risque est considérée comme un cas possible.
Le clinicien doit alors :
- orienter vers le SAMU/Centre 15 les patients qui requièrent une prise en charge hospitalière ;
- prescrire :
- un prélèvement (qui peut être réalisé au laboratoire de biologie médicale de proximité) :
- nasopharyngé systématiquement,
- conjonctival si signes oculaires,
- respiratoire profond si atteinte respiratoire sévère ;
- une recherche de grippe par RT-PCR (tests rapides d’orientation diagnostic non recommandés) qui ciblent :
- le type : A ou B,
- le sous-type : H1N1 ou H3N2.
- un prélèvement (qui peut être réalisé au laboratoire de biologie médicale de proximité) :
- notifier de façon explicite sur l’ordonnance qu’il s’agit d’une suspicion de grippe zoonotique ;
- donner des consignes de mesures d’hygiène et de prévention ;
- remplir la fiche de renseignements que le patient remettra au laboratoire et qui la complétera.
Formes extra-respiratoires : l’infection par un virus influenza aviaire peut conduire à des formes cliniques extra-respiratoires atypiques : signes neurologiques avec atteinte du système nerveux central (méningo-encéphalite), mais aussi rhabdomyolyse, signes digestifs ou défaillance multiviscérale. Comme le précise la DGS : « pour toute forme clinique à type de méningoencéphalite sans étiologie identifiée avec une exposition documentée à un foyer animal suspecté ou confirmé d’influenza aviaire, il conviendra de suspecter une grippe aviaire et de classer le patient en cas possible ».
Quels critères virologiques ?
Les critères virologiques tiennent désormais compte du Ct c’est-à-dire le cycle d'amplification de la PCR à partir duquel la quantité de virus présent dans l'échantillon est détectée. Cette valeur est inversement proportionnelle à la « charge virale ».
Pour un classement en cas probable : il faut une charge virale suffisante définie par un Ct inférieur à 32 pour la RT-PCR grippe A et un résultat négatif pour les sous-types H1 et H3 (qui signerait une grippe saisonnière). En cas de Ct supérieur à 32, le prélèvement est adressé au Centre national de référence des virus des infections respiratoires (CNR) uniquement si la suspicion clinique et épidémiologique est forte.
L’algorithme pour tout cas possible de grippe zoonotique en fonction du RT-PCR a été mis à jour (cf. Figure).
Figure - Algorithme décisionnel pour tout cas possible de grippe zoonotique en fonction du résultat du test RT-PCR [2]
Cas probables et confirmés
Un cas probable doit être signalé sans délai au point focal de l’agence régionale de santé (ARS) par le médecin prenant en charge le patient. Le classement formel en cas probable est réalisé conjointement par l’ARS et SPF (via la cellule régionale concernée), avec l’appui d’un infectiologue référent si besoin.
Toute personne ayant un contact étroit ou direct (à moins de 2 mètres) avec un cas probable/confirmé (ou partageant un même lieu de vie avec lui) est définie comme personne contact à partir de 48 heures avant et jusqu’à 10 jours après l’apparition des symptômes chez le cas probable/confirmé.
Et, comme indiqué dans le DGS-Urgent du 6 février 2025 [2], un cas est confirmé lorsque le CNR a objectivé la présence d’un virus influenza d’origine aviaire/porcine. Une concertation a alors lieu entre la DGS, l’ARS, SPF, un infectiologue référent et le CNR afin de définir précisément les modalités les plus adaptées pour la prise en charge du patient et de ses contacts.
Pour plus d’informations sur les modalités de prise en charge d’un cas confirmé de grippe zoonotique (mesures d’hygiène, traitement, désinfection du matériel...), se référer à l’avis du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) (cf. [1] page 8) et la fiche-réflexe Coreb.
L’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) est une infection virale animale due à des virus influenza de type A hautement pathogènes qui appartiennent majoritairement aux sous-types H5 ou H7. Cette maladie touche les oiseaux sauvages ou domestiques et la mortalité est de plus de 90 % pour certaines espèces. En France, des foyers d’IAHP en élevages, ainsi que la mise en évidence du virus dans la faune sauvage, a conduit le ministère de l’Agriculture à classer en novembre 2024, l’IAHP à un niveau de risque élevé. Cette décision entraîne l’instauration de mesures de biosécurité préventives sur l’ensemble du territoire métropolitain qui s’adressent aux détenteurs de volailles ou d’oiseaux à titre professionnel et non professionnel. Certaines souches hautement pathogènes de ces virus, et en particulier la souche H5N1, peuvent infecter des mammifères (animal ou humain). Des oiseaux et des mammifères aux êtres humainsLa contamination des êtres humains se fait par voie aérienne dans un lieu contaminé (ex. : élevage) et/ou par contact avec des oiseaux domestiques ou sauvages, des porcs ou d’autres mammifères infectés, ou avec des surfaces contaminées (litière, déjections, matériels, etc.). A noter que l’influenza aviaire n'est pas transmissible à l'homme par la consommation de viande ou d'œufs, ni d’autres produits alimentaires issus de volailles contaminés. La consommation de viande ou de produits issus d’animaux vaccinés contre l’influenza aviaire ne présente pas non plus de danger pour l’être humain. Quand un être humain est infecté par un virus influenza d’origine animal, on parle de grippe zoonotique. S’il s’agit d’un virus influenza aviaire, on parle de grippe aviaire ou de grippe porcine pour un virus influenza porcin. Au cours de ces derniers mois, une augmentation des cas de transmission de virus IAHP à l’être humain a été observée au niveau international. Mais, aucune transmission interhumaine de grippe aviaire n’a été notifiée à ce jour (sauf cas épisodique) et, actuellement, le niveau de risque est considéré comme « faible » pour la santé humaine et « faible à modéré » pour les personnes les plus exposées (Organisation mondiale de la santé, Centre européen de prévention et de contrôle des maladies). Selon Eric Cardinale (Anses, 29 janvier 2025) : « La capacité des virus influenza à échanger du matériel génétique est considérable, et les capacités d’adaptation du virus sont également conséquentes. Il a été observé ponctuellement des mutations qui permettaient à ces virus de s’installer plus facilement chez les mammifères, et notamment chez l’être humain. Pour autant, les virus qui ont infecté ces derniers mois plusieurs dizaines de personnes aux États-Unis n’ont à ce jour pas accumulé suffisamment de mutations pour permettre une transmission entre humains. Il est important de maintenir une surveillance des virus circulants chez les espèces animales, pour identifier toute évolution du virus dans le sens d’une meilleure adaptation aux mammifères et nous permettre d’anticiper. » |
[1] Surveillance et investigation des cas de grippe humaine due à un virus influenza d’origine aviaire ou porcine. Santé publique France, 10 février 2025
[2] Vigilance renforcée vis-à-vis du risque de transmission à l’homme des virus influenza d’origine zoonotique - conduite à tenir. DGS-Urgent n° 2025-04 REPLY du 24 février 2025
[3] Vigilance renforcée vis-à-vis du risque de transmission à l’homme des virus influenza d’origine zoonotique - conduite à tenir. DGS-Urgent n° 2025-04 du 6 février 2025
Commentaires
Cliquez ici pour revenir à l'accueil.