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Infections à pneumocoque : la HAS recommande PREVENAR 20 à partir de 65 ans

Dans la stratégie vaccinale contre le pneumocoque, la HAS recommande d'étendre la vaccination avec PREVENAR 20 à toutes les personnes de 65 ans et plus, avec ou sans facteurs de risque et sans limite d'âge. 

David Paitraud 30 janvier 2025 Image d'une montre5 minutes icon Ajouter un commentaire
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L'âge avancé peut être considéré à lui seul comme un facteur de risque.

L'âge avancé peut être considéré à lui seul comme un facteur de risque.wildpixel / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images

Résumé

La Haute Autorité de santé (HAS) recommande d'élargir la vaccination contre le pneumocoque à toutes les personnes de 65 ans et plus, avec ou sans comorbidité, et sans limite supérieure d'âge. 

Elle doit être réalisée avec le vaccin PREVENAR 20, selon un schéma à une dose. 

Selon les recommandations actuelles, cette vaccination en population adulte est préconisée en présence de comorbidité. Mais pour la HAS, un âge égal ou supérieur à 65 ans constitue un facteur de risque d'infection à pneumocoque à part entière. 

Cette extension d'indication doit permettre d'améliorer la couverture vaccinale dans cette population, et de réduire l'incidence des infections à pneumocoque (infections invasives et pneumonies) et les complications associées (hospitalisation, décès). 

Selon la HAS, cette évolution apporte également des bénéfices en termes de lisibilité des vaccinations recommandées chez le sujet âgé, à savoir grippe, Covid-19, zona et pneumocoque (et rappel diphtérie, poliomyélite et tétanos).

Un alignement du périmètre de remboursement de PREVENAR 20 sur ces nouvelles recommandations doit être publié au Journal officiel.  

Dans un avis récent [1, 2], la Haute Autorité de santé (HAS) recommande d'élargir la vaccination contre le pneumocoque à l’ensemble des personnes de 65 ans et plus, avec ou sans risque de forme grave et sans limite d’âge supérieur, en utilisant le vaccin PREVENAR 20.

Ce que dit le calendrier vaccinal en vigueur

Actuellement, la vaccination contre le pneumocoque en population adulte est recommandée chez les patients à risque élevé de contracter une infection à pneumocoque  [3] :

  • immunodéprimés (concernés par les recommandations de vaccination des immunodéprimés) :
    • aspléniques ou hypospléniques (y compris dans le cadre des syndromes drépanocytaires majeurs),
    • atteints de déficits immunitaires héréditaires,
    • infectés par le VIH,
    • présentant une tumeur solide ou une hémopathie maligne,
    • transplantés ou en attente de transplantation d’organe solide,
    • greffés de cellules souches hématopoïétiques,
    • traités par immunosuppresseur, biothérapie et/ou corticothérapie pour une maladie auto-immune ou inflammatoire chronique ;
  • atteints de syndrome néphrotique ;
  • non immunodéprimés porteurs d'une maladie sous-jacente prédisposant à la survenue d'infection invasive à pneumocoque (IIP) :
    • cardiopathie congénitale cyanogène, insuffisance cardiaque,
    • insuffisance respiratoire chronique, bronchopneumopathie obstructive, emphysème,
    • asthme sévère sous traitement continu,
    • insuffisance rénale,
    • hépatopathie chronique d’origine alcoolique ou non,
    • diabète non équilibré par le simple régime ;
  • présentant une brèche ostéo-méningée, un implant cochléaire ou candidats à une implantation cochléaire.

Dans ces situations, la vaccination pneumococcique est réalisée avec le vaccin VPC 20 PREVENAR 20 (cf. notre article du 6 mai 2024) selon un schéma à une dose.

En cas de vaccination antérieure contre le pneumocoque, les recommandations suivantes s'appliquent aux personnes :

  • n’ayant reçu antérieurement qu’une seule dose de VPC 13 (PREVENAR 13) ou qu’une seule dose de VPP 23 (PNEUMOVAX) : 1 dose de PREVENAR 20, si la vaccination antérieure remonte à plus de 1 an ; 
  • déjà vaccinées avec la séquence VPC 13- VPP 23 : 1 dose de PREVENAR 20 en respectant un délai minimal de 5 ans après la précédente injection de VPP 23.

L'âge : un facteur de risque à lui seul

L'évolution de la stratégie vaccinale contre le pneumocoque chez les 65 ans et plus prend en compte les données épidémiologiques relatives aux infections à pneumocoque (infections invasives et pneumonies), en particulier celles obtenues en population âgée :

  • Streptococcus pneumoniae est la première cause d'infections invasives (méningites, bactériémies) chez l'adulte en France, impliqué dans 40 % de ces infections ;
  • Streptococcus pneumoniae est l'un des principaux facteurs de surinfection bactérienne de la grippe chez l'adulte ;
  • en 2022, le taux d’incidence des infections invasives à pneumocoques (IIP) tous âges confondus a quasiment doublé par rapport à 2021 (7,6 / 100 000 habitants versus 4,8 en 2021). Chez les adultes de 65 ans et plus, les taux étaient de 19,2 / 100 000 habitants en 2022 contre 11,9 / 100 000 habitants en 2021 ;
  • le risque d'IIP augmenterait avec l’âge : par rapport aux adultes de 15 à 49 ans, le risque est multiplié par 3 entre 50 et 59 ans, par 5 entre 70 et 79 ans, et par 12 après 80 ans ;
  • 6 cas d'IIP sur 10 concernent un adulte de 65 ans et plus ;
  • la gravité des infections à pneumocoque (IIP et pneumonie aiguë communautaire) augmente avec l'âge : près de 1 cas sur 3 de pneumonies à pneumocoques non bactériémiques en France chez les adultes de 65 ans et plus nécessite une admission en réanimation. Le taux de mortalité dans cette même population s’élèverait à 13,5 %.

La HAS relève également que :

  • les infections à pneumocoque sont observées de façon significative chez des adultes de 65 ans et plus sans comorbidités : à cet âge, la moitié des patients hospitalisés pour une pneumonie aiguë communautaire (PAC) et plus du quart de ceux hospitalisés pour une IIP n'ont pas de comorbidités et échappent donc aux recommandations vaccinales actuelles ;
  • environ deux tiers des hommes et des femmes de plus de 65 ans présentent au moins une comorbidité.

LA HAS conclut ainsi que l'âge supérieur ou égal à 65 ans peut être considéré à lui seul comme un facteur de risque d'infection à pneumocoque.

Simplifier les recommandations vaccinales chez les 65 ans et plus

Outre le rappel de ces données épidémiologiques, la HAS note que la majorité (64 %) des infections invasives rapportées en 2021 chez les adultes français de 65 ans et plus ont été causées par des infections aux sérotypes inclus dans le vaccin VPC 20 PREVENAR 20.

L'extension de la vaccination contre le pneumocoque chez tous les 65 ans et plus simplifie de plus les rendez-vous vaccinaux dans cette population :

  • l'arrivée de PREVENAR 20 a permis de faciliter la stratégie vaccinale, qui se résume à une dose unique de vaccin VPC 20 (en remplacement du schéma VPC 13 + VPP 23) ;
  • désormais, 4 vaccins (Covid-19, grippe, zona et pneumocoque) et 1 rappel (DTP) sont recommandés chez les personnes de 65 ans et plus. La HAS précise que PREVENAR 20 peut être injecté de façon concomitante avec les vaccins saisonniers (grippe et Covid-19) conformément à l’autorisation de mise sur le marché.

La HAS souligne que cette simplification peut contribuer à améliorer la couverture vaccinale contre les pneumocoques, qui est actuellement estimée entre 5 et 16,9 % dans la population à risque.

Au total, 16,7 millions d'individus seraient éligibles à la vaccination en incluant toutes les personnes de 65 ans et plus, soit une augmentation de plus de 12,3 millions d'adultes à vacciner.

Un périmètre de remboursement à revoir

À la date du 29 janvier 2025, PREVENAR 20 est remboursable à 65 % pour « l'immunisation active pour la prévention des maladies invasives et des pneumonies causées par Streptococcus pneumoniae chez les personnes âgées de 18 ans et plus, selon les recommandations en vigueur de la HAS datant du 27 juillet 2023 ».

Un arrêté d'extension de prise en charge doit être publié au Journal officiel pour autoriser le remboursement de PREVENAR 20 chez toutes les personnes de 65 ans et plus. 

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