Le lévonorgestrel est un progestatif de 2e génération et le désogestrel de 3e génération.AntonioGuillem / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images
L'ANSM émet des mesures préliminaires chez les femmes ayant une contraception par désogestrel seul dosé à 75 μg, afin de prendre en compte un risque très faible de méningiome intracrânien.
Ce risque a été mis en évidence dans une étude cas-témoins réalisée par EPI-PHARE. L'analyse des données montre une augmentation très faible du risque de méningiome associé au désogestrel seul, lors d'une utilisation en cours et prolongée (à partir de 5 ans) chez les femmes de plus de 45 ans.
L'étude portait également sur la contraception par lévonorgestrel seul ou associé à l'éthinylestradiol ; pour ce progestatif, les données ne montrent pas d'augmentation du risque de méningiome, quelle que soit la durée d'utilisation.
Ces premières mesures seront complétées début 2025.
Le groupement d’intérêt scientifique EPI-PHARE a publié une étude [1] évaluant, à partir de données en vie réelle, le risque de méningiome chez les femmes exposées à l'un des deux contraceptifs progestatifs oraux suivants :
- lévonorgestrel 30 μg seul (progestatif de deuxième génération) ou à 50, 100, 125, 150 μg en association avec de l’éthinylestradiol. Les dispositifs intra-utérins au lévonorgestrel et les contraceptifs d'urgence ne sont pas inclus dans cette étude ;
- désogestrel 75 μg seul (progestatif de troisième génération) : ANTIGONE, OPTIMIZETTE, CERAZETTE, ELFASETTE et génériques de désogestrel 75 µg. L'étude n'inclut pas les autres contraceptifs à base de désogestrel en association avec l'éthinylestradiol.
Les résultats de cette étude pharmacoépidémiologique ont été présentés le 18 décembre 2024, lors de la première séance du comité scientifique temporaire (CST) « Contraception orale et risque de méningiome ». Ce comité a été créé par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) pour évaluer le risque de méningiome potentiellement associé à la prise de contraceptifs progestatifs oraux, et pour proposer des mesures de réduction de ce risque si nécessaire. L'action de ce comité s'inscrit dans la continuité des mesures déjà prises pour réduire le risque de méningiomes associé à l'acétate de cyprotérone (ANDROCUR), l'acétate de chlormadinone (LUTERAN), le nomégestrol (LUTENYL), l'acétate de médroxyprogestérone (DEPO PROVERA), la médrogestone (COLPRONE) et la promégestone (SURGESTONE, en arrêt de commercialisation).
Les auteurs de ce nouveau rapport soulignent que le risque de méningiome « n’a pas été évalué spécifiquement avec l’utilisation de la contraception orale contenant les progestatifs désogestrel et lévonorgestrel ».
Description de l'étude
Selon la méthodologie habituelle EPI-PHARE, les auteurs ont utilisé les données du Système national des données de santé (SNDS).
Au total 8 391 femmes opérées d’un méningiome intracrânien entre 2020 et 2023 en France ont été incluses dans l’étude, et appariées avec 83 910 femmes témoins (cf. Encadré).
Pas de surrisque de méningiome avec le lévonorgestrel
L’étude ne montre pas de surrisque de méningiome pour les femmes utilisant une contraception contenant du lévonorgestrel seul ou combiné à l’éthinylestradiol, quelles que soient les durées d’exposition.
Un risque très faible de méningiome avec le désogestrel, qui augmente avec la durée d'exposition
Une augmentation très faible du risque de méningiome intracrânien a été observé chez les femmes de plus de 45 ans lors d'une utilisation prolongée et en cours d'une contraception par désogestrel seul dosé à 75 μg (OR de 1,25 [intervalle de confiance à 95 % 1,10-1,42]). Ce risque apparaît à partir de 5 ans et augmente avec la durée d'utilisation :
- 1 cas de méningiome opéré pour 67 000 femmes utilisatrices quelle que soit la durée d’exposition ;
- aucun risque de méningiome en cas de durée d’utilisation de moins d'un an, sauf lors d’une utilisation antérieure d’autres progestatifs à risque ;
- 1 cas de méningiome opéré pour 17 000 femmes exposées pendant plus de 5 ans (OR de 1,70 [1,39-2,08]) :
- 5 à 6 ans d’utilisation, l’OR est de 1,51 [1,17-1,94],
- au-delà de 7 ans d’utilisation, il est de 2,09 [1,51-2,90]).
« Le nombre de cas de méningiomes attribuables à l’exposition au désogestrel, avec près de 1,3 million d’utilisatrices pour un mois donné en France, a été estimé à 15 par an ».
En cas d’arrêt depuis plus d’une année du désogestrel 75 μg, le surrisque de méningiome disparaît (OR=0,83 [0,63-1,09]).
« Le risque de méningiome lors de la prise prolongée du désogestrel est cependant très inférieur à celui observé avec la prise d’ANDROCUR, LUTERAN ou LUTENYL », soulignent les auteurs (cf. notre article du 12 février 2019).
Des recommandations préliminaires pour les femmes sous contraception par désogestrel
À l’issue de cette présentation et dans l'attente de mesures prévues début 2025, le CST « Contraception orale et risque de méningiome » a émis des recommandations préliminaires à l'attention des femmes ayant une contraception par désogestrel 75 µg [2] :
- ne pas arrêter la contraception sans l’avis d’un professionnel de santé ;
- en cas de maux de tête fréquents, de troubles de la vision, de faiblesse dans les bras ou les jambes, de paralysie, de troubles du langage ou de l’audition, de troubles de l’odorat, de convulsions, de troubles de la mémoire, de vertiges : consulter son/un médecin, gynécologue ou sage-femme. Une IRM pourra être envisagée par mesure de précaution ;
- en cas de découverte d’un méningiome, le traitement contraceptif par désogestrel doit être arrêté en concertation avec le médecin ou la sage-femme. Un avis neurochirurgical est également requis.
Lors de la prescription, les recommandations suivantes s’appliquent également
- en cas d’antécédent de méningiome ou de méningiome existant : ne pas prescrire de contraception progestative ou un traitement progestatif ;
- vérifier les traitements antérieurs par progestatifs utilisés par la patiente et leur durée d’utilisation ;
- évaluer avec la patiente la contraception la plus adaptée à sa situation ;
- ne pas prescrire le désogestrel après la ménopause. Le désogestrel n’est pas un traitement hormonal de la ménopause ;
- envisager une IRM en cas de signes évoquant un méningiome intracrânien.
[1] Rapport d’étude - Contraception orale progestative et risque de méningiome intracrânien : une étude cas-témoins à partir des données du système national des données de santé (SNDS) (Epi-Phare, 19 décembre 2024)
[2] De nouvelles données sur le risque de méningiome associé à la prise de progestatifs en contraception orale (ANSM, 19 décembre 2024)
- ADEPAL cp enr
- ANTIGONE 75 µg cp pellic
- ASTERLUNA 100 µg/20 µg cp pellic
- ASTERLUNA CONTINU 100 µg/20 µg cp pellic
- CERAZETTE 0,075 mg cp pellic
- DAILY cp enr
- DESOBEL 150 µg/20 µg cp
- DESOBEL 150 µg/30 µg cp
- DESOGESTREL BIOGARAN 75 µg cp pellic
- DESOGESTREL CRISTERS 75 µg cp pellic
- DESOGESTREL ETHINYLESTRADIOL BIOGARAN 150 µg/20 µg cp enr
- DESOGESTREL ETHINYLESTRADIOL BIOGARAN 150 µg/30 µg cp enr
- DESOGESTREL SANDOZ 75 µg cp pellic
- DESOGESTREL/ETHINYLESTRADIOL BIOGARANCONTINU 150 µg/30 µg cp pellic
- DESOGESTREL/ETHINYLESTRADIOL CRISTERS 150 µg/20 µg cp pellic
- DESOGESTREL/ETHINYLESTRADIOL CRISTERS 150 µg/30 µg cp pellic
- DESOGESTREL/ETHINYLESTRADIOL EG 150 µg/20 µg cp
- DESOGESTREL/ETHINYLESTRADIOL EG 150 µg/30 µg cp
- DESOGESTREL/ETHINYLESTRADIOL VIATRIS 150 µg/20 µg cp
- DESOGESTREL/ETHINYLESTRADIOL VIATRIS 150 µg/30 µg cp
- ELFASETTE 75 µg cp
- LEELOO 0,1 mg/0,02 mg cp enr
- LEELOO CONTINU 100 µg/20 µg cp pellic
- LEVONORGESTREL/ETHINYLESTRADIOL BIOGARAN 100 µg/20 µg cp pellic
- LEVONORGESTREL/ETHINYLESTRADIOL BIOGARANCONTINU 100 µg/20 µg cp pellic
- LEVONORGESTREL/ETHINYLESTRADIOL CRISTERS 100 µg/20 µg cp pellic
- LOVAVULO 20 µg/100 µg cp pellic
- LUDEAL 0,15 mg/0,03 mg cp enr
- MERCILON cp
- MICROVAL cp enr
- OPTIDRIL 30 µg/150 µg cp pellic
- OPTILOVA 20 µg/100 µg cp pellic
- OPTIMIZETTE 75 µg cp pellic
- QIADE 150 µg/30 µg cp pellic
- TRINORDIOL cp enr
- VARNOLINE CONTINU cp pellic
- VARNOLINE cp
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