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Dengue : la HAS définit la stratégie vaccinale avec le vaccin QDENGA

La HAS recommande de vacciner contre la dengue, avec QDENGA, les enfants de 6 à 16 ans avec un antécédent d'infection de dengue, et les adultes de 17 à 60 ans ayant des comorbidités, avec ou sans antécédent d'infection, résidant aux Antilles, en Guyane, à Mayotte et à La Réunion.

David Paitraud 18 décembre 2024 Image d'une montre6 minutes icon Ajouter un commentaire
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Pour les populations résidant aux Antilles, en Guyane, à Mayotte et à La Réunion.

Pour les populations résidant aux Antilles, en Guyane, à Mayotte et à La Réunion.auimeesri / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images

Résumé

La Haute Autorité de santé (HAS) a défini la stratégie vaccinale contre la dengue avec le vaccin vivant atténué QDENGA. 

Elle recommande de vacciner les populations suivantes résidant aux Antilles, en Guyane, à Mayotte et à La Réunion : 

  • enfants âgés de 6 à 16 ans ayant un antécédent d’infection par la dengue ;
  • adultes de 17 à 60 ans présentant des comorbidités, avec ou sans antécédent d’infection, devant le risque d’aggravation par la dengue de ces comorbidités.

Le schéma vaccinal recommandé comporte deux doses de vaccin QDENGA espacées de 3 mois. Cette vaccination doit être réalisée entre deux épidémies et au moins 6 mois après une infection par la dengue. 

Le vaccin QDENGA n'est pas commercialisé en France à la date du 19 décembre 2024. 

Saisie par la direction générale de la Santé (DGS), la Haute Autorité de santé (HAS) a émis ses recommandations de vaccination contre la dengue avec le vaccin QDENGA [1, 2, 3]. 

Population ciblée par la vaccination contre la dengue

Elle recommande une vaccination contre la dengue aux Antilles, en Guyane, à Mayotte et à La Réunion dans les populations suivantes résidant dans ces territoires (cf. Tableau de la HAS) :

  • enfants et adolescents âgés de 6 à 16 ans, y compris chez les drépanocytaires ou ceux présentant d’autres comorbidités, et ayant un antécédent d'infection par la dengue. Cet antécédent doit être documenté biologiquement (RT-PCR, antigénémie NS1, sérologie IgM/IgG) ou cliniquement (infection diagnostiquée en contexte épidémique de dengue et inscrite dans le carnet de santé). En l’absence de preuve documentée d’infection antérieure de dengue, un test sérologique ELISA ou EIA réalisé en laboratoire pourra être effectué au préalable pour connaître le statut sérologique de l’enfant/adolescent. La réalisation d’un dépistage prévaccinal de façon systématique n'est cependant pas recommandée ;
  • personnes âgées de 17 à 60 ans présentant des comorbidités (drépanocytose, hypertension artérielle compliquée, diabète, obésité, insuffisance rénale, affections cardio-pulmonaires chroniques, autres hémoglobinopathies, thrombocytopathies), avec ou sans antécédent de dengue. La vaccination dans cette population est justifiée par le risque élevé de formes sévères de dengue, y compris en cas de dengue primaire en raison du risque de décompensation de ces comorbidités.

La vaccination des enfants drépanocytaires âgés de 6 à 16 ans sans antécédent de dengue peut être envisagée au cas par cas.

Pour définir ses recommandations, la HAS a pris en compte : 

  • les indicateurs épidémiologiques de la dengue au cours des 10 dernières années dans les départements et régions d'outre-mer (DROM) ainsi que le fardeau de la dengue dans différents groupes de population au cours des dernières épidémies dans ces territoires. Les données montrent une majorité de décès chez des sujets présentant des comorbidités ;
  • les données relatives au vaccin QDENGA en termes d’efficacité, d’immunogénicité, de sécurité et de tolérance (à partir des essais cliniques et à partir d'une utilisation en vie réelle) ;
  • la pertinence des résultats des tests sérologiques réalisés en laboratoire, évaluée au regard de la circulation des flavivirus dans les DROM et de la séroprévalence de la dengue dans ces territoires ;
  • les résultats de la consultation publique et la position des membres du groupe de travail ainsi que celle des experts auditionnés.

Pour rappel, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande aux pays d'envisager l'introduction du vaccin QDENGA dans leurs programmes de vaccination systématique, dans les zones où l'intensité de transmission pose un problème de santé publique important. En attendant que davantage de données soient disponibles sur les profils efficacité-innocuité, l'OMS recommande de fixer la limite d’âge inférieure à 6 ans et la limite d’âge supérieure à 60 ans pour la vaccination contre la dengue avec ce vaccin [3]. 

Tableau - Récapitulatif de la stratégie vaccinale contre la dengue (HAS, décembre 2024)

Schéma vaccinal à 2 doses avec QDENGA

Cette stratégie vaccinale s'appuie sur le vaccin QDENGA (cf. Encadré), selon un schéma vaccinal en 2 doses de vaccin espacées de 3 mois.
La nécessité d’une dose de rappel n’a pas encore été établie.
Après une infection par la dengue, la HAS préconise d’attendre 6 mois avant d’être vacciné.

Le schéma vaccinal doit être réalisé entre deux épidémies.  

QDENGA étant un vaccin vivant, il est contre-indiqué chez les sujets immunodéprimés, la femme enceinte et la femme allaitante.

Les personnes vaccinées par QDENGA doivent continuer à respecter les mesures de luttes antivectorielles, dont les mesures de protection individuelle à l’égard des piqûres de moustiques (répulsifs, vêtements longs, moustiquaires) pour lutter efficacement contre le virus.

Encadré - Le vaccin QDENGA en synthèse

QDENGA poudre et solvant pour solution injectable (laboratoire Takeda) a reçu une autorisation de mise sur le marché (AMM) en décembre 2022 pour la prévention de la dengue chez des sujets à partir de l'âge de 4 ans.

QDENGA est un vaccin vivant atténué, recombinant, quadrivalent. Après reconstitution, il contient les quatre sérotypes viraux de la dengue : DENV-1, DENV-2, DENV-3 et DENV-4. 

Sur la base des données disponibles, la HAS émet les conclusions suivantes :

  • chez les enfants et adolescents de 6 à 16 ans précédemment infectés par le virus : efficacité démontrée dans la prévention de la dengue symptomatique et dans la prévention des hospitalisations pour les 4 sérotypes de la dengue. Cette efficacité s’étend de 51,8 % contre DENV-3 à 80,2 % contre DENV-2 sur la prévention de la dengue symptomatique. Elle est moindre toutefois chez les enfants âgés de 4 à 5 ans. Sur les hospitalisations, l’efficacité est de 98 % contre DENV-2 et 72 % contre DENV-1 et DENV-3 ; 
  • chez les personnes sans antécédent de dengue (séronégatives) : absence d’efficacité contre les sérotypes DENV-3 et 4 dans la prévention de la dengue symptomatique, ainsi que contre le sérotype DENV-3 dans la prévention des hospitalisations. De plus, du fait d’un faible nombre de cas liés au sérotype DENV-4, l’efficacité sur ce sérotype n’a pas pu être déterminée au cours de l’étude ; 
  • efficacité non démontrée contre les dengues sévères, en raison d’un faible nombre de cas rapportés au cours de la période étudiée ; 
  • bonne tolérance du vaccin quel que soit le statut sérologique des sujets étudiés. 

QDENGA n'est pas commercialisé en France à la date du 19 décembre 2024.

Quid de la vaccination contre la dengue chez les voyageurs ?

Les recommandations de la HAS ciblent les personnes résidant dans les DROM. 

Dans la version 2024 des recommandations sanitaires aux voyageurs, il est précisé que « la vaccination des voyageurs contre la dengue avec le vaccin QDENGA fera l'objet d'un avis du Haut Conseil de santé publique (HCSP) secondairement »

Concernant la vaccination en métropole, la HAS estime que « bien que le nombre de cas importés de dengue dans l’Hexagone est en forte augmentation depuis le début de l’année 2024 (cf. notre article du 25 avril 2024), le territoire n’est pas considéré aujourd’hui comme une zone de transmission élevée du virus »

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