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Vaccination contre la coqueluche pendant la grossesse : une couverture en hausse, mais disparate

Une étude Epi-Phare publiée en novembre 2024 montre une adhésion des Françaises à la vaccination contre la coqueluche pendant la grossesse. Le taux de vaccination dans cette population atteint environ 65 %, mais des disparités géographiques et sociales sont relevées.

David Paitraud 28 novembre 2024 Image d'une montre4 minutes icon Ajouter un commentaire
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Une adhésion de plus en plus forte depuis la recommandation de la HAS.

Une adhésion de plus en plus forte depuis la recommandation de la HAS. Anna Solovei / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images

Résumé

Une étude Epi-Phare montre que le taux de vaccination contre la coqueluche chez les femmes enceintes a atteint plus de 60 % sur une période s'étalant entre 2023 à 2024. Dans cette population vaccinée, 9 femmes sur 10 ont reçu le vaccin contre la coqueluche (principalement REPEVAX et BOOSTRIXTETRA) entre le 5e et le 8e mois de grossesse (de 18 à 34 semaines de grossesse). 

Ce taux de vaccination est en hausse régulière depuis 2022, année au cours de laquelle la Haute Autorité de santé (HAS) a publié ses recommandations relatives à la vaccination chez les femmes enceintes pour protéger l'enfant à naître par transfert transplacentaire des anticorps maternels. 

Néanmoins, des disparités régionales et départementales, ainsi que socio-économiques sont observées et suggèrent la mise en place d'actions de sensibilisation ciblées.

Le groupement d'intérêt scientifique (GIS) Epi-Phare a présenté les résultats d'une étude française [1, 2] portant sur la couverture vaccinale contre la coqueluche des femmes enceintes, dans le contexte épidémique de 2024 en France.

L'objectif de ce travail était d'estimer le taux de vaccination contre la coqueluche chez les femmes enceintes, ainsi que d’étudier les caractéristiques de celles-ci et les facteurs influant sur la vaccination. Il n'était pas destiné à fournir des données en termes d'efficacité.

Depuis 2022, afin de réduire le risque de formes graves de coqueluche chez les nouveau-nés et les nourrissons, la vaccination est recommandée à partir du deuxième trimestre de grossesse (cf. notre article du 14 avril 2022), en privilégiant la période entre 20 et 36 semaines d’aménorrhée (SA) [3]. Cette mesure vise à protéger l'enfant dès sa naissance grâce au transfert transplacentaire des anticorps maternels. Cette vaccination est recommandée à chaque grossesse.

Méthodologie de l'analyse

Cette enquête transversale a été réalisée à la date du 1er octobre 2024 sur l’ensemble des femmes ayant déclaré une grossesse dont la date présumée de début se situait entre le 1er août 2023 et le 31 mars 2024, soit sur 386 712 femmes.

Dans cette population, une recherche de vaccination par les vaccins REPEVAX ou BOOSTRIXTETRA a été effectuée à partir des données de remboursement de l'Assurance maladie. 

Dans un deuxième temps, l'analyse s'est concentrée uniquement sur la population qui, à la date de fin de suivi fixée au 1er octobre 2024, avait atteint au moins 34 semaines de grossesse (36 semaines d'aménorrhée, conformément aux recommandations de la Haute Autorité de santé [HAS]) afin de permettre d’avoir le temps nécessaire pour se faire vacciner, soit 304 534 femmes (cf. Figure).

Figure - Frise chronologique représentant la période d’inclusion, la fin de suivi et la période d’exposition
(cf. page 12 du rapport Epi-Phare [2])

Les auteurs ont aussi recueilli diverses caractéristiques ainsi que certains indicateurs socio-démographiques. 

Une adhésion qui augmente chaque année

À l'issue de cette analyse, le taux de vaccination contre la coqueluche s’élevait : 

  • à 63,2 % dans la population globale ayant déclaré une grossesse sur la période étudiée, soit 244 422 femmes sur 386 712. Plus de 90 % avaient été vaccinées entre la 18e et la 34e semaine de grossesse (de 20 à 36 SA) conformément aux recommandations ; 
  • à 65,4 % dans la population des femmes ayant atteint au moins 34 semaines de grossesse à la date de fin de suivi.

Pour les auteurs, « ces résultats montrent que la vaccination des femmes pendant leur grossesse contre la coqueluche (...) a été largement suivie durant l’épidémie 2023/2024, malgré son caractère non obligatoire ».

Ils notent une tendance à la hausse des taux de vaccination depuis 2021 (données issues du registre Epi-Mères grossesses-enfants) : 

  • 65 % en 2023/2024 ;
  • 41 % en 2023 ;
  • 12 % en 2022 (année de la recommandation de la HAS) ;
  • 2 % en 2021 (avant la recommandation de la HAS).

Mais des disparités qui impliquent des actions ciblées

Si la couverture de la vaccination contre la coqueluche est globalement satisfaisante, des disparités sont rapportées : 

  • régionales marquées par des taux très élevés dans le nord et l'ouest, mais faibles dans les départements d'outre-mer et dans des régions du sud de la France (cf. Encadré)
  • socio-économiques entre les femmes vaccinées et celles non vaccinées : 
    • 16,7 % des femmes vaccinées bénéficiaient de la complémentaire santé solidaire contre 32,1 %,
    • 3,9 % des femmes vaccinées avaient recours à des consultations auprès de services de PMI contre 4,4 %,
    • 22,1 % des femmes vaccinées étaient issues de communes plus favorisées contre 16,6 %,
    • 26,2 % des femmes vaccinées vivaient dans des communes offrant une meilleure accessibilité potentielle localisée aux médecins généralistes, contre 22,5 % ;
  • liée à l'âge : les femmes de 25-35 ans étaient légèrement plus vaccinées que celles appartenant aux autres tranches d’âge avec des taux respectifs de 64,7 % contre 60,4 %.

Pour les auteurs,  « des actions visant à la fois à réduire les disparités au niveau régional et à améliorer le niveau de la couverture vaccinale dans certains départements sont encore nécessaires ».

Encadré - Disparités des taux de vaccination contre la coqueluche chez les femmes enceintes en fonction des régions françaises
  • Taux supérieurs à 70 % :
    • Pays de la Loire : 80,9 % ;
    • Bretagne : 80,3 % ;
    • Normandie : 79,9 % ;
    • Nouvelle-Aquitaine : 75,4 % ;
    • Hauts-de-France : 72,5 %.
       
  • Taux inférieurs à 70 % :
    • départements d'outre-mer (DOM) : 35,1 %, dont 15,9 % en Guadeloupe, 8,1 % en Martinique et 5,1 % en Guyane ;
    • Corse : 46,2 % ;
    • Provence-Alpes-Côte d’Azur : 58,7 % avec 31,1 % dans le département des Alpes-de-Haute-Provence ;
    • Île-de-France : 59,3 % avec des taux très variés allant de 46,6 % pour le Val-d’Oise à 75,1 % pour Paris) ;
    • Occitanie : 61,2 % ;
    • Grand Est : 61,4 %.
Sources

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