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MOUNJARO : nouveau médicament injectable indiqué dans le traitement du diabète de type 2 et de l'obésité

MOUNJARO solution injectable en stylo prérempli KWIKPEN est un nouveau médicament indiqué dans le traitement du diabète de type 2. Il est également indiqué dans le contrôle du poids en cas de surpoids ou d'obésité. MOUNJARO contient un nouveau principe actif, le tirzépatide.

David Paitraud 19 novembre 2024 Image d'une montre10 minutes icon Ajouter un commentaire
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La prise en charge de l’obésité est globale, pluridisciplinaire, et ne concerne pas que le poids.

La prise en charge de l’obésité est globale, pluridisciplinaire, et ne concerne pas que le poids.Visual Generation / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images

Résumé

MOUNJARO solution injectable en stylo prérempli Kwikpen est un médicament indiqué chez l'adulte :

  • dans le traitement du diabète de type 2 soit en monothérapie quand la metformine est inappropriée, soit en association avec d'autres médicaments indiqués dans le traitement du diabète, 
  • dans le contrôle du poids, notamment pour la perte de poids et le maintien du poids, chez des personnes présentant une obésité ou un surpoids (en présence d'au moins une comorbidité liée au poids). MOUNJARO doit être utilisé en complément d'un régime hypocalorique et d'une augmentation de l'activité physique, conformément aux recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) relatives à la prise en charge de l'obésité.

MOUNJARO contient du tirzépatide, un agoniste des récepteurs du GIP (polypeptide insulinotrope dépendant du glucose) et du GLP-1 (glucagon-like peptide 1). Il améliore la glycémie en cas d'hyperglycémie et présente une action régulatrice de l'appétit. 

Au 19 novembre 2024, la gamme MOUNJARO se compose de 2 spécialités correspondant à 2 dosages : 2,5 mg par dose et 5 mg par dose. 

Le schéma posologique comporte une injection hebdomadaire, le même jour chaque semaine. L'injection est sous-cutanée. 

En initiation de traitement, la dose recommandée est de 2,5 mg par semaine pendant 4 semaines. Après ce délai, la dose peut être augmentée à 5 mg 1 fois par semaine.
La dose peut à nouveau être augmentée si nécessaire, sans dépasser 15 mg par semaine. L'augmentation de dose doit être effectuée :

  • par palier de 2,5 mg ;
  • en respectant un délai minimum de 4 semaines entre 2 paliers. 

MOUNJARO se présente en stylo prérempli KWIKPEN. Chaque stylo contient 4 doses de 0,6 mL. 

Au même titre que les aGLP-1, la prescription initiale de ce MOUNJARO est restreinte afin de réduire le risque de mésusage : 

  • la prescription initiale doit être réalisée par un médecin spécialiste en endocrinologie-diabétologie-nutrition ou compétent en nutrition (titulaire d’un diplôme d'études spécialisées complémentaires [DESC], d’une formation spécialisée transversale [FST] ou d’une validation des acquis de l'expérience [VAE] de nutrition). Les renouvellements peuvent être réalisés par tous médecins ;

  • MOUNJARO doit être prescrit uniquement en deuxième intention, en cas d’échec de la prise en charge nutritionnelle et en association à un régime hypocalorique et à une activité physique.

MOUNJARO n'est pas remboursable dans le droit commun à la date du 19 novembre 2024. 

Les spécialités MOUNJARO KWIKPEN 2,5 mg/dose et 5 mg/dose solution injectable en stylo prérempli Kwikpen (tirzépatide) sont indiquées en diabétologie et dans le contrôle du poids : 

  • traitement du diabète de type 2 chez les adultes insuffisamment contrôlés en complément d’un régime alimentaire et d’une activité physique :
    • en monothérapie, quand l’utilisation de la metformine est considérée comme inappropriée en raison d’une intolérance ou de contre-indications,
    • en association avec d’autres médicaments destinés au traitement du diabète ;
  • contrôle du poids, notamment pour la perte de poids et le maintien du poids : en complément d’un régime hypocalorique et d’une augmentation de l’activité physique chez des adultes avec un indice de masse corporelle (IMC) initial :
    • ≥ 30 kg/m2 (obésité) ou,
    • ≥ 27 kg/m2 et < 30 kg/m2 (surpoids) en présence d’au moins un facteur de comorbidité lié au poids (par exemple : une hypertension artérielle, une dyslipidémie, un syndrome d’apnées obstructives du sommeil, une maladie cardiovasculaire, un prédiabète ou un diabète de type 2).

Comme pour l’ensemble des analogues du GLP-1 (aGLP-1) ayant une indication dans le traitement de l’obésité, la prescription doit être conforme au parcours de soin de la HAS [1] (cf. notre article du 10 octobre 2024). Le recours à ces médicaments intervient uniquement en deuxième intention, en cas d’échec de la prise en charge nutritionnelle et en association à un régime hypocalorique et à une activité physique.

MOUNJARO fait l’objet d’une surveillance supplémentaire qui permettra l’identification rapide de nouvelles informations relatives à la sécurité. Les professionnels de santé déclarent tout effet indésirable suspecté.

À propos du tirzépatide

Le tirzépatide est un nouveau principe actif qui améliore le contrôle de la glycémie (uniquement en cas d'hyperglycémie) et influence la régulation de l'appétit. 

Il s'agit d'un agoniste des récepteurs du GIP (polypeptide insulinotrope dépendant du glucose) et du GLP-1 (glucagon-like peptide 1) à action prolongée. Les deux récepteurs sont exprimés :

  • sur les cellules endocrines α et β du pancréas ;
  • dans des zones du cerveau importantes pour la régulation de l’appétit ;
  • sur les cellules immunitaires (leucocytes) ;
  • dans le cœur ;
  • dans le système vasculaire ;
  • dans les intestins ;
  • dans les reins.

Les récepteurs du GIP sont également exprimés sur les adipocytes.

MOUNJARO en pratique

MOUNJARO se présente en stylo prérempli multidose pour injection sous-cutanée (SC). Un stylo multidose délivre : 

  • pour MOUNJARO 2,5 mg/dose : 4 doses de 2,5 mg (chaque dose contient 2,5 mg dans 0,6 mL de solution) ;
  • pour MOUNJARO 5 mg/dose : 4 doses de 5 mg (chaque dose contient 5 mg dans 0,6 mL de solution).

Description du stylo KWIKPEN

Le stylo est muni d’un capuchon, d’un indicateur de dose, et d’un bouton d’injection (cf. Illustration). 

Illustration - Composants du stylo Mounjaro KWIKPEN
 (d'après la page 190 du résumé des caractéristiques du produit)

Les consignes suivantes doivent être expliquées aux patients : 

  • une nouvelle aiguille compatible doit être utilisée avant chaque injection, puis jetée après l'injection (dans une boîte pour déchets d'activités de soins à risques infectieux [DASRI]). Avant de visser l'aiguille sur le stylo, il est nécessaire de nettoyer la membrane en caoutchouc rouge avec du coton. L'aiguille ne doit pas être laissée sur le stylo après l'injection ; 
  • une purge doit être réalisée avant la première injection, pour éliminer l’air de la cartouche contenue dans le stylo ; 
  • le stylo doit être conservé au réfrigérateur entre 2 et 8 °C. Après la première utilisation, il peut être conservé en dehors du réfrigérateur pendant une durée maximale de 30 jours à une température inférieure à 30 °C. Passé ce délai, il doit être jeté ;
  • le capuchon doit être remis sur le stylo après chaque utilisation.

Recommandations posologiques : schéma de prise hebdomadaire

MOUNJARO est injecté par voie sous-cutanée dans l’abdomen, la cuisse ou le haut du bras, selon un schéma d'injection hebdomadaire : 

  • dose initiale de tirzépatide : 2,5 mg 1 fois par semaine ;
  • après 4 semaines, augmentation à 5 mg 1 fois par semaine ; 
  • puis, si nécessaire, augmentation par paliers de 2,5 mg après un minimum de 4 semaines. Les doses d’entretien recommandées sont de 5 mg, 10 mg et 15 mg, et au maximum de 15 mg une fois par semaine.

Le traitement peut être administré à toute heure de la journée, au moment ou en dehors des repas.

Les sites d’injection doivent être alternés à chaque administration. Si un patient est également sous insuline, il doit injecter MOUNJARO dans un site d’injection différent.

Adaptation de la posologie des autres médicaments du diabète

Lorsque le tirzépatide est ajouté à un traitement en cours par metformine et/ou inhibiteur du cotransporteur de sodium-glucose de type 2 (iSGLT2), la dose en cours de metformine et/ou d’iSGLT2 peut être conservée.

Lorsque le tirzépatide est ajouté à un traitement en cours par sulfamide hypoglycémiant et/ou insuline, une diminution de la dose de sulfamide hypoglycémiant ou d’insuline peut être envisagée afin de réduire le risque d’hypoglycémie.

Une auto-surveillance glycémique est nécessaire pour ajuster la dose de sulfamide hypoglycémiant et d’insuline. L’adoption d’une approche progressive de la réduction de la dose d’insuline est recommandée.

En raison de l'action de MOUNJARO sur la vidange gastrique, il est également recommandé de surveiller les patients prenant des médicaments oraux ayant un index thérapeutique étroit (par exemple : warfarine, digoxine), en particulier au début du traitement par tirzépatide et après une augmentation de dose.

Conseils aux patients : hydratation correcte et autres points de vigilance

MOUNJARO peut être à l'origine d'effets indésirables gastro-intestinaux entraînant un risque de déshydratation et une détérioration de la fonction rénale. Il est recommandé de surveiller l'hydratation pour éviter une perte hydrique et des troubles électrolytiques.

Les autres éléments à partager avec le patient sont : 

  • risque de pancréatite aiguë : les signes sont une douleur intense et persistante au niveau de l’estomac, qui peut se déplacer dans le dos. Le patient doit consulter immédiatement un médecin ; 
  • risque d'hypoglycémie : adapter le traitement antidiabétique ; 
  • grossesse ou femme en âge de procréer : les effets sur le fœtus ne sont pas connus. L'utilisation d'une contraception pendant le traitement par MOUNJARO est recommandée chez les femmes en âge de procréer ;
  • en cas d'anesthésie générale ou de sédation profonde : signaler la prise de MOUNJARO. Comme les autres aGLP-1, le tirzépatide expose à un risque d'aspiration pulmonaire dans ces situations en raison de son action sur la vidange gastrique (cfnotre article du 23 juillet 2024). 

Identité administrative

Liste I
Prescription initiale par un médecin spécialiste en endocrinologie-diabétologie-nutrition ou compétent en nutrition (titulaire d’un diplôme d'études spécialisées complémentaires [DESC], d’une formation spécialisée transversale [FST] ou d’une validation des acquis de l'expérience [VAE] de nutrition)
Renouvellement non restreint
MOUNJARO 2,5 mg/dose KWIKPEN : boîte de 1 stylo prérempli de 2,4 mL (4 doses de 0,6 mL), CIP 3400930292907
MOUNJARO 5 mg/dose KWIKPEN : boîte de 1 stylo prérempli de 2,4 mL (4 doses de 0,6 mL), CIP 3400930292914
Non remboursable et non agréé aux collectivités à la date du 19 novembre 2024 (cf. Encadré)
Laboratoire Lilly

Encadré - Un avis favorable de la Commission de la transparence

À la date du 19 novembre 2024, MOUNJARO n'est pas inscrit sur la liste des spécialités remboursables et n'est pas agréé aux collectivités. Les arrêtés sont en attente de publication au Journal officiel

La Commission de la transparence (CT) a déjà émis deux avis favorables à la prise en charge de MOUNJARO par la collectivité dans les deux indications (diabète et obésité) [2, 3] : 

  • Dans le diabète de type 2 : avis favorable au remboursement sur la base des études SURPASS [4567] versus placebo, sémaglutide, insuline dégludec, insuline glargineinsuline lispro, avec un service médical rendu (SMR) modéré uniquement chez les adultes pour le traitement du diabète de type 2 insuffisamment contrôlé en complément d’un régime alimentaire et d’une activité physique :
    • en bithérapie avec la metformine,
    • en trithérapie avec la metformine et un sulfamide hypoglycémiant,
    • en trithérapie avec la metformine et une insuline basale ;
  • Dans le contrôle du poids : avis favorable au remboursement en s'appuyant sur des études SURMOUNT [8, 9, 10versus placebo et incluant différents contextes d’obésité ou de surpoids (patient diabétique type 2, après un programme hygiéno-diététique intensif, en maintien de la perte de poids), avec un SMR important  uniquement en complément d’un régime hypocalorique et d’une augmentation de l’activité physique dans le contrôle du poids, notamment pour la perte de poids et le maintien du poids, chez les patients adultes ayant un indice de masse corporelle (IMC) initial ≥ 35 kg/m², en cas d’échec d’une prise en charge nutritionnelle bien conduite (< 5 % de perte de poids à six mois). La CT stipule notamment la supériorité du tirzépatide par rapport au placebo sur des critères de perte de poids dans 4 études cliniques de phase III, réalisées chez 3 141 patients ayant reçu au moins une dose de tirzépatide [3], avec :
    • une variation moyenne de perte de poids après 72 semaines de traitement (cocritère de jugement principal), d’environ 3 % dans les groupes placebo, de -13 à -24 % dans les groupes tirzépatide selon les doses et les études,
    • un pourcentage de patients ayant obtenu une réduction du poids corporel > 5 % après 72 semaines de traitement (cocritère de jugement principal) de 11 % à 30 % dans les groupes placebo et d’environ 95 % dans les groupes tirzépatide tous dosages confondus dans les études SURMOUNT 1 à 3,
    • une variation moyenne de poids entre les semaines 36 et 88, allant de +15 % dans le groupe placebo à -7 % dans le groupe tirzépatide tous dosages dans l’étude SURMOUNT-4.

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