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Mpox : le JO précise les conditions de la vaccination

Un arrêté publié au Journal officiel du 23 octobre 2024 précise les modalités de la vaccination contre le Mpox : quelle est la population cible ? Qui sont les professionnels de santé habilités par dérogation ? Quels vaccins ? Qui les fournit ? Où ? Quelle rémunération ? Réponses.

Laurence Houdouin 07 novembre 2024 Image d'une montre7 minutes icon Ajouter un commentaire
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L’objectif de cette campagne est la vaccination de l’ensemble de la population cible fin 2024.

L’objectif de cette campagne est la vaccination de l’ensemble de la population cible fin 2024.Inside Creative House / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images

Résumé

Un arrêté publié au Journal officiel du 23 octobre 2024 définit les conditions de vaccination contre le Mpox et plus particulièrement : 

  • les personnes pouvant être vaccinées contre le Mpox définies dans les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) et du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) ;
  • les vaccins à utiliser : 
    • IMVANEX suspension injectable,
    • JYNNEOS suspension injectable en flacon.
  • l'achat, l'importation (pour JYNNEOS), le stockage et la mise à distribution (gratuite) sous la responsabilité de Santé publique France (SPF) ;
  • les lieux d'administration des vaccins : tous les établissements de santé, les centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic (Cegidd), les établissements et organismes habilités, ainsi que les pharmacies d'officine désignées par l'agence régionale de santé ;
  • les professionnels de santé habilités par dérogation à prescrire et/ou administrer les vaccins selon certaines conditions : infirmiers et médecins retraités, étudiants en soins infirmiers ou en médecine, préparateurs en pharmacie ;
  • la rémunération forfaitaire fixée par dérogation pour plusieurs catégories de professionnels de santé. 

Entre le 1er janvier et le 29 octobre 2024, 195 cas de Mpox ont été déclarés à SPF et seuls des virus Monkeypox de clade II ont été détectés par le CNR des Orthopoxvirus.

Un arrêté publié au Journal officiel du 23 octobre 2024 [1] abroge l’arrêté de juillet 2022 relatif à la vaccination contre le Mpox (anciennement variole du singe) et actualise les modalités de cette vaccination.

Qui est concerné par cette vaccination ?

Peuvent être vaccinées les « personnes à risque d’exposition » au virus et/ou ayant eu « un contact à risque identifié » définies dans les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) [2] et du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) [3] (cf. Encadrés 1 et 2).  

Les deux stratégies vaccinales préconisées en 2022 (en prévention et post-exposition), qui ont été reconduites par la HAS début septembre 2024, sont donc toujours d’actualité (cf. notre article du 5 septembre 2024). La seule modification introduite début septembre 2024 concernait les personnes vaccinées pendant la campagne de 2022 qui doivent recevoir une dose de rappel.

 Une carte des centres opérationnels, en charge de cette campagne de vaccination sur le territoire, est régulièrement mise à jour. L'objectif est la vaccination de la population cible d’ici la fin de l’année 2024.

Encadré 1 - Vaccination préventive

Une vaccination préventive est recommandée chez :

  • les personnes à haut risque d’exposition [2] :
    • les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) et les personnes trans rapportant des partenaires sexuels multiples,
    • les personnes en situation de prostitution,
    • les professionnels des lieux de rencontre sexuelle, quel que soit le statut de ces lieux,
    • les partenaires ou les personnes partageant le même lieu de vie que les personnes mentionnées ci-dessus ;
  • les professionnels de santé à risque d’exposition (y compris les personnels de laboratoire) ;
  • les voyageurs [3] :
    • ayant des pratiques sexuelles à risque de Mpox indépendamment de la destination (voir ci-dessus) ;
    • se rendant dans une zone de circulation active du Mpox de clade 1 (a et/ou b) notamment :
      • les soignants et les travailleurs humanitaires,
      • les personnes originaires des zones de circulation active visitant leurs proches (ou pour d'autres raisons) et à risque d’exposition (séjour à forte promiscuité, partage de literie, relations sexuelles…),
      • les personnes immunodéprimées : leur déconseiller le voyage car risque de forme grave voire de décès et les vacciner si le voyage est maintenu.

Le voyage dans une telle zone de circulation active est déconseillé chez les enfants et les femmes enceintes/allaitant car :

  • il y a un risque de transmission materno-fœtale et périnatale,
  • les enfants sont à risque de formes sévères, et les formes graves sont possibles chez le nouveau-né,
  • le vaccin n'a pas d'autorisation de mise sur le marché (AMM) dans ces populations (à envisager au cas par cas) ;

Tous les voyageurs doivent appliquer les mesures barrières  :

  • éviter tout contact avec un animal sauvage vivant ou mort de type rongeur ou primate,
  • ne pas ingérer de la viande de brousse,
  • éviter les rassemblements à risque de contact cutanéomuqueux,
  • rester à distance des sujets présentant des lésions cutanées compatibles avec le Mpox.

 Encadré 2 - Vaccination réactive

La vaccination réactive s’adresse (dans les 4 jours suivant le premier contact à risque idéalement et au plus tard dans les 14 jours) :

  • aux personnes ayant eu un contact à risque ;
  • aux personnes immunodéprimées ayant eu un contact étroit avec une personne-contact à risque.

Un contact est considéré à risque quand il y a eu (sans protection efficace) :

  • un contact prolongé (sans notion de durée) avec la peau lésée ou les fluides biologiques d’une personne infectée ;
  • un contact avec des ustensiles, des surfaces et tissus touchés par la personne.

Les rapports sexuels sont toujours considérés comme « à risque » avec ou sans préservatif.

Quels vaccins ?

Deux vaccins dits de « troisième génération » produits par la firme danoise Bavarian Nordic peuvent être utilisés (cf. notre article du 2 juin 2022) :

Ces vaccins vivants sont issus de la souche virale hautement atténuée, modified vaccinia Ankara virus de Bavarian Nordic (MVA-BN). Ils présentent l’avantage d’être non réplicatifs (c’est-à-dire qu’ils ne peuvent pas se multiplier dans l’organisme humain).

Ces deux vaccins sont très semblables en termes d’efficacité et de profil de tolérance.

Qui fournit les vaccins ?

Santé publique France (SFP) et/ou le service de santé des armées sont chargés d’acheter, d’importer (pour JYNNEOS), de stocker les vaccins et de les mettre à disposition gratuitement.

En outre, SFP assure la livraison des vaccins aux différents endroits où ils peuvent être administrés c'est-à-dire :

  • les pharmacies à usage intérieur qui ont la possibilité d’approvisionner :
    • les établissements de santé,
    • les centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic (Cegidd),
    • les établissements et organismes habilités.   
  • les pharmacies d’officine volontaires et désignées par le directeur général de l’agence régionale de santé selon différents critères.

Une dérogation pour certains professionnels de santé

Une dérogation autorise les professionnels de santé suivants à prescrire et/ou administrer les vaccins :

  • les médecins retraités sont habilités à les prescrire et les administrer ;
  • les infirmiers retraités sont habilités à les administrer sur prescription médicale et à les prescrire s'ils ont suivi la formation requise lors de leur activité ;
  • les étudiants en soins infirmiers ayant validé leur 1re année de formation, les étudiants de 2e cycle des études de médecine, les étudiants de 2e et 3e années du 1er cycle des études de médecine en présence d’un médecin ou d’un infirmier ;
  • les préparateurs en pharmacie sous réserve d'avoir reçu une formation adaptée et sous la supervision d'un pharmacien.

Par ailleurs, l’arrêté précise que : « Les établissements de santé qui assurent la vaccination contre le virus du monkeypox et qui ont recours, pour cette campagne, à la participation de ces professionnels pourront bénéficier d'une compensation forfaitaire versée par l'Assurance maladie ».

Une rémunération à l’heure, à la demi-journée d’activité ou à l’acte

Médecins, infirmiers, étudiants...

Les professionnels de santé qui participent à cette campagne vaccinale « dans un cadre collectif en dehors des conditions habituelles d'exercice ou en dehors de leur obligation de service » sont rémunérés selon un forfait à l’heure (cf. Tableau 1) ou à la demi-journée (cf. Tableau 2).

Tableau 1 - Tarifs au forfait à l'heure
  Entre 8h et 20h Entre 20h et 23h ou entre 6h et 8h Entre 23h et 6h ou dimanche/jour férié
Étudiants en soins infirmiers 12 euros 18 euros 24 euros

Étudiants en 2e cycle de médecine et infirmiers retraités

24 euros 36 euros 48 euros
Étudiants en 3e cycle de médecine et médecins retraités 50 euros 75 euros 100 euros

 

Tableau 2 - Tarifs à la demi-journée
  Intervention inférieure à 4h hors week-end -forfait horaire Intervention inférieure à 4h samedi après-midi/dimanche/jour férié-forfait horaire Demi-journée de 4h minimum hors week-end Demi-journée de 4h minimum samedi après-midi/dimanche/jour férié
Médecins libéraux ou dans un centre de santé 80 euros 105 euros 320 euros 420 euros
Infirmiers diplômés d’État libéraux 42 euros 54 euros 162 euros 216 euros

... et pharmaciens d’officine

Les pharmaciens exerçant dans les officines dûment désignées peuvent facturer un montant de 9,61 euros pour la prescription et l'administration de l'un des deux vaccins, montant intégralement pris en charge par l'assurance maladie.

Traçabilité et pharmacovigilance

Enfin, la traçabilité des vaccins est assurée par l'établissement pharmaceutique de l'Agence nationale de santé publique. L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) est chargée de mettre en place une pharmacovigilance renforcée.

Chiffres clés de l’épidémie entre janvier et fin octobre 2024

Au 29 octobre 2024, 195 cas de Mpox ont été déclarés à SPF depuis le 1er janvier 2024, dont 5 sur les 7 derniers jours [4] :

  • près de la moitié des cas (n=93 ; 48 %) ont déclaré ne pas savoir s’ils avaient eu un contact à risque avec un cas de Mpox dans les 3 semaines précédant les premiers symptômes ;
  • 44 % des personnes contaminées (n=85) résidaient en région Île-de-France ;
  • seuls des virus Monkeypox de clade II ont été détectés par le CNR des Orthopoxvirus ;
  • il s’agit uniquement d’adultes dont 188 hommes et 7 femmes.
Sources

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