Le voxélotor est un inhibiteur de la polymérisation de l'hémoglobine S (HbS).Iryna Imago / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images
Le comité des médicaments à usage humain (CHMP) de l'Agence européenne du médicament (EMA) a recommandé, à titre de précaution, la suspension de l'autorisation de mise sur le marché (AMM) d'OXBRYTA 500 mg comprimé pelliculé (voxélotor - cf. Encadré) [1].
En parallèle, le laboratoire Pfizer a décidé de « retirer et de rappeler ce médicament de tous les pays où il est disponible, et d’arrêter les essais cliniques en cours, les programmes d’usage compassionnel et d’accès précoce », indique l'Agence européenne.
EDIT du 10 octobre 2024 [3] : tous les lots d'OXBRYTA détenus dans les pharmacies à usage intérieur (PUI) font l'objet d'un rappel /FIN EDIT.
Traitement de l’anémie hémolytique causée par la drépanocytose chez les adultes et les adolescents âgés de 12 ans et plus, en monothérapie ou en association avec l’hydroxyurée. |
L'EMA examine les données de sécurité d'OXBRYTA
Ces deux décisions résultent de nouvelles données de sécurité suggérant une fréquence plus élevée de crises vaso-occlusives (CVO) pendant le traitement par OXBRYTA, en comparaison à avant le début du traitement. « Les crises vaso-occlusives font partie des complications les plus courantes de la drépanocytose ; elles impliquent des épisodes de douleur aiguë et peuvent entraîner d'autres complications de santé, telles que l'arthrite, l'insuffisance rénale et l'accident vasculaire cérébral », rappelle l'EMA qui indique poursuivre la réévaluation du rapport bénéfice/risque de ce médicament.
Cette réévaluation a été initiée en juillet 2024 alors que les données d'un essai clinique mené versus placebo ont montré qu'un nombre plus élevé de décès sont survenus chez les patients traités par OXBRYTA, et qu'un autre essai a montré que le nombre total de décès était plus élevé que prévu.
« Dans l’ensemble, ces données soulèvent de sérieuses inquiétudes quant à la sécurité d’OXBRYTA », résume l'Agence européenne.
Arrêt du traitement et surveillance des patients
Dans l'attente de ses conclusions, l’EMA recommande aux médecins :
- de ne pas commencer à administrer OXBRYTA à de nouveaux patients ;
- de contacter les patients actuellement traités par OXBRYTA pour arrêter le traitement et discuter des options de traitement alternatives ;
- de maintenir une surveillance des patients pour détecter d’éventuels effets indésirables après l’arrêt d'OXBRYTA.
En France, OXBRYTA a été disponible dans le cadre d'une autorisation d'accès précoce (AAP) de 2022 à septembre 2024. Cette AAP a été arrêtée le 21 septembre 2024 ; un arrêté publié au Journal officiel du 20 septembre 2024 [2] a mis un terme au remboursement d’OXBRYTA au titre de son AAP, à la demande de Pfizer de renoncer à une prise en charge dans le droit commun.
EDIT du 10 octobre 2024 [3, 4] : En France, les patients sous OXBRYTA sont directement contactés par leur médecin prescripteur. Ce dernier va prévoir avec eux les modalités d'arrêt du traitement et envisager les alternatives thérapeutiques disponibles.
Aucun nouveau patient ne doit débuter un traitement par OXBRYTA.
Il n’est pas exclu que l’arrêt brutal d’OXBRYTA puisse induire un rebond de la maladie. Les patients doivent être vigilants quant aux situations pouvant favoriser l’apparition d’une crise. Dès les premiers signes, ils doivent consulter le médecin ou contacter un service d’urgence /FIN EDIT.
[1] L’EMA recommande la suspension du médicament OXBRYTA contre la drépanocytose (EMA, 26 septembre 2024)
[2] Arrêté du 13 septembre 2024 relatif à l'arrêt de la prise en charge précoce de spécialités pharmaceutiques au titre de l'article L. 162-16-5-1 du code de la sécurité sociale – OXBRYTA (Journal officiel du 20 septembre 2024, texte 9)
[3] OXBRYTA (voxelotor) : conduite à tenir après la suspension de l'autorisation de mise sur le marché (ANSM, 9 octobre 2024)
[4] Lettre aux professionnels de santé - Suspension de l'AMM d'OXBRYTA (sur le site de l'ANSM, octobre 2024)
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