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IMJUDO : nouveau médicament hospitalier dans le traitement des cancers du foie et du poumon

IMJUDO est un nouvel anticorps monoclonal (trémélimumab) indiqué en oncologie, dans le traitement du carcinome hépatocellulaire et dans le traitement du cancer du poumon. Il est réservé à l'usage hospitalier. 

David Paitraud 19 septembre 2024 Image d'une montre7 minutes icon Ajouter un commentaire
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Le trémélimumab est un anti-CTLA-4, protéine qui contrôle l’activité des lymphocytes T.

Le trémélimumab est un anti-CTLA-4, protéine qui contrôle l’activité des lymphocytes T.Artur Plawgo / iStock / Getty Images Plus / via Getty Images

Résumé

IMJUDO 20 mg/mL solution à diluer pour perfusion est un nouveau médicament hospitalier indiqué en oncologie dans certaines formes de cancer du foie (carcinome hépatocellulaire) et de cancer du poumon (cancer bronchique non à petites cellules). Dans ces indications, IMJUDO est utilisé avec le durvalumab (IMFINZI). 

IMJUDO se présente en solution à diluer avant la perfusion. Un flacon de 15 mL contient 300 mg de trémélimumab.

La dose de trémélimumab à administrer dépend de l'indication et du poids du patient. 

IMJUDO est injecté en perfusion intraveineuse. 

Un ensemble d'éléments biologiques et cliniques doivent être surveillés afin de détecter et de prendre en charge un événement indésirable. 

IMJUDO est réservé à l'usage hospitalier, et sa prescription est restreinte. 

En oncologie, IMJUDO 20 mg/mL solution à diluer pour perfusion (trémélimumab) est un nouveau médicament indiqué :

  • en association avec le durvalumab (IMFINZI), dans le traitement de première ligne des patients adultes atteints d'un carcinome hépatocellulaire (CHC) avancé ou non résécable (cf. notre article du 10 septembre 2024 portant sur l'extension de prise en charge d’IMFINZI dans le carcinome hépatocellulaire en association avec le trémélimumab (IMJUDO), à la suite d'une extension d’indication obtenue en 2023) ;
  • en association avec le durvalumab et une chimiothérapie à base de platine, dans le traitement de première ligne des patients adultes atteints d'un cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) métastatique en l'absence de mutation activatrice de l'EGFR ou de l'ALK.

Avant sa commercialisation effective et sa prise en charge dans le droit commun, IMJUDO a bénéficié d’une autorisation d’accès compassionnel en association avec le durvalumab, puis d’une autorisation d’accès précoce post-AMM en 2023.

IMJUDO fait l'objet d'une surveillance supplémentaire qui permettra l'identification rapide de nouvelles informations relatives à la sécurité. Les professionnels de santé déclarent tout effet indésirable suspecté.

Un nouvel anticorps monoclonal

IMJUDO est le premier médicament à base de trémélimumab, un nouvel anticorps monoclonal. Le trémélimumab est un anti-CTLA-4, protéine qui contrôle l'activité des lymphocytes T. Ce mode d'action contribue à augmenter l’activation et la prolifération des lymphocytes T, et par conséquent leur activité antitumorale. 

Pour rappel, le durvalumab (IMFINZI). Il a une action anti-PD-L1, avec pour conséquences une augmentation des réponses immunitaires antitumorales et une augmentation de l’activation des lymphocytes T.

L’association du trémélimumab et du durvalumab contribue à renforcer l’activation et le fonctionnement des lymphocytes T antitumoraux à plusieurs étapes de la réponse immunitaire.

Un SMR important restreint à certaines situations thérapeutiques

Dans son avis du 20 août 2024 [1] portant uniquement sur le traitement du carcinome hépatocellulaire, la Commission de la transparence (CT) a attribué à IMJUDO un service médical rendu (SMR) important dans une indication plus restreinte que celle de l’autorisation de mise sur le marché (AMM), à savoir : 

  • le traitement de première ligne des patients adultes atteints d'un carcinome hépatocellulaire (CHC) avancé ou non résécable uniquement chez les patients avec une fonction hépatique préservée (stade Child-Pugh A), un score ECOG 0 ou 1, et non éligibles aux traitements locorégionaux ou en échec à l’un de ces traitements.

Le SMR est jugé insuffisant dans les autres situations prévues par cette indication, compte tenu de l’absence de données en dehors de la population précitée.

L'amélioration du service médical rendu (ASMR) est jugée mineure par rapport au sorafénib (NEXAVAR). 

Selon l'étude de phase 3 HIMALAYA, la supériorité de l’association IMJUDO (trémélimumab) et IMFINZI (durvalumab) est démontrée par rapport au sorafenib, avec un gain de 2,66 mois en termes de survie globale :

  • 16,43 mois dans le groupe durvalumab en association avec trémélimumab 300 mg contre 13,77 mois dans le groupe sorafénib.

La CT note également que dans cette indication, « il persiste un besoin médical à disposer de médicaments améliorant la survie globale et la qualité de vie de ces patients ».

Néanmoins, la CT souligne que la portée des résultats de l'étude HIMALAYA est limitée par différents points, dont le « profil de toxicité marqué principalement par un surcroît d’événements indésirables graves (40,5 % dans le groupe D+T 300 mg et de 29,7 % dans le groupe S) ».

À la date du 19 septembre 2024, la CT n'a pas émis d’avis concernant l’autre indication d'IMJUDO, dans le cancer du poumon. 

IMJUDO en pratique

IMJUDO se présente en flacon unidose de 15 mL contenant 300 mg de trémélimumab (20 mg/mL). Le flacon est muni d'un bouchon et d'une capsule de type flip-off bleu foncé. Il doit être conservé au réfrigérateur, entre 2 et 8 °C.

IMJUDO doit toujours être dilué avant utilisation : 

  • prélever le volume requis du(des) flacon(s) d'IMJUDO et le transférer dans une poche pour perfusion intraveineuse contenant une solution injectable de chlorure de sodium à 9 mg/mL (0,9 %) ou une solution injectable de glucose à 50 mg/mL (5 %) ;
  • mélanger la solution diluée en retournant délicatement la poche. La concentration finale de la solution diluée doit être comprise entre 0,1 mg/mL et 10 mg/mL ; 
  • jeter la solution restant dans le flacon (flacon à usage unique).

Après dilution, IMJUDO est administré en perfusion intraveineuse sur une durée de 1 heure.

Recommandations posologiques

La dose recommandée d'IMJUDO est présentée dans le tableau 1 dans la monographie VIDAL. Elle tient compte de l’indication et du poids du patient : 

  • carcinome hépatocellulaire : 300 mg d'IMJUDO en 1 seule dose administrée en association avec 1 500 mg d’IMFINZI au jour 1 du cycle, suivis d’IMFINZI en monothérapie. Pour les patients de 40 kg ou moins, la dose recommandée d'IMJUDO est de 4 mg/kg ;
  • cancer bronchique non à petites cellules : 75 mg d'IMJUDO en association avec 1 500 mg de durvalumab et une chimiothérapie à base de platine toutes les 3 semaines (21 jours) pendant 4 cycles (12 semaines). La dose d'IMJUDO recommandée est de 1 mg/kg chez les patients de 34 kg ou moins. 

Surveillance des patients

La suspension ou l’arrêt du traitement doit être envisagé selon la sévérité des effets indésirables (pneumopathie, hépatite, troubles digestifs, endocriniens, rénaux, cutanés, cardiaque, etc.). Les recommandations sont définies dans le tableau 2 de la monographie VIDAL d'IMJUDO.

Un ensemble d'éléments doit être surveillé pour identifier et prendre en charge les éventuels effets indésirables associés au traitement par IMJUDO sur les plans : 

  • respiratoires : signes et symptômes de pneumopathie inflammatoire ;
  • hépatiques : surveiller les taux d'alanine aminotransférase, d'aspartate aminotransférase, de bilirubine totale et de phosphatase alcaline, avant l'initiation du traitement et avant chaque perfusion ultérieure ; 
  • digestifs : signes et symptômes de colite/diarrhée et de perforation intestinale ; 
  • pancréatiques : signe ou symptôme de pancréatite à médiation immunitaire ; 
  • endocriniens :
    • tests de la fonction thyroïdienne pour déceler d'éventuelles anomalies, avant et périodiquement au cours du traitement et tel qu'indiqué en fonction de l'évaluation clinique,
    • signes et symptômes cliniques :
      • d'insuffisance surrénalienne,
      • de diabète sucré de type 1,
      • d'hypophysite ou d'hypopituitarisme ; 
  • rénaux : évaluation de la fonction rénale pour déceler d'éventuelles anomalies, avant et périodiquement pendant le traitement ; 
  • cutanés : signes et symptômes d'éruption cutanée ou de dermatite ; 
  • cardiaques : signes et symptômes de myocardite à médiation immunitaire.

Autres événements indésirables : myasthénie grave, myosite, polymyosite, méningite, encéphalite, syndrome de Guillain-Barré, thrombopénie immunitaire, cystite non infectieuse, arthrite à médiation immunitaire et uvéite.

Identité administrative

  • Liste I
  • Médicament réservé à l’usage hospitalier
  • Prescription réservée aux spécialistes en oncologie ou aux médecins compétents en cancérologie
  • Surveillance particulière pendant le traitement
  • Flacon de 15 mL, CIP 3400955094579
  • Agrément aux collectivités [2] (cf. Encadré)
  • Inscription pour la prise en charge en sus des GHS [3] (cf. Encadré)
  • Laboratoire AstraZeneca
Encadré - Périmètre de prise en charge d'IMJUDO (septembre 2024)

En association avec le durvalumab, dans le traitement de première ligne des patients adultes atteints d'un carcinome hépatocellulaire (CHC) avancé ou non résécable uniquement chez les patients avec une fonction hépatique préservée (stade Child-Pugh A), un score ECOG 0 ou 1, et non éligibles aux traitements locorégionaux ou en échec à l'un de ces traitements.

 

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