Un cas de choléra a été détecté à Mayotte le 18 mars 2024 chez une personne provenant des Comores.rarrarorro / iStock/Getty Images Plus / via Getty Images
À la suite de l'identification d'un premier cas de choléra à Mayotte, un dispositif de dépistage est mis en place. Il s'inscrit dans le cadre d'un plan d'action plus large visant à éviter une propagation du vibrion sur l'ensemble de cette île, alors qu'une épidémie est observée aux Comores.
Le dispositif de dépistage repose notamment sur l'utilisation d'un test rapide d'orientation diagnostique (TROD) réalisé sur un échantillon de selles. Un récent arrêté ministériel permet à certains professionnels de santé (médecins, infirmiers, sages-femmes, biologistes et techniciens de laboratoire médical, chirurgiens-dentistes, masseurs kinésithérapeutes, pharmaciens d'officine et préparateurs, aides-soignants et auxiliaires de puériculture, vétérinaires), à des étudiants en santé (troisième cycle de médecine et pharmacie) et aux sapeurs-pompiers professionnels et volontaires de pratiquer ce test chez des personnes susceptibles d'être contaminées.
Les professionnels concernés doivent bénéficier d'une formation spécifique au TROD Vibrio cholerae. Ils doivent respecter les bonnes pratiques définies dans l'arrêté du 19 mars 2024 :
- critères de sélection du test ;
- bonnes pratiques de réalisation ;
- bonnes pratiques de remise du résultat.
À ce jour, la vaccination anticholérique en population générale ne se justifie pas à Mayotte.
Dans le cadre des mesures d'urgence prises pour éviter la propagation du choléra sur l'île de Mayotte (cf. Encadré 1), le ministère de la Santé autorise les professionnels suivants à réaliser des tests rapides d'orientation diagnostique (TROD) [1] pour dépister les personnes susceptibles d'être contaminées par le Vibrio cholerae :
- les médecins, les sages-femmes, les chirurgiens-dentistes, les infirmiers, les masseurs kinésithérapeutes ;
- les biologistes médicaux et les techniciens de laboratoire médical exerçant dans le laboratoire de biologie médicale ;
- les pharmaciens d'officine et les préparateurs en pharmacie exerçant dans l'officine de pharmacie ;
- les aides-soignants et les auxiliaires de puéricultures sous la supervision d'un infirmier diplômé d’État ;
- les étudiants en troisième cycle des formations en médecine et en pharmacie ;
- les vétérinaires ;
- les sapeurs-pompiers professionnels et volontaires titulaires de la formation d'équipier dans le domaine d'activité du secours d'urgence aux personnes.
Dans les territoires français de l'Océan indien, un premier cas de choléra confirmé a été enregistré le 18 mars 2024, chez une personne en provenance des Comores [2]. Un cas a également été enregistré à La Réunion le 20 mars, chez une personne ayant séjourné en Inde [3]. Une épidémie de choléra est actuellement en cours en Union des Comores. La proximité avec Mayotte a conduit l'Agence régionale de santé (ARS) et la préfecture à mettre en place, dès février, un plan d'action visant à endiguer la transmission de la bactérie et son implantation sur le territoire mahorais. Le premier cas identifié à Mayotte a été pris en charge au sein de la cellule « choléra » du centre hospitalier mahorais, afin de stabiliser son état de santé. En parallèle, une opération a été menée au domicile de ce patient :
À La Réunion, la situation est très surveillée et les mesures de précaution nécessaires (dont le contact tracing) sont mises en œuvre. Contrairement à Mayotte, le risque de propagation sur le territoire est considéré de niveau faible. |
Le TROD vibrio cholerae pour dépister rapidement
Pour rappel, le choléra est une toxi-infection digestive provoquant une perte d'eau et d'électrolytes [4]. Elle se contracte par ingestion d'eau ou d'aliments contaminés par les bacilles Vibrio cholerae des sérogroupes O1 et O139 toxinogènes. Moins de 20 % des malades développent l'ensemble des symptômes typiques du choléra.
Dans les cas les plus sévères, le choléra se manifeste par de violentes diarrhées « en eau de riz » et des vomissements à l'origine d'une déshydratation. En l'absence de traitement, le décès survient rapidement (de 1 à 3 jours).
Le choléra est une maladie à déclaration obligatoire.
Le TROD constitue une réponse rapide de détection de Vibrio cholerae O1 et/ou O139 (agents pathogènes responsables du choléra), d'où son intérêt pour éviter la propagation de la maladie. Il est réalisé sur un prélèvement de selles humaines [5].
L'arrêté du 19 mars 2024 encadre la réalisation de ce TROD dans les conditions suivantes :
- les professionnels ont au préalable bénéficié d'une formation spécifique ;
- le test est utilisé conformément aux indications de la notice d'utilisation et aux recommandations de bonnes pratiques précisées en annexe de l'arrêté (cf. Encadré 2) ;
- le consentement « libre et éclairé » des personnes dépistées doit être recueilli (ou celui du ou des représentants légaux pour les mineures), et une information des avantages et des limites respectives de chacun de ces tests doit être transmise.
Les TROD utilisés doivent avoir un marquage CE ou, à défaut, disposer d'une autorisation spécifique de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).
Le professionnel qui réalise le test vérifie :
Une procédure d'assurance qualité est rédigée par le professionnel effectuant les TROD et gardée à disposition pour être consultée lors de la réalisation des tests. Elle est composée de deux parties :
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Pas de vaccination en population générale, mais des consignes d'hygiène et de prévention
À ce jour, la vaccination en population générale ne se justifie pas à Mayotte, ni pour les voyageurs. La vaccination n'est recommandée que pour :
- les personnes dites « de première ligne » : SAMU, soignants de l’unité « choléra » du centre hospitalier, ambulanciers, agents du centre de rétention administrative (CRA), agents de la lutte contre l’immigration clandestine (LIC), agents s’occupant du ramassage des déchets contaminés, associations et autres personnes amenées à intervenir autour des cas ;
- la communauté vivant à proximité d’un cas de choléra.
La vaccination est réalisée avec le vaccin oral recombinant inactivé DUKORAL suspension et poudre effervescente pour suspension buvable. Ce vaccin n'est efficace que sur Vibrio cholerae O1.
Dans sa foire aux questions (FAQ) [6], l'ARS de Mayotte précise que tout cas confirmé bénéficiera d’un traitement à deux niveaux :
- un traitement permettant d’éliminer la bactérie avec la prise d’antibiotique ;
- un traitement permettant de réduire les risques de déshydratation.
Les personnes suivantes doivent s'isoler, s'hydrater avec de l'eau potable et appeler immédiatement le 15 :
- celles souffrant de diarrhées ET ayant séjourné aux Comores ou en Afrique continentale depuis moins de 10 jours ;
- ou en contact étroit avec une autre personne revenant d’un de ces pays depuis moins de 10 jours ;
- ou ayant consommé des produits frais apportés des Comores dans les 10 jours ;
- ou souffrant de diarrhées aqueuses aiguë et d’une déshydratation sévère ;
- ou souffrant de diarrhées après avoir été en contact avec un cas suspect de choléra.
Pour les personnes se rendant aux Comores, il est recommandé d'appliquer les mesures d'hygiène :
- se laver les mains très régulièrement à l'eau savonneuse ou utiliser un gel hydroalcoolique ;
- privilégier la consommation d'eau embouteillée.
[1] Arrêté du 19 mars 2024 autorisant l'utilisation de tests rapides d'orientation diagnostique du choléra à Mayotte (Journal officiel du 21 mars 2024, texte 34)
[2] Communiqué de presse - Identification d'un premier cas de choléra à Mayotte (ARS Mayotte et préfecture de Mayotte, 19 mars 2024)
[3] Un cas importé de choléra à la Réunion en provenance d'Inde (ARS Réunion, 21 mars 2024)
[4] Le choléra (Santé publique France, 9 mai 2022)
[5] Note technique provisoire - Utilisation de tests de diagnostic rapide du choléra (GTFCC, novembre 2016)
[6] Foire aux questions : choléra (ARS Mayotte, 12 février 2024)
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