Interview du docteur Hélène Laroche, médecin spécialisée dans les infections à VIH.Infographie VIDAL réalisée par Marion Grillon et Emma Courtes.
- Podcast - Une ligne d'assistance téléphonique réservée aux médecins généralistes de la région PACA-Corse sur la prophylaxie préexposition (PrEP) au VIH a été créée par l'AP-HM. L'objectif est d'accompagner les médecins et de promouvoir ce dispositif. Cette initiative n'est pas nationale : elle répond à une stagnation, voire une diminution de la prescription des PrEP en PACA.
TRANSCRIPTION
VIDAL News. Parole d'expert. David Paitraud reçoit le docteur Hélène Laroche, médecin spécialisée dans les infections à VIH à l'hôpital Sainte-Marguerite de Marseille.
La PrEPline, c'est quoi ?
David Paitraud. Depuis le 1er juin 2021, les médecins généralistes peuvent prescrire en primo-prescription la prophylaxie préexposition au VIH, plus communément appelée la PrEP. Selon les dernières données du groupement d'intérêt scientifique EPI-PHARE, les généralistes sont de plus en plus nombreux à recourir à cette prescription, mais des freins persistent. Et pour lever ces freins, des médecins hospitaliers proposent des solutions. L'une d'entre elles s'appelle PrEPline. Elle est portée par l'AP-HM à Marseille.
Hélène Laroche, vous êtes médecin spécialisée dans les infections à VIH à l'hôpital Sainte-Marguerite à Marseille et vous êtes à l'origine - avec d'autres médecins - de cette initiative régionale pour accompagner les généralistes de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) pour prescrire la PrEP. Quel est le principe ?
Hélène Laroche. La PrEPline est une ligne d'assistance téléphonique via un numéro unique à destination des médecins de la région PACA-Corse pour les accompagner dans la prescription de la PrEP en ville. Ce dispositif est disponible depuis le 1er décembre 2023 et permet de mettre en relation des médecins directement avec des médecins spécialisés dans la prévention du VIH, donc dans la PrEP.
Cette mise en relation est directe. Il n'y a pas d'intermédiaire et permet d'accéder à des médecins spécialistes des Bouches-du-Rhône via ce numéro unique. La PrEP est vraiment révolutionnaire dans la prévention des infections à VIH et présente un intérêt individuel indiscutable avec une efficacité proche de 100 % lorsqu'elle est bien prise, avec une réelle efficacité aussi au niveau collectif. D'où l'intérêt de développer ce dispositif en ville.
Pourquoi avoir créé la PrEPline ?
David Paitraud. Quelle a été la genèse de cette initiative ?
Hélène Laroche. Comme vous l'avez dit, la PrEP ne cesse de se développer en France depuis qu'elle est accessible depuis 2016. Néanmoins, il persiste des territoires, notamment la région PACA où la prescription de la PrEP est en train de ralentir. Dans certains départements, comme le Var ou le Vaucluse, on voit une baisse quasiment de 20 à 25 % des initiations de la PrEP.
Récemment, via l'association « Vers Marseille sans sida et sans hépatites » qui s'est créée, nous, médecins hospitaliers - les médecins de mon équipe - on s'est posé la question : « Comment, concrètement, pouvait-on aider au développement de cet outil de prévention du VIH en ville ? » On a regardé les travaux de thèse de médecins généralistes et il en est sorti deux points majeurs :
- d'une part, un manque de formation et d'information des médecins de ville. C'est la raison pour laquelle nous avons travaillé sur un Guide de la prescription de la PrEP en ville ;
- d'autre part, la nécessité pour les soignants de ville d'avoir recours facilement à un médecin spécialiste, un référent régional sur la PrEP.
Nous savions qu'il y avait déjà des dispositifs similaires avec d'autres spécialités comme la médecine interne, l'infectiologie générale ou l'hématologie. On s'est dit : « Pourquoi ne pas le faire aussi pour la PrEP ? »
Comment fonctionne la PrEPline concrètement ?
David Paitraud. Je suis médecin généraliste. J'appelle la PrEPline. Quelles sont les réponses que je peux y trouver ?
Hélène Laroche. La PrEPline est une ligne d'assistance téléphonique via un numéro unique 04 85 626 626, ouverte du lundi au vendredi de 10 à 18 heures, qui vous met directement en relation avec un médecin spécialisé. Si vous voulez adresser une demande par mail, c'est également possible à preplinepaca@gmail.com.
Les questions que vous pouvez poser peuvent porter éventuellement sur :
- les critères d'indication :
- sur quels critères on va prescrire ou pas une PrEP ?
- quels sont les freins éventuels rencontrés par les médecins ou les patients pour instaurer une PrEP ?
- l'efficacité ;
- les schémas, le schéma continu, le schéma discontinu ;
- les posologies ;
- les effets indésirables. Malheureusement, quand on parle des antirétroviraux, on pense souvent aux anciens médicaments du VIH à l'époque des années sida où il y avait beaucoup d'effets indésirables. Alors que la PrEP, ce n'est pas du tout le cas. On peut rassurer sur ce point et accompagner les médecins quand des effets indésirables se présentent.
- la santé sexuelle en général ;
- la prévention de la santé par la vaccination ;
- la prise en charge des infections sexuellement transmissibles (IST) ;
- la gestion des problèmes d'inobservance de patients ;
- des découvertes de VIH lors d'un bilan pré-PrEP...
De nombreuses questions peuvent être abordées lors de ces appels.
Quel accueil par les médecins généralistes ?
David Paitraud. Comment les médecins généralistes accueillent-ils la PrEPline quelques semaines après la mise en place de cette ligne téléphonique ?
Hélène Laroche. On a de très bons retours de ces premiers appels des médecins généralistes. Ils sont vraiment contents d'avoir l'avis d'un spécialiste directement.
Encore une fois, c'est un outil qui a été pensé après des analyses de travaux de médecine générale pour essayer de répondre, au plus près, aux besoins des médecins dans leur pratique générale.
Quelle suite pour cette initiative ?
David Paitraud. Quelle suite est-ce que vous pensez donner à la PrEPline ?
Hélène Laroche. La suite pour nous est avant tout de faire connaître ce dispositif, qu'il se diffuse au sein du territoire. Quand on habite à Marseille, c'est plus facile d'avoir un avis avec un référent spécialisé dans le VIH ou dans la PrEP. Mais dans les territoires plus éloignés, cela peut être plus compliqué. L'idée est vraiment d'essayer de travailler sur la diffusion de cet outil.
Dans un second temps, on va travailler pour généraliser cet outil dans d'autres villes, au niveau national, voire si cela pourrait intéresser d'autres territoires. Et pourquoi pas diffuser cet outil pour d'autres prises en charge telles que, par exemple, celle des personnes infectées par le VIH.
Conclusion
Hélène Laroche. Comme vous le savez, malheureusement, la démographie médicale ne va pas dans le bon sens et il y aura beaucoup de départs à la retraite de médecins spécialisés dans le VIH dans les prochaines années. Forcément, cela va se répercuter sur les prises en charge des médecins de ville.
Je pense que ce type de dispositif devrait voir le jour dans d'autres domaines que la PrEP.
David Paitraud. Merci beaucoup Hélène Laroche. On vous souhaite bon courage dans la suite de cette PrEPline.
Hélène Laroche. Merci à vous.
Interview : David Paitraud, pharmacien
Montage : Robin Benatti & David Paitraud
Remerciements : Docteur Hélène Laroche, médecin spécialisée dans les infections à VIH à l'hôpital Sainte-Marguerite de Marseille
PrePline : 04 85 626 626 du lundi au vendredi de 10h à 18h
Guide La PrEP en médecine de ville - mémo pratique (élaboré dans le cadre de « Vers Marseille sans SIDA et sans hépatites »)
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