Une démarche qui s'inscrit dans le cadre du plan national de lutte contre l'antibiorésistance.
La Haute Autorité de santé (HAS) a émis une recommandation de bonne pratique relative aux antibiogrammes ciblés en cas d'infection urinaire de la femme [1, 2], à l'intention des biologistes et de tous les cliniciens intervenant dans leur prise en charge.
Cette recommandation vise à favoriser le recours aux antibiogrammes ciblés dans les cas d'examens cytobactériologiques des urines (ECBU) positifs à entérobactéries en population féminine adulte (à partir de 12 ans).
Elle constitue le premier volet d'une démarche de labellisation des travaux de la Société française de microbiologie (SFM) et la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF).
Cette démarche s'inscrit dans le cadre du plan national de lutte contre l'antibiorésistance (2022-2025) et répond à une des mesures de la feuille de route interministérielle pour la maîtrise de l’antibiorésistance publiée en novembre 2016 :
- la limitation de la liste des antibiotiques testés transmise au clinicien pour les antibiogrammes effectués dans les infections urinaires afin de restreindre la prescription des antibiotiques dits « critiques » en santé humaine.
Un rendu partiel des résultats
L’antibiogramme ciblé est un outil pour améliorer les pratiques professionnelles et le bon usage des antibiotiques. Il consiste à « rendre une partie des résultats des antibiotiques testés afin d’épargner les antibiotiques dits « critiques » en raison de leur fort impact écologique dans le cadre de la démarche de lutte contre l’antibiorésistance », explique la HAS.
L'antibiogramme ciblé repose sur les principes généraux suivants :
- privilégier le rendu des molécules au spectre le plus étroit possible ;
- éviter de rendre les antibiotiques critiques en raison de leur spectre large et de leur capacité à sélectionner des résistances (fluoroquinolones et carbapénèmes en particulier).
Présentation de l'antibiogramme ciblé
L’antibiogramme ciblé concerne le rendu des molécules, et non pas la liste des molécules testées.
Des commentaires sont ajoutés pour aider le prescripteur dans l’interprétation et/ou le choix de l’antibiotique.
L’antibiogramme complet, incluant l’ensemble des molécules testées par le laboratoire, doit toujours rester disponible sur demande pour le clinicien.
Pour réaliser les antibiogrammes ciblés, les biologistes doivent disposer des informations cliniques par les prescripteurs.
Dans le cas des infections urinaires de la femme faisant l'objet de cette première recommandation, trois tableaux décisionnels de rendu sont proposés :
- antibiogramme ciblé en cas d'ECBU positif aux entérobacteries, en l'absence de renseignements cliniques, selon le phénotype de résistance ;
- antibiogramme ciblé en cas d'ECBU positif aux entérobacteries, en cas de cystite, selon le phénotype de résistance ;
- antibiogramme ciblé en cas d'ECBU positif aux entérobacteries, en cas de pyélonéphrite, selon le phénotype de résistance.
Dans ces tableaux, les molécules citées sur l'antibiogramme ciblé sont identifiées par une case orange ; celles qui ne doivent pas figurer sur l'antibiogramme ciblé, sauf en cas de résistance, sont identifiées par une case colorée en gris clair (cf. Encadré).
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Une actualisation à venir pour intégrer les infections urinaires masculines et pédiatriques
La HAS prévoit une actualisation des recommandations pour y intégrer :
- les infections urinaires masculines chez l’adulte (à partir de 16 ans) ;
- les infections urinaires pédiatriques (filles de moins de 12 ans et garçons de moins de 16 ans).
[1] Antibiogrammes ciblés pour les infections urinaires à entérobactéries dans la population féminine adulte (à partir de 12 ans) (HAS, 10 octobre 2023)
[2] Antibiogrammes ciblés pour les infections urinaires à entérobactéries dans la population féminine adulte (à partir de 12 ans) - Recommandation et tableaux décisionnels (HAS, 5 octobre 2023)
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