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Cas de botulisme alimentaire à Bordeaux : prise en charge et traitement par antitoxine botulique

À la suite du signalement de cas probables de botulisme alimentaire à Bordeaux (dont un décès), la DGS appelle les professionnels de santé à la vigilance et rappelle les modalités de demande de l'antitoxine botulique. Une alerte internationale a été lancée par le Ministère.

David Paitraud 14 septembre 2023 Image d'une montre4 minutes icon Ajouter un commentaire
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En France, la majorité des cas de botulisme correspondent à une intoxication alimentaire. 

En France, la majorité des cas de botulisme correspondent à une intoxication alimentaire. 

Dix cas cliniquement évocateurs de botulisme alimentaire (cf. Encadré) ont été signalés à l'Agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine le 12 septembre 2023 [1].

Encadré - Le botulisme en bref [1, 2]

Le botulisme est une affection neurologique grave (mortelle dans 5 à 10 % des cas) provoquée par une toxine très puissante produite par la bactérie Clostridium botulinum. Cette maladie est à déclaration obligatoire

En France, la majorité des cas de botulisme correspondent à des intoxications alimentaires (botulisme alimentaire), par ingestion de la toxine produite par C. botulinum dans des aliments conservés n’ayant pas subi de processus poussé de stérilisation : salaisons, charcuteries ou encore conserves d’origines familiale ou artisanale.

Il existe deux autres formes de botulisme observées : le botulisme par colonisation (après ingestion de spores de C. botulinum) et le botulisme par blessure (contamination d'une plaie).

Les mesures de prévention du botulisme reposent sur les règles d'hygiène simples lors de préparation de conserves familiales. Les toxines botuliques sont thermolabiles et détruites par ébullition pendant 10 minutes.
Les procédés de conservations d’aliments d’origine industrielle ou artisanale (température, concentration saline, pH) doivent être scrupuleusement respectés afin de prévenir la formation de spores par Clostridium botulinum. 

Douze cas probables, neuf malades hospitalisés, un décès

À la suite des premières investigations, les autorités de santé indiquent que les victimes, pour la plupart d'origine anglo-saxonne (Américains, Canadiens, Allemands), ont fréquenté le même restaurant (Tchin Tchin Wine Bar) à Bordeaux entre les 4 et 10 septembre 2023. Toutes ont consommé des sardines en conserve faites maison par le restaurateur. Ces conserves font l'objet d'analyses par le Centre national de référence du botulisme pour confirmation biologique du botulisme.

Au 12 septembre 2023, le bilan s'élevait à 8 personnes hospitalisées (Bordeaux et Île-de-France) dont 7 personnes en réanimation ou en unité de surveillance continue et 1 décès (Île-de-France).

Le 13 septembre 2023, 12 cas probables étaient recensés dont 9 à Bordeaux (8 encore hospitalisés au CHU) et 2 en Île-de-France (une personne hospitalisée et une autre décédée).

Une alerte internationale a été lancée par le ministère de la Santé via un réseau européen et un réseau mondial de l'OMS pour que les pays puissent alerter leur population et identifier rapidement des victimes potentielles. 

La DGS appelle les professionnels de santé à la vigilance

Cette intoxication alimentaire a fait l'objet d'une alerte nationale le 12 septembre 2023. Dans un DGS-Urgent [3], la direction générale de la Santé (DGS) indique que « la survenue d’autres cas, dans les prochains jours, en lien avec cet établissement n’est pas exclue » étant donné le temps d'incubation de botulisme alimentaire, estimé en moyenne entre 12 et 72 heures (minimum-maximum : 2 heures à 8 jours). 

Les professionnels de santé doivent être particulièrement attentifs aux symptômes évocateurs d'un botulisme alimentaire : 

  • des signes digestifs précoces pouvant être fugaces (douleurs abdominales, nausées, vomissements et diarrhée) ;
  • une atteinte oculaire (défaut d’accommodation, vision floue ou double) ;
  • une sécheresse de la bouche accompagnée d’un défaut de déglutition voire d’élocution ;
  • ou des symptômes neurologiques (fausses routes, paralysie plus ou moins forte des muscles).

Il n’y a habituellement pas de fièvre.

Un traitement symptomatique, voire par antitoxine botulique dans les cas graves

« Le traitement du botulisme est essentiellement symptomatique et requiert, dans les formes sévères, des soins respiratoires intensifs avec ventilation assistée », précise la DGS. 

Une sérothérapie à partir d’antitoxine botulique peut être envisagée dans les formes sévères, dans les heures ou les premiers jours après le début des symptômes, afin de raccourcir le temps d’hospitalisation.

Un seul médicament d’antitoxine botulique est actuellement disponible dans le cadre d'une autorisation d’accès compassionnel (AAC)

  • BAT (Botulism Antitoxin Heptavalent A, B, C, D, E, F, G) : ce médicament est formulé à partir de fragments d'anticorps F(ab')2 préparés à partir de plasma de chevaux immunisés avec un sérotype spécifique d'anatoxine botulique. Il dispose d'une autorisation de mise sur le marché (AMM) américaine pour le traitement du botulisme symptomatique à la suite d'une exposition documentée ou suspectée aux neurotoxines botuliques A, B, C, D, E, F, G chez l'adulte et l'enfant. Il est administré en perfusion intraveineuse (après dilution de la solution).

La DGS rappelle aux établissements hospitaliers les modalités de demande de ce médicament : 

  • demande d'autorisation d’accès compassionnel (AAC) via la plateforme e-Saturne ;
  • une fois l’AAC validée, commande du médicament auprès de Santé publique France (stock d'État) à l'adresse email : alerte@santepubliquefrance.fr. Les demandes sont traitées 24h/24 et 7 jours/7.

 

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