Une exception pour les vaccins vivants chez les personnes immunodéprimées.
Suivant les avis favorables de la Haute Autorité de santé (HAS), le gouvernement a autorisé par décret et arrêtés publiés au Journal officiel du 9 août 2023 l'extension des compétences vaccinales pour les sages-femmes, les pharmaciens et les infirmiers :
- pour les sages-femmes : élargissement de la cible vaccinale (prescription et injection) à toute la population (sauf exception) ;
- pour les infirmiers (libéraux, de pharmacie à usage intérieur [PUI] et de laboratoire de biologie médicale) et les pharmaciens (pharmacies d'officine, mutualistes, de secours minières, de PUI et biologistes) : autorisation de prescrire les vaccins mentionnés dans le calendrier vaccinal chez toute personne de 11 ans et plus (sauf exception), et d'administrer ces vaccins dans cette population (soit une extension de l'acte d'administration vaccinale chez les 11-15 ans) ;
- pour les médecins biologistes : autorisation de prescrire et d'administrer les vaccins ;
- pour les étudiants en troisième cycle des études de médecine et de pharmacie : autorisation d'administrer – sous la supervision d'un maître de stage – les vaccins du calendrier (quel que soit l'âge du patient pour les étudiants en médecine, et à partir de 11 ans pour les étudiants en pharmacie).
L'exception majeure à la prescription vaccinale par les pharmaciens, les infirmiers et les sages-femmes s'appliquent aux vaccins vivants chez les personnes immunodéprimées. La prescription de ces vaccins doit rester de la compétence médicale.
Ces dispositions sont entrées en vigueur le 10 août ; elles sont conditionnées à une formation et à une déclaration de l'activité vaccinale auprès des Ordres professionnels.
Les textes réglementaires relatifs à l'extension des compétences vaccinales attribuées aux professionnels de santé suivants ont été publiés au Journal officiel du 9 août 2023 [1, 2, 3, 4, 5] :
- sages-femmes ;
- infirmiers (exercice libéral, exercice en pharmacie à usage intérieur [PUI] ou en laboratoire de biologie médicale) ;
- pharmaciens exerçant en pharmacie d'officine, pharmacie mutualiste ou de secours minière ;
- pharmaciens exerçant en PUI ;
- biologistes médicaux, médecins et pharmaciens autorisés à exercer les fonctions de biologiste médical ;
- étudiants en troisième cycle des études de médecine et de pharmacie.
Ces dispositions réglementaires prévues dans la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2023 (article 33) s'appuient sur des avis de la Haute Autorité de santé (HAS) formulés en janvier et juin 2022 [6, 7]. La HAS s'était positionnée en faveur d'une extension des compétences vaccinales afin de faciliter l'accès à la vaccination et d'améliorer la couverture vaccinale en France.
Sages-femmes : une population plus large
Selon ces textes, les sages-femmes peuvent désormais :
- prescrire l'ensemble des vaccins du calendrier vaccinal (cf. Encadré 1) à toutes les personnes pour lesquelles ces vaccinations sont recommandées, à l'exception des vaccins vivants atténués chez des personnes immunodéprimées (cf. Encadré 2) ;
- administrer les vaccins du calendrier vaccinal à toutes les personnes pour lesquelles ces vaccinations sont recommandées ;
- pour la grippe, prescrire et administrer le vaccin à toutes les personnes, ciblées ou non par les recommandations.
Auparavant, la population éligible à la vaccination (prescription et injection) par les sages-femmes était plus restreinte (femme, enfant, entourage de l'enfant).
*vaccins vivants atténués |
Conformément aux recommandations de la HAS, la prescription d'un vaccin vivant chez des enfants et des adultes immunodéprimés doit rester de la compétence du seul médecin, du fait des risques associés et de la complexité des schémas vaccinaux. |
Pharmaciens d'officine et infirmiers autorisés à prescrire, et à vacciner dans une population pédiatrique élargie
Les pharmaciens d'officine, les pharmaciens exerçant en pharmacie mutualiste et de secours minière, et les infirmiers peuvent désormais :
- prescrire, sous condition de formation, l'ensemble des vaccins du calendrier vaccinal (cf. Encadré 1) à partir de l'âge de 11 ans, à l'exception des vaccins vivants atténués chez les personnes immunodéprimées (cf. Encadré 2) ;
- administrer ces vaccins chez les 11 ans et plus (l'âge minimum était fixé à 16 ans auparavant), pour l'ensemble des vaccins du calendrier vaccinal ;
- prescrire et administrer les vaccins contre la grippe saisonnière aux personnes de 11 ans et plus, ciblées ou non par les recommandations vaccinales.
Pharmacies à usage intérieur et laboratoires de biologie médicale : des vaccinateurs en plus
Ces textes réglementaires autorisent par ailleurs la prescription et l'administration des vaccins du calendrier vaccinal (cf. Encadré 1) chez les personnes à partir de 11 ans (hors vaccins vivants chez des sujets immunodéprimés - cf. Encadré 2), par :
- les pharmaciens et infirmiers exerçant en PUI, uniquement aux personnes prises en charge par l'établissement dont ils relèvent et aux personnels ;
- les biologistes médicaux, les médecins et pharmaciens autorisés à exercer les fonctions de biologiste médical, les infirmiers exerçant au sein du laboratoire de biologie médicale.
Étudiants en médecine et pharmacie : administration sous supervision
Les étudiants en troisième cycle des études de médecine et de pharmacie sont autorisés à administrer, sous la supervision d'un maître de stage :
- pour les étudiants en médecine : l'ensemble des vaccins du calendrier vaccinal (cf. Encadré 1), à toutes les personnes auxquelles ils sont recommandés, ainsi que le vaccin antigrippal à tous, ciblés ou non ;
- pour les étudiants en pharmacie : les vaccins du calendrier vaccinal (cf. Encadré 1) et le vaccin contre la grippe saisonnière aux personnes âgées de 11 ans et plus.
Traçabilité et information du patient
La vaccination par ces professionnels de santé implique d'inscrire dans le carnet de santé, le carnet de vaccination ou le dossier médical partagé de la personne vaccinée :
- ses noms et prénoms d'exercice ;
- la dénomination du vaccin administré, son numéro de lot et la date de son administration.
À défaut de cette inscription, le professionnel délivre à la personne vaccinée une attestation de vaccination qui comporte ces informations.
En l'absence de dossier médical partagé et sous réserve du consentement de la personne vaccinée, il transmet ces informations au médecin traitant désigné. Cette transmission s'effectue par messagerie sécurisée (lorsqu'elle existe).
La formation, une condition obligatoire
Un des arrêtés du 8 août 2023 (publié le 9 août 2023) [3] définit le cadre de la formation à suivre pour prescrire et administrer les vaccins. Lorsque le professionnel (sauf le médecin biologiste) n'a pas suivi d'enseignement (sur l'administration ou la prescription pour le pharmacien, ou sur la prescription pour l'infirmier) dans le cadre de sa formation initiale, il doit suivre une formation comportant deux modules :
- un module sur la prescription, d'une durée de 10 heures et 30 minutes ;
- un module sur l'administration, d'une durée de 7 heures (ce module peut être déjà validé pour les pharmaciens qui pratiquent déjà l'administration de vaccins).
L'activité de vaccination (administration et/ou prescription de vaccins) doit faire l'objet d'une déclaration, accompagnée des attestations de formation, auprès des conseils de l'Ordre des pharmaciens (pharmaciens d'officine, de PUI ou biologistes) ou des infirmiers. Elle peut commencer « dès la réception de la déclaration ».
Outre la formation, des conditions techniques doivent être respectées pour l'acte de vaccination :
- des équipements (table, bureau, chaise, fauteuil) et locaux adaptés (espace de confidentialité) ;
- un point d'eau pour le lavage des mains ou une solution hydroalcoolique ;
- une enceinte réfrigérée avec enregistrement et monitorage de la température s'agissant des pharmacies (ville et PUI) ;
- le matériel d'injection et une trousse de première urgence ;
- des dispositions d'élimination des déchets à risque infectieux ;
- du matériel informatique de traçabilité de vaccinations.
[1] Décret n° 2023-737 du 8 août 2023 relatif aux compétences vaccinales des sages-femmes (Journal officiel du 9 août 2023, texte 42)
[2] Décret n° 2023-736 du 8 août 2023 relatif aux compétences vaccinales des infirmiers, des pharmaciens d'officine, des infirmiers et des pharmaciens exerçant au sein des pharmacies à usage intérieur, des professionnels de santé exerçant au sein des laboratoires de biologie médicale et des étudiants en troisième cycle des études pharmaceutiques (Journal officiel du 9 août 2023, texte 41)
[3] Arrêté du 8 août 2023 fixant le cahier des charges relatif aux conditions techniques à respecter pour exercer l'activité de vaccination et les objectifs pédagogiques de la formation à suivre par certains professionnels de santé en application des articles R. 4311-5-1, R. 5125-33-8, R. 5126-9-1 et R. 6212-2 du code de la santé publique (Journal officiel du 9 août 2023, texte 51)
[4] Arrêté du 8 août 2023 fixant la liste des vaccins que certains professionnels de santé et étudiants sont autorisés à prescrire ou administrer et la liste des personnes pouvant en bénéficier en application des articles L. 4311-1, L. 4151-2, L. 5125-1-1 A, L. 5126-1, L. 6212-3 et L. 6153-5 du code de la santé publique (Journal officiel du 9 août 2023, texte 52)
[5] Arrêté du 8 août 2023 fixant la liste et les conditions de vaccinations donnant lieu à la tarification des honoraires de vaccination dus au pharmacien d'officine en application du 14° de l'article L. 162-16-1 du code de la sécurité sociale (Journal officiel du 9 août 2023, texte 55)
[6] Avis favorable à un élargissement des compétences vaccinales chez les enfants (HAS, 28 juin 2022)
[7] Élargir les compétences de trois professions de santé pour faciliter la vaccination (HAS, 28 janvier 2022)
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