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Médicaments potentiellement inappropriés et polymédication chez le sujet âgé : toujours trop

Polymédication, médicaments potentiellement inappropriés : les personnes âgées y sont très souvent confrontées avec un risque de survenue d’effets indésirables.

Patricia Thelliez 27 juillet 2023 Image d'une montre5 minutes icon 1 commentaire
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Un risque de morbi-mortalité accru.

Un risque de morbi-mortalité accru.

Résumé

Le recours à des médicaments potentiellement inappropriés (MPI), définis comme ceux ayant un rapport bénéfice-risque défavorable chez les personnes âgées, ainsi que la polymédication, représentent une source d’événements indésirables bien connue.

Mais quelle est leur fréquence en France ? C’est à cette question qu’une équipe d’EPI-PHARE a voulu répondre en s’appuyant sur les données de l’Assurance maladie recueillies de 2011 à 2019.

S’il a été constaté une baisse au cours de cette période, les chiffres de l’année 2019 n’en demeurent pas moins toujours particulièrement élevés.

Les médicaments potentiellement inappropriés (MPI) sont définis comme ceux qui devraient être évités chez les personnes âgées en raison d’un mauvais rapport bénéfice-risque. Leur prescription constitue aujourd’hui une préoccupation majeure, de même que la polymédication, puisqu’elles peuvent être source d’une morbi-mortalité accrue.

Le groupement d’intérêt scientifique (GIS) EPI-PHARE (créé par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé [ANSM] et la Caisse nationale d’Assurance maladie [CNAM]) a mené une large étude de 2011 à 2019 afin de pouvoir apprécier l’évolution de la prescription de MPI et de la polymédication chez les sujets âgés.

Au premier abord, on ne peut que se réjouir, car la prévalence de la prescription de MPI (estimée à partir de critères adaptés de l’outil Beers’ and STOPP [Screening Tool of Older People’s Prescriptions]) a baissé au cours de la période analysée, passant de 49,6 % à 39,6 % [1].

Au moins un MPI dans 40 % des cas et au moins dix médicaments dans 25 % des cas

Néanmoins, les chiffres restent toujours élevés. En attestent les résultats concernant l’année 2019 obtenus sur un échantillon de plus de 6 millions de sujets de ≥ 75 ans [2].

Au total 39,6 % ont été exposés à au moins un MPI : 21 % en ont reçu deux, 10,3 % trois et 10,9 % quatre MPI ou plus (cf. Figure 1).

 

Figure 1 - MPI et polymédication (Infographie VIDAL - Marion Grillon)

Les benzodiazépines arrivent largement en tête (26,9 %) suivies des médicaments atropiniques (8,3 %), des anti-inflammatoires non stéroïdiens (7,8 %), de l’utilisation concomitante de trois molécules ou plus actives sur le système nerveux central ([SNC] ; 7,3 %) et d’antihypertenseurs (6 %).

Les femmes (59,9 % de l’échantillon) et les sujets plus âgés (≥ 85 ans ; 35,9 %) étaient les plus concernés avec des taux de prescription d'au moins un MPI de respectivement 44,6 % et 42,1 %.

Par ailleurs, une polymédication (de 5 à 9 médicaments) a été mise en évidence chez 46,7 % des patients et surtout une hyperpolymédication (≥ 10 médicaments) dans 25,2 % des cas (cf. Figure 1).

Ehpad versus vie à domicile : des différences concernant les molécules prescrites

Dans une analyse publiée antérieurement portant sur les données recueillies entre avril et juin 2019 [3], l’accent a été mis sur les différences pouvant exister selon le lieu de vie.

Deux populations âgées de 75 ans et plus ont été comparées : près de 275 000 résidents en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et environ 5 millions de personnes non institutionnalisées (cf. Figure 2). Les prévalences de MPI ont été comparées avec un ajustement sur l’âge, le sexe, plusieurs maladies chroniques et la polymédication.

 

Figure 2 - MPI : Ehpad versus vie à domicile (Infographie VIDAL - Marion Grillon)

Il est apparu que 54 % des résidents en Ehpad et 29 % des sujets âgés vivant à domicile avaient reçu au moins un MPI. Après ajustement, la prévalence des MPI était 33 % plus élevée chez les premiers (RPa : 1,33 ; IC95%[1,33-1,34]).

En Ehpad, les patients ont reçu plus souvent des benzodiazépines (PRa : 1,33). Puis suivaient les anticholinergiques (PRa : 1,29) et la codispensation d’au moins trois médicaments agissant sur le SNC (PRa : 1,94).

En revanche, la prévalence de la prescription d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (PRa : 0,5) et de benzodiazépines à longue durée d’action (PRa : 0,84) était moindre chez les personnes institutionnalisées que chez celles vivant à domicile

Sans surprise, la fréquence plus élevée d’ordonnances inadéquates, en institution comme en ville, était associée à la polymédication, à des troubles psychiatriques, neurologiques ou à des maladies dégénératives.

Pour une réévaluation régulière des prescriptions

Au total, selon les résultats d’EPI-PHARE, environ 40 % de la population des 75 ans et plus en France sont concernés par la prescription de MPI. Et près de la moitié sont polymédicamentés, un quart avec 10 médicaments ou plus (cf. Figure 1).

Environ la moitié des personnes institutionnalisées et un tiers de celles habitant en ville avaient été exposées à au moins un MPI sur une période 3 mois (cf. Figure 2).

Des chiffres qui montrent qu’il existe encore des améliorations à apporter en termes de sécurisation des prescriptions dans cette population.   

À cet égard, dans un article publié en 2022 sur Vidal.fr [4], à la suite d'un entretien avec le Dr Lorène Zerah (service de gériatrie de l’hôpital Pitié-Salpêtrière à Paris), il était souligné que si la polymédication peut être justifiée chez le sujet âgé, encore faut-il qu’elle soit appropriée. Une réévaluation régulière des prescriptions est de ce fait essentielle.

 

Commentaires

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MAPALUZO Il y a 7 mois 0 commentaire associé

Il faudrait déjà que les résidents aient toujours un médecin traitant.

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