Surpoids de l’enfant : le dispositif « Retrouve ton cap »

Dans son guide du parcours de soins « surpoids et obésité chez l’enfant et l’adolescent(e) » [1], la Haute Autorité de santé (HAS) préconise, dès le diagnostic d’un surpoids ou d’une obésité, une évaluation multidimensionnelle pour accompagner les changements des habitudes de vie et agir précocement en cas de difficultés psychologiques, alimentaires ou sociales. Le dispositif « Mission : retrouve ton cap » devrait faciliter cette évaluation ainsi qu’une prise en charge personnalisée et graduée chez les enfants en surpoids, mais aussi chez ceux à risque de le devenir.

Le contexte

• En France, en 2017, 18 % des adolescents en classe de 3^e étaient en surcharge pondérale dont 5 % étaient obèses [2]. 50 à 70 % des enfants obèses à la puberté le restent à l’âge adulte [3].
• L’obésité de l’enfant est une maladie multifactorielle à forte prédisposition génétique. Des antécédents familiaux de surpoids (notamment chez les parents) représentent un facteur de risque majeur d’obésité.
• L’influence du niveau social est très marquée : 24 % des enfants d’ouvriers sont en surcharge pondérale (dont 8 % sont obèses) contre 12 % pour les enfants de cadres (dont 3 % d’obèses) [2].
• En dehors des complications somatiques, le surpoids peut avoir des répercussions psychosociales et émotionnelles importantes (notamment à cause de la stigmatisation dont sont victimes les enfants et les adolescents). D’où l’intérêt de proposer un suivi/soutien psychologique en complément du suivi médical et nutritionnel.
• Le médecin traitant a un rôle central dans le parcours de soins d’un enfant en surpoids. L’éducation thérapeutique est essentielle. Le changement sur le long terme des habitudes de vie vise à une stabilisation de la prise pondérale.

Le dispositif

« Mission : retrouve ton cap » est un dispositif destiné à prévenir le surpoids et l’obésité infantile à l’aide d’une prise en charge pluridisciplinaire (diététique, psychologique, activité physique) [4] :

• assurée par des professionnels de santé dans des structures de proximité ;
• remboursée à 100 % par l’Assurance maladie sans avance de frais, ni dépassement d'honoraires.

L’Assurance maladie insiste sur le fait que « l’objectif de cette prise en charge qui s’étend sur deux ans est que la famille et l’enfant deviennent autonomes et acteurs de leur santé et non pas dépendants de l’accompagnement ».

L’évaluation

Avant sa généralisation sur l’ensemble du territoire français en novembre 2022, « Mission : retrouve ton cap » a fait l’objet d’une évaluation dans le cadre de l’article 51 de la loi de financement de la Sécurité sociale de 2018. Pour rappel, cet article vise notamment à « promouvoir des organisations innovantes contribuant à améliorer le parcours des patients, l’efficience du système de santé, l’accès aux soins ou encore la pertinence de la prescription des produits de santé ».

Le dispositif a été testé de janvier 2018 à fin décembre 2020 dans les territoires du Nord-Pas-de-Calais, de la Seine-Saint-Denis et de La Réunion auprès d’enfants de 3 à 8 ans en surpoids ou à risque d’obésité. Au total, près de 1 150 médecins dont 92 % de médecins généralistes ont prescrit le dispositif et plus de 2 000 enfants ont été inclus au sein de 41 structures [5].

Des résultats modestes, mais significatifs

Les résultats montrent que :

• dans 9 cas sur 10, le dispositif a permis à des enfants en situation de surpoids ou d’obésité d’accéder pour la première fois à une prise en charge de leur situation ;

• 52 % des enfants ont vu leur situation s’améliorer (diminution du Z-score de l’indice de masse corporelle [IMC]) et 8 % leur situation se stabiliser (pas d’évolution du Z-score de l’IMC) ; dans 40 % des cas, le Z-score de l'IMC a augmenté.

• 82 % des enfants ont au moins changé une habitude alimentaire. Plus précisément, il a été constaté que :
  • 55 % des enfants mangent moins souvent entre les quatre principaux repas,
  • 43 % mangent plus souvent des fruits et des légumes,
  • 44 % prennent moins souvent des boissons sucrées à l’occasion des repas,
  • 17 % prennent plus souvent un petit déjeuner (plus de 8 enfants sur 10 le faisaient déjà au moins 4 fois par semaine). 

Par ailleurs, plus de la moité des répondants ont constaté des effets positifs sur les habitudes alimentaires de toute la famille. 

Qui peut en bénéficier ?

Ce dispositif est destiné aux enfants de 3 à 12 ans révolus :

• en surpoids ou en obésité non complexe ;
• et/ou présentant des signes d’alerte sur leur courbe de corpulence associés à un risque de développer un surpoids ou une obésité :
  • un rebond d’adiposité précoce (avant 5 ans et particulièrement si avant 3-4 ans),
  • un changement rapide de couloir vers le haut sur la courbe de corpulence.

Qui peut le prescrire ?

Ce parcours de soins peut être prescrit par :

• le médecin généraliste de l’enfant ;
• le pédiatre ;
• le médecin des services de la protection maternelle et infantile ;
• le médecin scolaire (en informant le médecin de l'enfant qui assurera le suivi du parcours).

La prescription peut s’effectuer sur l’ordonnance dédiée disponible sur amelipro ou sur une ordonnance classique en respectant les modalités de prescription (cf. modèle amelipro [4]).

Pour rappel, depuis le 1^er novembre 2017, une nouvelle tarification est proposée pour les consultations « suivi de l’obésité » effectuées par le médecin traitant et visant à prendre en charge des enfants de 3 à 12 ans en risque avéré d’obésité (rémunération de 46 euros deux fois par an).

Quels bilans ? Quel suivi ?

• Un bilan diététique est systématiquement effectué et permet d’entrer dans le dispositif ;
• Puis, en fonction de ses besoins, et au cours d’une période de deux ans, chaque enfant peut bénéficier d’un bilan psychologique et/ou d’un bilan d’activité physique qui sera suivi ou non d’une séquence de six séances de suivi nutritionnel et/ou psychologique renouvelables deux fois sur prescription médicale.

Les comptes rendus des rendez-vous nutritionnels, psychologiques ou d’activité physique sont envoyés au médecin prescripteur.

Où consulter ?

• La prise en charge doit être réalisée dans une structure référencée au préalable auprès de la caisse d’Assurance maladie de rattachement. Au total, près de 320 établissements (centres de santé et maisons de santé pluriprofessionnelles) sont actuellement référencés.
• Pour savoir où adresser l'enfant : liste des structures par département (PDF), actualisée chaque mois.

Fin mai 2023, il y avait au moins une structure référencée dans 76 % des départements.

En un clic

Pour accéder rapidement à toutes les informations concernant ce dispositif, mais aussi tous les documents/fiches pratiques de l’Assurance maladie [6] à destination des professionnels de santé et des patients concernant la prévention de l’obésité : entrez le mot clé « obésité » dans le moteur de recherche sur la page d’accueil du site d’Ameli : ameli.fr.