#Santé publique #COVID-19

Transmission de la Covid-19 : le rôle central des enfants et des écoles confirmé

Les données épidémiologiques pointent le rôle central que les enfants et les établissements scolaires jouent dans la dissémination du virus de la Covid-19.

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Au cœur de la dynamique épidémique.

Au cœur de la dynamique épidémique.

Résumé

Des données épidémiologiques obtenues en 2022 lors de la vague massive d’infections à Omicron en Nouvelle-Zélande révèlent que, en huit mois, les deux tiers des enfants et adolescents âgés de 5 à 19 ans ont été infectés, la plus forte incidence dans ce pays, suivie de près par celle observée chez les enseignants (40 % des personnes infectées).

Ces chiffres ont été obtenus dans un contexte particulier, lors de l’ouverture du pays après deux années d’isolement. Ils sont à comparer avec celui que la plupart des pays, dont la France, ont connu en 2020 et 2021.

Ceci confirme que, pour l'infection à SARS-CoV-2 à l'instar d'autres viroses respiratoires (grippe saisonnière, bronchiolite ou rougeole), les enfants et les établissements scolaires jouent un rôle central dans la transmission communautaire. Comme pour la grippe saisonnière, la logique voudrait que les autorités sanitaires recommandent désormais la vaccination de tous les enfants, dans une optique de protection de leur entourage vulnérable.

Récemment, la Haute Autorité de santé (HAS) a recommandé la vaccination des enfants en bonne santé contre la grippe saisonnière [1], dans l’optique de réduire la transmission du virus Influenza dans les foyers, les enfants jouant un rôle important dans la transmission communautaire de cette infection dont ils constituent le réservoir [2, 3, 4].

Malgré ce précédent concernant une infection virale respiratoire, les pédiatres, et en particulier en France, ont été réticents à envisager que les enfants puissent être un moteur important de la transmission communautaire de SARS-CoV-2, en particulier lorsque les autres lieux de brassage de population étaient ouverts [voir, par exemple, 5].

De récentes données issues de Nouvelle-Zélande montrent à quel point les enfants d’âge scolaire sont touchés par la Covid-19 et, avec les enseignants, constituent les populations les plus infectées par le SARS-CoV-2.

Le cas très particulier de la Nouvelle-Zélande

La Nouvelle-Zélande est restée isolée du reste du monde pendant les années 2020 et 2021. La décision de réouverture n’a été actée qu’en janvier 2022 lorsque les populations les plus à risque de formes graves ont été vaccinées en très grande majorité.

Au moment de la réouverture, les enfants néo-zélandais n’étaient que très partiellement vaccinés, aucun système de filtration de l’air n’était installé dans les établissements scolaires et les mesures de contrôle (y compris le port du masque) ont été levées. Le pays s’est alors ouvert à une grande vague d’infections par le variant Omicron.

Cette situation particulière, survenue alors que l’on disposait de tests PCR diagnostiques, a permis de suivre la dissémination du SARS-CoV-2 plus précisément que cela n’avait été possible en 2020 dans les pays qui n’avaient pas adopté une stratégie d’isolement. Ainsi, la Nouvelle-Zélande s’est transformée en une vaste expérimentation épidémiologique, l’invasion d’un pays vierge (mais protégé par la vaccination des personnes vulnérables) par le SARS-CoV-2.

Une vague de forte ampleur chez les enfants

Selon un article paru récemment dans le New Zealand Medical Journal [6], entre février et juin 2022, au moins 218 206 enfants âgés de 10 à 19 ans (soit un tiers de la population de cet âge) ont été infectés par Omicron (cas validés par au moins un test PCR).

De plus, dans la cohorte WellKiwis (une cohorte sur les infections respiratoires) [7], de février à juin 2022, 46,4 % des enfants âgés de 5 à 19 ans ont été infectés par SARS-CoV-2, pourcentage qui passe à 66,3 % lorsque l’on considère la période allant de février à septembre 2022 (pendant l’automne et l’hiver austral). Ainsi, en huit mois, deux tiers de la population infantile et adolescente ont été infectés par Omicron !

SARS-CoV-2, un virus respiratoire finalement assez classique

Ces chiffres montrent que la transmission du SARS-CoV-2 suit, sans surprise, les mêmes principes que d’autres infections respiratoires virales, dont, par exemple :

  • la grippe saisonnière, comme indiqué précédemment, où les dates de rentrée scolaire prédisent les pics de transmission [3] ;
  • le virus respiratoire syncytial (VRS, bronchiolite du nourrisson) où les enfants jouent un rôle central dans la transmission communautaire [8] ;
  • la rougeole où les enfants sont également au cœur de la dynamique épidémique [9].

Depuis 2020, de nombreuses études ont suggéré un rôle central des enfants et des établissements scolaires dans la transmission de la Covid-19 [voir, par exemple, 10, 11, 12, 13 et 14]. En France, il serait intéressant d’étudier la dynamique des vagues successives en relation avec les dates d’ouverture et de fermeture des établissements scolaires, en particulier lors des congés « régionaux » (vacances de Toussaint et de février).

De plus, en 2022, une étude américaine [15] a montré que, dans un contexte où l’incidence du SARS-CoV-2 était supérieure dans les écoles à celle des communautés environnantes, le port du masque par les élèves était rapidement capable de renverser ce ratio, montrant ainsi le poids des infections infantiles dans la transmission.

En conclusion, il est désormais clairement établi que les enfants et les établissements scolaires jouent un rôle central dans la transmission du SARS-CoV-2, à l’instar de la grippe saisonnière. Cette observation, mise en regard des récentes recommandations de la HAS sur la vaccination de tous les enfants contre la grippe, milite en faveur de la vaccination des enfants contre le SARS-CoV-2, dans une optique de protection de leur environnement vulnérable.

 

Sources

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