Le printemps est la saison où les rencontres avec les chenilles processionnaires sont fréquentes.
Les chenilles processionnaires sont des larves d’insecte aux poils irritants, présentes sur les pins ou les chênes. Toucher une chenille n’est pas nécessaire pour développer des symptômes inflammatoires parfois intenses, car les poils urticants se détachent et sont transportés sous l’effet du vent. Comme à chaque début de belle saison, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) et les Centres antipoison rappellent quelques gestes simples pour s’en protéger.
Les chenilles processionnaires du pin (Thaumetopoea pityocampa) et les chenilles processionnaires du chêne (Thaumetopoea processionea) sont des insectes qui vivent en colonie sur ces arbres où leur présence est signalée par des nids blanchâtres et soyeux accrochés aux branches. Elles sont surnommées « processionnaires », car elles se déplacent en file indienne. Au cours de la belle saison, elles se transforment en papillons.
La chenille processionnaire du pin est présente sur une très large partie du territoire français [1], essentiellement dans le sud, le centre et l’ouest. On la croise majoritairement entre janvier et mai, selon les régions, avec un pic en mars.
La chenille processionnaire du chêne, elle, se trouve essentiellement dans le nord-est, la région parisienne et le nord-ouest de la France, mais parfois aussi dans des régions du sud. On la croise majoritairement entre avril et juillet, avec un pic en juin.
Les poils urticants, au gré du vent
Ces deux espèces de chenilles processionnaires possèdent de nombreux poils urticants sur le corps, dont elles se servent pour se défendre. Ces poils sont situés sur des plaques dorsales que les chenilles déplient pour les projeter autour d’elles lorsqu’elles se sentent menacées. Ils peuvent ainsi atteindre la peau, les yeux, la bouche, la gorge ou les voies respiratoires et engendrer des réactions irritantes liées aux substances chimiques qu’ils contiennent, notamment une protéine toxique nommée thaumétopoéine [2].
Ce venin restant actif dans les poils détachés, il n’est pas nécessaire de toucher une chenille ou un nid pour souffrir de ces irritations. Cette contamination peut être secondaire, en tenant un objet, un vêtement ou un animal souillé par ces poils, voire en respirant une atmosphère où des poils sont présents en suspension.
Des réactions inflammatoires intenses
Les poils des chenilles processionnaires peuvent provoquer des réactions inflammatoires notamment sur la peau (rougeurs, démangeaisons, douleur, œdème localisé, urticaire et parfois petites phlyctènes), les yeux (conjonctivite, larmoiement, douleur, gonflement des paupières), les voies respiratoires (toux, gêne respiratoire), voire des troubles digestifs (maux de ventre, vomissements, gonflement de la gorge).
Ces symptômes sont parfois sévères chez les personnes ou les animaux qui y sont exposés. Ils peuvent être associés à des signes généraux (malaise, fièvre), voire un choc anaphylactique en cas d’expositions répétées ou d’antécédents allergiques.
Les jeunes enfants concernés dans 25 % des cas
Selon les Centres antipoison [2], entre janvier 2012 et juillet 2019, ce sont 1 274 cas d’exposition aux poils urticants qui ont été signalés : 753 personnes (59 %) ont été exposées à des chenilles processionnaires du pin, 345 (27 %) à des chenilles processionnaires du chêne. Pour les 176 cas (14 %) restants, il n’a pas été possible de préciser l’espèce concernée. Dans certains cas, ce sont des groupes entiers de promeneurs qui ont été victimes des chenilles : par exemple, 50 cas groupés en Gironde et 45 cas dans l’Essonne. À noter, l’âge médian des victimes était de 11 ans, avec un quart des sujets âgés de moins de 5 ans.
Lorsque cela a été précisé, les personnes exposées n’avaient pas été en contact direct avec la « chenille cas » (51 %), mais avec des poils aéroportés ou présents sur des surfaces (terrasse, pelouse), des objets (bâton, jouet, bois de chauffage, etc.), des vêtements ou des animaux domestiques. Un contact direct avec une chenille concernait 38 % des cas, et un contact direct et indirect les 11 % restants.
Une gravité qui reste exceptionnelle
Parmi les cas symptomatiques signalés aux Centres antipoison, 96,3 % étaient de gravité faible, 3,5 % de gravité moyenne et 0,2 % (2 cas) de gravité forte.
Le premier cas de gravité forte concernait un enfant de 3 ans ayant ingéré une chenille processionnaire à l'origine d'un œdème de la langue, des lèvres et d'une hypersalivation, qui ont nécessité une hospitalisation pendant 2 jours. Les signes ont régressé après traitement symptomatique. Le second cas concernait un homme de 51 ans allergique aux piqûres d’abeille et de guêpe ayant reçu sur le cou des cocons de chenilles processionnaires alors qu’il se tenait au bord d’une piscine. Il a présenté une urticaire géante, une dysphonie et une dysphagie, justifiant un traitement hospitalier par corticoïdes, antihistaminique et aérosol d'adrénaline. L’évolution clinique a été rapidement favorable.
Que faire pour se protéger des chenilles processionnaires ?
Pour réduire le risque d’exposition aux poils urticants des chenilles processionnaires, mieux vaut [3] :
- ne pas s’approcher et ne pas toucher les chenilles ou leur nid, en particulier pour les enfants et les animaux domestiques ;
- se tenir à distance des arbres porteurs de nids ;
- porter des vêtements longs en cas de promenade en forêt ou près d’arbres infestés ;
- éviter de se frotter les yeux pendant ou au retour d’une balade ;
- bien laver les fruits et les légumes de son jardin en cas d’infestation à proximité ;
- éviter de faire sécher le linge à côté d’arbres infestés ;
- en cas de suspicion d’exposition aux chenilles, prendre une douche et changer de vêtements ;
- en cas de signes d’urgence vitale (en particulier détresse respiratoire), appeler le 15 ou consulter aux urgences ;
- en cas de signes d’intoxication, consulter un médecin ou appeler le centre antipoison ;
- si un contact a eu lieu avec une chenille, la photographier pour en faciliter l’identification ;
- si un animal domestique est touché, consulter un vétérinaire.
[1] Observatoire des chenilles processionnaires. Ministères de la Santé et de la Prévention, de l’Agriculture et de l’Écologie et ministère de l’Intérieur
[2] Sinno-Tellier S. Chenilles processionnaires : gare aux poils urticants ! Vigil’Anses n° 9, novembre 2019
[3] Infographie « Chenilles processionnaires ». Anses, 2019
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