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Bronchiolites aiguës : détecter les signes de gravité

L’épidémie de bronchiolite est cette année d’une ampleur inhabituelle. Si elle est d’évolution le plus souvent favorable, quels sont les signes qui doivent faire consulter rapidement un médecin ? Quand appeler le 15 ? 

Patricia Thelliez 10 novembre 2022 Image d'une montre5 minutes icon Ajouter un commentaire
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Une consultation en urgence parfois nécessaire.

Une consultation en urgence parfois nécessaire.

Résumé

Cette année, l’épidémie de bronchiolite est particulièrement forte en France, avec un nombre très élevé de passages aux urgences et d’hospitalisations, à des niveaux bien supérieurs à ceux des saisons précédentes.

Cette infection virale (essentiellement due au virus respiratoire syncytial) est d’évolution le plus souvent favorable, traitée en ambulatoire.

Néanmoins, certains signes d’alerte doivent toujours être recherchés, car ils nécessitent une consultation médicale très rapide ou l’appel du 15.

L’épidémie de bronchiolite a commencé à l’automne, mais plus tôt qu’habituellement. Son ampleur est cependant sans aucune commune mesure avec celle des années précédentes. Santé publique France souligne « la poursuite de l’augmentation des indicateurs de surveillance de la bronchiolite chez les enfants de moins de 2 ans et des nombres de passages aux urgences et d’hospitalisations pour bronchiolite très élevés et à des niveaux supérieurs à ceux observés aux pics épidémiques depuis plus de dix ans » [1]. Toutes les régions de la métropole sont aujourd’hui concernées notamment au nord de la France.

Parmi les 6 891 enfants de moins de 2 ans ayant été conduits aux urgences pour des symptômes de bronchiolite en semaine 44 (du 31 octobre 2022), 92 % étaient âgés de moins de 1 an et un tiers ont été hospitalisés. Les enfants hospitalisés avaient dans la très grande majorité des cas (95 %) moins de 1 an. Par rapport à la semaine précédente, il a été constaté une augmentation de plus de 47 % de passages aux urgences et de plus de 45 % d’hospitalisations.

Quelques rappels utiles

Infection essentiellement due au virus respiratoire syncytial (VRS), la bronchiolite touche surtout les nourrissons de moins de 2 ans. Il s’agit d’une pathologie relativement fréquente puisque, en France, on estime que 30 % des enfants de moins de 2 ans en sont victimes chaque hiver [2].

Cliniquement, le nourrisson présente une rhinite, puis une toux sèche avec une respiration bruyante ou sifflante à l’expiration plus ou moins associée à une gêne respiratoire avec ou sans fièvre. Il existe parfois une tachypnée et des signes de lutte respiratoire.

Les examens complémentaires (radiographie thoracique, recherche de virus) ne sont habituellement pas nécessaires.

L’évolution est dans la grande majorité des cas favorable, même si l’épisode dure assez longtemps, de 8 à 10 jours et que la toux peut persister pendant encore une quinzaine de jours.

La prise en charge est symptomatique, en ambulatoire, reposant sur la désobstruction rhinopharyngée avec du sérum physiologique plusieurs fois par jour. Il est aussi recommandé de le faire boire régulièrement et de fractionner les repas pour maintenir une hydratation suffisante.  Ni les bronchodilatateurs, ni les corticoïdes, ni la kinésithérapie respiratoire ne sont recommandés et ce n’est qu’en cas de surinfection que la prescription d’antibiotiques peut se justifier. Les antitussifs et les mucorégulateurs sont contre-indiqués.

Des critères de gravité et de vulnérabilité

« Une consultation rapide auprès du pédiatre ou du médecin traitant est indispensable pour tout nourrisson qui présente une rhinite avec des difficultés respiratoires et/ou une fièvre et/ou des difficultés alimentaires avec diminution des quantités ingérées et/ou un changement de comportement », explique le Dr Marine Joras, pédiatre de ville.

En cas de prématurité ou de pathologies cardiaques ou respiratoires, ou si le bébé a moins de 2 mois, un avis médical s'impose en urgence.

Dans tous les cas, quel que soit l’âge, certains signes d’alerte doivent être recherchés et conduire à une consultation en urgence auprès du médecin traitant « s’il est rapidement disponible » ou aux urgences pédiatriques :

  • altération de l’état général : enfant fatigué, qui sourit moins, bouge moins, pleure beaucoup, est un peu « mou » ;
  • gène respiratoire avec tirage intercostal ;
  • fréquence respiratoire supérieure à 60/min ;
  • diminution des rations ingérées (moins de la moitié des quantités habituelles) ;
  • fièvre élevée et/ou mal tolérée.

Mais, insiste le Dr Marine Joras, « dans certains casbébé prématuré, ou âgé de moins de six semaines ou fragile ou présentant une détresse respiratoire  – , il est important de rappeler qu’il ne faut pas que les parents aillent aux urgences par leurs propres moyens, mais qu'ils prennent l'avis du 15, car un transport médicalisé peut être nécessaire en raison d'un risque d'apnée ».

Certains signes imposent quant à eux l’appel systématique du 15 :

  • Pauses respiratoires ;
  • Somnolence ;
  • Lèvres cyanosées ;
  • Refus alimentaire complet.

De l’importance des mesures de prévention

Si cette flambée épidémique actuelle peut être interprétée et expliquée de différentes façons, une chose est sûre, la fréquence des cas a été particulièrement basse lors des saisons correspondant aux plus fortes vagues de COVID-19. Une période où les gestes barrière ont été fortement conseillés et appliqués. Une enquête française [3] a ainsi montré que l’épidémie de bronchiolite de 2020-2021 a été beaucoup moins sévère avec un impact moindre sur le système de santé par rapport aux périodes précédentes (2015-2020).

Si la bronchiolite peut être grave et requérir une hospitalisation chez le petit enfant, les adultes infectés par le VRS ou d’autres virus à tropisme respiratoire n’ont souvent qu’un simple rhume, voire aucun symptôme. Or, la bronchiolite est extrêmement contagieuse, le virus se transmettant facilement par la salive, la toux, les éternuements et les objets contaminés.

Bien se laver les mains avant d’être en contact avec un nourrisson, éviter si possible de l’emmener dans des endroits publics confinés, aérer régulièrement, porter un masque en cas de rhume ou de toux, etc. sont autant de mesures préventives qui peuvent avoir un impact majeur.

« Bonne » nouvelle, il se trouve que ces mêmes précautions concernent aussi la COVID-19 et la grippe.

D’après un entretien avec le Dr Marine Joras, pédiatre, Puteaux.

 

Sources

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