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Intoxications à la colchicine : rappel des règles de bon usage

La toxicité de la colchicine est connue et mentionnée dans les documents d'information la concernant. Pour minimiser le risque d'intoxication, les principales règles de bon usage sont rappelées, consistant principalement à respecter la posologie et les contre-indications (profils à risque de toxicité majorée, association médicamenteuse), et à informer les patients sur les signes évoquant une intoxication. 
David Paitraud 30 juin 2022 Image d'une montre5 minutes icon 3 commentaires
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La colchicine est un alcaloïde tricyclique très toxique, extrait au départ des colchiques, principalement le colchique d'automne (illustration).

La colchicine est un alcaloïde tricyclique très toxique, extrait au départ des colchiques, principalement le colchique d'automne (illustration).

 
Résumé
La colchicine (COLCHICINE OPOCALCIUM, COLCHIMAX) est un médicament à marge thérapeutique étroite. Une posologie inadaptée ou une interaction médicamenteuse majorent sa toxicité et exposent le patient à des intoxications graves voire mortelles (par défaillance multiviscérale). 

Pour minimiser le risque d'intoxication à la colchicine, le laboratoire Mayoly Spindler et l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) rappellent les principales consignes de bon usage de ce médicament : 
  • respecter les doses et les schémas posologiques de l'autorisation de mise sur le marché (AMM) ; 
  • identifier les profils à risque (âge avancé) et les facteurs de toxicité : insuffisance rénale ou hépatique, interactions médicamenteuses ; 
  • réduire la posologie en présence de facteurs de toxicité ; 
  • ne pas utiliser avec la pristinamycine et les macrolides (sauf la spiramycine) ; 
  • apprendre aux patients à reconnaître les signes d'intoxication (signes digestifs) et les informer de la conduite à tenir (consultation en urgence, réduction de la dose ou arrêt du traitement).

Le laboratoire Mayoly Spindler et l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) ont adressé un courrier aux professionnels de santé [12] pour leur rappeler les règles de bon usage de la colchicine

En France, deux spécialités à base de colchicine sont commercialisées : 

Encadré 1 - Indications thérapeutiques de COLCHICINE OPOCALCIUM et COLCHIMAX
  • Accès aigu de goutte (cf. VIDAL Reco « Goutte »).
  • Prophylaxie des accès aigus de goutte chez le goutteux chronique, notamment lors de l'instauration du traitement hypo-uricémiant.
  • Autres accès aigus microcristallins : chondrocalcinose et rhumatisme à hydroxyapatite.
  • Maladie périodique.
  • Maladie de Behçet.
  • Traitement de la péricardite aiguë idiopathique en association aux traitements anti-inflammatoires conventionnels (AINS ou corticoïdes) chez les patients présentant un premier épisode de péricardite ou une récidive (avec CRP anormale), à l'exclusion des péricardites postopératoires de chirurgie cardiaque.

Des intoxications rares, mais graves
La colchicine est un médicament à marge thérapeutique étroite, ce qui impacte son profil de sécurité.

Les intoxications à la colchicine sont rares, mais elles peuvent être graves, voire mortelles par 
défaillance multiviscérale (atteintes respiratoires, cardiovasculaires, hématologiques, neurologiques, etc.).

Un surdosage en colchicine à l'origine d'une intoxication peut survenir dans les situations suivantes : 
  • posologie inadaptée au profil du patient ;
  • interaction médicamenteuse entraînant une surexposition à la colchicine. 

Les patients traités par colchicine doivent être informés de la nécessité de signaler aux professionnels de santé la prise de ce traitement avant toute nouvelle prescription ou délivrance d'un autre médicament.

Règle 1 : respecter les posologies de l'AMM et les contre-indications
La première règle de bon usage consiste à respecter le schéma posologique recommandé dans l'autorisation de mise sur le marché (AMM).

Ces recommandations posologiques diffèrent en fonction : 
  • de l'indication thérapeutique ;
  • du profil du patient.

En l'absence de facteurs de toxicité
Pour rappel, dans le traitement de l'accès aigu de goutte, en l'absence de facteur de toxicité :
  • la dose maximale de colchicine par prise est de 1 mg ;
  • les prises doivent être réparties dans la journée ;
  • la posologie de 3 mg représente la posologie à ne jamais dépasser et doit être réservée à la prise en charge tardive d'accès aigus pour le 1er jour de traitement uniquement.

Posologie réduite pour les patients à risque et contre-indications
La posologie doit être réduite chez :
  • le sujet âgé (notamment de plus de 75 ans) ;
  • l'insuffisant hépatique (les concentrations en colchicine sont importantes dans le foie, ainsi que les leucocytes, le rein et la rate) ;
  • l'insuffisant rénal ou les sujets à risque d'insuffisance rénale (risques de déshydratation, médicaments concomitants). Près de un tiers de la colchicine est excrétée dans les urines (dépend de la filtration glomérulaire et de la sécrétion tubulaire).
L'utilisation de colchicine chez ces patients doit être associée à une surveillance étroite (cf. Encadré 2). 

L'utilisation de colchicine est par ailleurs contre-indiquée :
  • chez le sujet insuffisant rénal sévère (clairance de la créatinine < 30 mL/min) ;
  • chez l'insuffisant hépatique sévère.

Encadré 2 - Précautions d'emploi chez le sujet sous colchicine (extrait de la monographie VIDAL de COLCHICINE OPOCALCIUM - Rubrique « Mises en garde et Précautions d'emploi »)
Avant l'instauration d'un traitement par la colchicine, il est recommandé :
  • en particulier chez les personnes âgées, d'évaluer la clairance de la créatinine ;
  • d'apprécier la prescription d'un traitement concomitant susceptible de détériorer la fonction rénale/hépatique, mais aussi d'induire une toxicité médullaire/musculaire ;
  • en cas de traitement pour une péricardite aiguë idiopathique (premier épisode ou récidive), de réaliser un bilan étiologique par dosage de la CRP et de la troponine.
En cas d'insuffisance rénale et/ou d'insuffisance hépatique, il est recommandé, au cours du premier mois de traitement :
  • d'effectuer une NFS et une numération des plaquettes ;
  • de réévaluer la clairance de la créatinine.
En cas de traitement au long cours, les éléments suivants sont à surveiller (surtout pendant le premier mois de traitement) :
  • plaquettes ;
  • numération formule sanguine (NFS) ;
  • créatinine.


Règle 2 : association contre-indiquée avec les macrolides et la pristinamycine
La colchicine est contre-indiquée avec la pristinamycine (PYOSTACINE) et les macrolides (hormis la spiramycine). L'association de ces médicaments exposent le patient à une majoration des effets indésirables de la colchicine par augmentation du niveau sérique de la colchicine, aux conséquences potentiellement fatales. La colchicine est un substrat de la glycoprotéine P (P-gp).

D'autres associations médicamenteuses sont déconseillées (ciclosporine, inhibiteurs de protéases boostés par le ritonavir, vérapamil, etc.) ou font l'objet de précautions d'emploi (antivitamines K, statines).

Règle 3 : reconnaître les signes d'une intoxication par colchicine
Les premiers signes de surdosage en colchicine sont digestifs : diarrhées, nausées, vomissements. 

Les patients doivent être informés et savoir reconnaître ces signes évocateurs.
En leur présence, ils doivent consulter rapidement le médecin et la posologie de colchicine doit être réduite ou le traitement arrêté.


Dans la spécialité COLCHIMAX, il est important de prendre en compte la présence de tiémonium (antispasmodique mixte) et de poudre d'opium qui sont destinés à limiter l'apparition de phénomènes diarrhéiques provoqués par la colchicine (risque de masquer les premiers signes d'intoxication). 

Il n'y a pas d'antidote spécifique de la colchicine.

Pour aller plus loin
[1] Intoxications graves à la colchicine (Colchicine Opocalcium 1 mg et Colchimax) : rappel des règles de bon usage (ANSM, 29 juin 2022)
[2] Courrier d'information du laboratoire Mayoly Spindler aux professionnels de santé - intoxications graves à la colchicine (sur le site de l'ANSM, juin 2022)

 

Commentaires

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CRINBLANC Il y a 2 ans 0 commentaire associé

Bonjour,

Rappel: pas d'antidote !..

Quelques colchiques broutés tuent une vache.

L'ail des ours  confondu avec la colchique dans la confection d'une quiche a tué un homme d'une soixantaine d'années sur la commune de Royat dans le Puy-Dôme.

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