Au moins 300 000 personnes par an en Europe et aux États-Unis sont victimes d'un arrêt cardiaque (illustration).
Résumé
Le pronostic des arrêts cardiaques s'est beaucoup amélioré depuis une vingtaine d'années.
Niels Secher et son équipe se sont servis des registres nationaux danois pour évaluer le risque de complications ultérieures d'un arrêt cardiaque, en particulier neurologiques et psychiatriques, en le comparant avec celui de deux cohortes de patients : l'une ayant eu un infarctus du myocarde et l'autre issue de la population générale.
Il apparaît que ce risque est maximal au cours de la première année suivant l'événement, qu'il s'agisse d'accidents vasculaires cérébraux, d'épilepsie, de démence, de troubles de l'humeur et d'anxiété, pour ensuite diminuer au fil du temps.
D'où l'importance d'un suivi régulier de ces patients afin de rester particulièrement attentif à la survenue de ces complications.
Le pronostic des arrêts cardiaques s'est beaucoup amélioré depuis une vingtaine d'années.
Niels Secher et son équipe se sont servis des registres nationaux danois pour évaluer le risque de complications ultérieures d'un arrêt cardiaque, en particulier neurologiques et psychiatriques, en le comparant avec celui de deux cohortes de patients : l'une ayant eu un infarctus du myocarde et l'autre issue de la population générale.
Il apparaît que ce risque est maximal au cours de la première année suivant l'événement, qu'il s'agisse d'accidents vasculaires cérébraux, d'épilepsie, de démence, de troubles de l'humeur et d'anxiété, pour ensuite diminuer au fil du temps.
D'où l'importance d'un suivi régulier de ces patients afin de rester particulièrement attentif à la survenue de ces complications.
Au moins 300 000 personnes par an en Europe et aux États-Unis sont victimes d'un arrêt cardiaque. Son pronostic s'est beaucoup amélioré depuis une vingtaine d'années (en partie grâce à la sensibilisation de la population générale aux gestes de secours). Pour exemple, au Danemark, le taux de survie à 30 jours est passé de 4 % en 2001 à 13 % en 2014. Le temps était donc venu d'investiguer les éventuelles conséquences à long terme de ces événements.
Le cerveau étant particulièrement sensible à l'ischémie, les lésions neurologiques représentent les causes de morbidité et de mortalité les plus fréquemment rapportées dans les suites d'un arrêt cardiaque. Or, seules quelques petites études ont concerné ces complications et aucun travail spécifiquement dédié n'avait été mené jusqu'alors.
Une étude à partir des registres danois
Pour en savoir plus, Niels Secher et al. se sont appuyés sur les données des registres danois portant sur 250 838 adultes suivis pendant vingt et un ans (du 1er janvier 1996 au 31 décembre 2016). Ils ont ainsi pu identifier tous les patients ayant eu un diagnostic d'arrêt cardiaque, qu'ils ont comparé à deux cohortes : l'une composée de sujets ayant eu un infarctus du myocarde sans arrêt cardiaque et l'autre issue de la population générale.
Leur but était d'évaluer le risque neurologique et psychiatrique à court et à long termes dans les suites d'un arrêt cardiaque. Le recours au groupe comparatif de patients ayant eu un infarctus du myocarde avait pour objectif de différencier les troubles possiblement liés à une insuffisance circulatoire totale de ceux en rapport avec une ischémie myocardique.
Au total, parmi les 250 838 personnes incluses, d'âge moyen de 67 ans, 12 046 avaient eu un arrêt cardiaque, 118 332 un infarctus du myocarde (suivi médian de 3,6 ans) et 12 460 provenaient de la population générale (suivi médian de 5,4 ans).
Davantage d'accidents vasculaires cérébraux et d'épilepsie
Comparativement aux malades ayant eu un infarctus du myocarde, les victimes d'arrêt cardiaque avaient un risque (incidence cumulée) augmenté d'accident vasculaire cérébral (AVC) ischémique (10 pour 1 000 personnes ; HR : 1,30 ; IC95% [1,12 ; 1,64] et hémorragique (2 pour 1 000 ; HR : 2,03 ; IC [1,12 ; 3,67] pendant la première année suivant l'événement.
Au cours des vingt et un ans de suivi, les données recueillies ont également permis de montrer un risque plus élevé :
- d'épilepsie (28 pour 1 000 ; HR : 2,01 ; IC [1,66 ; 2,44] ;
- de démence (73 pour 1 000 ; HR : 1,23 ; IC [1,09 ;1,38] ;
- de troubles de l'humeur (270 pour 1 000 ; HR : 1,78 ; IC [68 ; 1,89] ;
- et d'anxiété (187 pour 1 000 ; HR : 1,98 ; IC [1,85 ; 2,12]).
Ces risques culminaient dans l'année suivant l'arrêt cardiaque pour ensuite diminuer avec le temps.
En revanche, le risque de maladie de Parkinson était similaire dans les deux cohortes.
Sans surprise, par comparaison avec la cohorte de la population générale, un antécédent d'arrêt cardiaque était assorti d'un risque plus élevé d'épilepsie, de démence, de dépression et d'anxiété, avec, là encore, un déclin progressif au fil du temps, mais restait supérieur à celui de la population générale après cinq ans (hormis les troubles de l'humeur).
Quelles explications physiopathologiques ?
Comme précisé précédemment, les lésions neuronales consécutives à l'arrêt circulatoire et à la reperfusion subséquente peuvent être associées à divers troubles neurologiques dont l'épilepsie.
L'augmentation du risque d'AVC ischémique peut, elle, être expliquée par un syndrome postarrêt cardiaque incluant hypotension, inflammation, activation de la coagulation et emboles, en association avec des lésions neurologiques.
Quant au risque d'AVC hémorragique, il a pu être accru par l'utilisation d'anticoagulants et d'antithrombotiques.
En revanche, les voies neurologiques spécifiques semblent avoir été moins touchées, ce qui pourrait expliquer un taux équivalent d'épilepsie dans les trois cohortes : arrêts cardiaques, infarctus du myocarde et population générale.
Quant à l'anxiété et la dépression, elles sont augmentées pendant plusieurs mois au décours d'une hospitalisation en soins intensifs chez les patients ayant eu un infarctus du myocarde, mais il apparaît que la fréquence de ces complications est plus élevée chez les victimes d'arrêt cardiaque.
Pour conclure, ces résultats montrent que dans les suites d'un arrêt cardiaque, il existe un risque non négligeable de complications neurologiques et psychiatriques, surtout au cours de la première année. Un risque qui nécessite de revoir plus fréquemment les patients afin pouvoir les prendre en charge rapidement.
©vidal.fr
Pour en savoir plus
Secher N et al. Evaluation of Neurologic and Psychiatric Outcomes After Hospital Discharge Among Adult Survivors of Cardiac Arrest. JAMA Network Open, 2022 May; 5(5): e2213546.
Sources
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