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Urticaire chronique : à bien distinguer de l'urticaire aiguë

L'urticaire chronique, de survenue le plus souvent spontanée, toucherait près d'une personne sur dix au cours de sa vie. Il s'agit d'une pathologie bénigne, mais qui peut retentir fortement sur la qualité de vie et qui doit bien être distinguée de l'urticaire aiguë.

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Le diagnostic de l'urticaire chronique spontanée est clinique (illustration).

Le diagnostic de l'urticaire chronique spontanée est clinique (illustration).

Résumé
L'urticaire chronique, définie par la présence de lésions superficielles papuleuses, érythémateuses, prurigineuses et fugaces, pendant une période d'au moins six semaines, est une pathologie bénigne, mais pouvant être invalidante.

Elle doit être distinguée de l'urticaire aiguë, d'origine allergique, virale ou pharmacologique.

Comme le rappelle la VIDAL Reco récemment mise à jour, sa prise en charge vise à soulager le patient de la gêne, qui peut être marquée. Elle se fonde initialement sur les antihistaminiques H1 (anti-H1) non anticholinergiques, si besoin à quadruple dose. 


L'urticaire chronique (UC) est une pathologie cutanée non rare, de survenue le plus souvent spontanée, qui toucherait près d'une personne sur dix au cours de sa vie.

Ses manifestations sont secondaires à l'activation des mastocytes du derme, responsable d'une dégranulation avec relargage de médiateurs telle l'histamine, puis d'une libération de leucotriènes, prostaglandines, de cytokines et chimiokines.

Si, à l'inverse de l'urticaire aiguë, elle n'expose pas à des complications graves (choc anaphylactique), elle peut avoir un retentissement psychosocial important et doit donc être reconnue et si besoin prise en charge. 
 
Comment reconnaître l'urticaire ?
Le diagnostic de l'urticaire chronique spontanée (UCS) est clinique, face à des plaques prurigineuses (le prurit est cependant parfois peu marqué chez l'enfant), en léger relief, d'apparition brutale. Les plaques sont fugaces, elles disparaissent en moins de 48 heures et d'autres plaques apparaissent sur d'autres zones cutanées. Ces lésions à contours réguliers sont variables en taille et en nombre, parfois confluentes, pouvant prendre la forme d'anneaux, et surviennent quasi quotidiennement pendant au moins six semaines sans stimulus externe, ce qui définit leur caractère spontané.

Des lésions aiguës ou chroniques ?
« La distinction entre urticaire aiguë et urticaire chronique est essentielle », souligne le Pr Annabel Maruani-Raphaël, dermatologue, professeur des universités et praticien hospitalier au CHRU de Tours. 


« L'urticaire aiguë est potentiellement grave, pouvant se compliquer d'un œdème de Quincke ou d'un choc anaphylactique et est le plus souvent d'origine virale ou allergique, médicamenteuse ou alimentaire », explique-t-elle.

« À l'inverse, l'urticaire chronique spontanée ne met pas en jeu le pronostic vital, mais peut être très invalidante en raison du prurit, parfois insomniant, de son caractère affichant et de la détérioration de la qualité de vie qui en découle », souligne le Pr Maruani-Raphaël.

Inductible ou spontané ?
L'interrogatoire minutieux doit rechercher un facteur déclenchant l'UC, en particulier un facteur physique : froid, pression, soleil, vibrations, eau, etc.

Mais le plus souvent, aucune cause à l'origine de la survenue des lésions d'évolution chronique n'est trouvée : il s'agit d'une UCS, contrairement à l'UC inductible pour laquelle un facteur déclenchant reproductible est mis en évidence. 

Dans les formes d'UCS typiques, l'intérêt des examens complémentaires est controversé.

L'UCS persiste entre un et vingt ans et il faut traiter tout patient qui est gêné par ces lésions quasi quotidiennes.

Quelle prise en charge ?
Il importe avant tout de rassurer le patient sur le caractère bénin de l'UCS.

En première intention, un traitement antihistaminique H1 (anti-H1) non anticholinergique (dit de 2e génération) est prescrit, car mieux toléré (moins de somnolence en particulier) et exposant à moins d'interactions médicamenteuses que les molécules de 1re génération.

Si le patient est insuffisamment soulagé, il est recommandé d'augmenter la dose d'anti-H1 (jusqu'à quatre fois la dose). Cet accroissement peut se faire en une fois ou progressivement, avec un seul anti-H1 (à dose quadruple) ou en associant deux anti-H1 (chacun à double dose). « Il peut être intéressant de varier les molécules, en prenant garde aux interactions médicamenteuses, qui peuvent être à l'origine de troubles du rythme cardiaque », précise le Pr Maruani-Raphaël. En cas de rémission, le traitement doit toujours être arrêté progressivement. Les corticoïdes par voie orale n'ont pas de place et sont même déconseillés.

En pratique, le traitement doit être prolongé, d'au moins six mois en revoyant le patient après un ou deux mois pour apprécier son efficacité et augmenter si besoin les doses d'anti-H1. L'indication du passage à un traitement systémique, qui peut être l'omalizumab par voie sous-cutanée (avec AMM) ou la ciclosporine par voie orale (hors AMM) se fonde non pas sur la persistance des lésions, mais sur la gêne du patient.

Les évictions alimentaires sont inutiles, sauf si le patient identifie clairement et de façon reproductible un facteur alimentaire aggravant (le plus souvent un aliment riche en histamine). 

Y a-t-il des cas particuliers ?
La VIDAL Reco aborde aussi les cas particuliers : UC inductible, UCS pendant la grossesse, UCS chez l'enfant de moins de 12 ans, maladies associées (dysthyroïdie et UC syndromiques de l'enfant).   
 
D'après un entretien avec le Pr Annabel Maruani-Raphaël, dermatologue, CHRU de Tours.

©vidal.fr
 
Pour en savoir plus
Hacard F 
et al. Guidelines for the Management of Chronic Spontaneous Urticaria : Recommendations Supported by the Centre of Evidence of the French Society of Dermatology. Journal of Dermatology, 2021; 185; 658-660.

Traitement de l'urticaire chronique spontanée. Centre de preuves en dermatologie, 2019.

Magerl M 
et al. The Definition, Diagnostic Testing and Management of Chronic Inducible Urticarias - The EAACI/GA(2) LEN/EDF/UNEV Consensus Recommendations 2016 Update and Revision. Allergy, 2016; 71: 780-802. 
 

Sources

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