A ce jour, deux cas d'hépatite aiguë sévère d'origine toujours inconnue ont été rapportés en France chez des enfants et sont en cours d'analyse (illustration).
La direction générale de la Santé (DGS) et Santé publique France réagissent suite à un signal de sécurité mettant en évidence une augmentation de cas pédiatriques d'hépatite aiguë d'origine inconnue au Royaume-Uni et dans d'autres pays européens, ainsi qu'aux États-Unis.
En France, l'analyse des données issues du réseau OSCOUR (passages aux urgences) et les données d'hospitalisation ne montrent pas de hausse inhabituelle d'hépatites d'origine inconnue chez les enfants.
Après avoir précisé la définition d'un cas possible d'hépatite aiguë d'origine inconnue, Santé publique France indique la conduite à tenir pour l'investigation de ces cas, afin de détecter un signal similaire à celui observé outre-Manche :
- description des étapes pour le recueil des informations en provenance du terrain ;
- fluidification et sécurisation du circuit des signalements, notamment avec la mise en place d'une plateforme spécifique.
De son côté, la DGS appelle les professionnels de santé à la vigilance en cas de suspicion d'hépatite d'origine inconnue.
Un nombre anormalement élevé de cas pédiatriques d'hépatite aiguë sévère sans origine identifiée (absence des virus des hépatites A, B, C, D et E) est observé dans le monde.
En Europe, le nombre de cas notifiés à l'Organisation mondiale de la santé au 28 avril 2022 s'élève à 166 chez des enfants âgés de 1 mois à 16 ans, répartis dans 12 pays de l'Union européenne (55 cas) et au Royaume-Uni (111 cas).
En France, pas de hausse anormale d'hépatites d'origine inconnue en pédiatrie
Selon les données épidémiologiques françaises analysées par Santé publique France [1], aucun signal similaire à celui rapporté au Royaume-Uni n'est identifié : « aucun excès de passages aux urgences ni de séjours hospitaliers n'a été identifié sur le territoire national depuis le 1er janvier 2022 par rapport aux années précédentes (2018-2021) ».
En France, deux cas d'hépatite aiguë pédiatrique d'origine indéterminée
Les données exploitées par Santé publique France sont issues du réseau de l'Organisation de la surveillance coordonnée des urgences (OSCOUR) et du programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI) correspondant aux données d'hospitalisation. Elles correspondent à une période comprise entre 2018 et avril 2022, et ciblent la population des 0-17 ans.
Au total, deux cas d'hépatite aiguë (chez des enfants de moins de 10 ans) dont l'origine est encore indéterminée ont été signalés par le CHU de Lyon. Les investigations sont toujours en cours.
Des données croisées avec d'autres sources d'informations
Santé publique France a également pris en compte les informations provenant :
- des centres antipoison et de toxicovigilance (CAPTV) : pas de notification de cas en lien avec l'alerte britannique et européenne ;
- de l'Agence de biomédecine : aucune demande d'inscription pédiatrique en urgence sur la liste nationale d'attente pour greffe hépatique.
Des mesures pour renforcer et baliser la surveillance des hépatites d'origine inconnue en France
Après avoir analysé les données françaises et écarté, à ce jour, une augmentation inhabituelle des cas pédiatriques d'hépatite aiguë sans cause connue, Santé publique France a mis en place différents éléments pour structurer le circuit de signalement des cas et le circuit d'investigation pour les cas possibles.
Première étape : définir le cas possible
L'Agence de santé publique a préalablement précisé la définition d'un cas pédiatrique possible d'hépatite aiguë d'origine inconnue (cf. Encadré ci-dessous) [2]. Cette définition précise les critères biologiques orientant vers une hépatite, et les étiologies à écarter (virale, toxicologique, pathologique) avant d'évoquer une origine inconnue.
Enfant âgé de moins de 18 ans, ayant présenté depuis le 1er janvier 2022, une hépatite aiguë sévère, définie par :
Avec un bilan étiologique de 1re intention négatif :
OU avec un adénovirus positif, avec ou sans agent infectieux détecté, avec ou sans hépatopathie chronique, avec ou sans cause métabolique. |
Seconde étape : conduite à tenir en l'absence d'étiologie identifiée
Un cas est considéré comme possible si aucune étiologie n'est identifiée pour expliquer la survenue d'une hépatite aiguë chez un enfant, ou si la recherche d'adénovirus est positive.
Dans ce cas, le signalement doit se faire rapidement sur une page de dépôt des documents sur les hépatites via une plateforme dédiée et sécurisée [3].
L'ensemble des prélèvements doit être envoyé au centre national de référence (CNR) des hépatites B, C et Delta. L'adresse postale est mentionnée dans le document de conduite à tenir élaboré par Santé publique France [4].
Appel à la vigilance des professionnels de santé
Dans un message DGS-urgent du 3 mai 2022 [5], la DGS appelle les professionnels de santé à la vigilance et demande de prendre contact avec le référent en hépato- gastro-pédiatrie du CHU du territoire en cas de suspicion de cas possible.
Pour aller plus loin
[1] Hépatites aiguës pédiatriques sévères d'origine inconnue : point de situation au 29 avril 2022 (Santé publique France, 3 mai 2022).
[2] Définition de cas pour l'investigation de cas pédiatriques d'hépatite aiguë sévère « d'étiologie inconnue » (Santé publique France, 28 avril 2022).
[3] Page de dépôt des documents sur les hépatites (Santé publique France).
[4] Conduite à tenir pour l'investigation de cas pédiatriques d'hépatite aiguë sévère « d'étiologie inconnue » (Santé publique France, 28 avril 2022).
[5] DGS-Urgent n° 2022_51 - Hépatites pédiatriques d'origine inconnue (3 mai 2022).
Sur Vidal.fr
Elisabeth Leca. Augmentation des hépatites graves de l'enfant d'origine indéterminée : enquête en cours (05 mai 2022)
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