Le nombre de tests positifs et d’entrées à l’hôpital pour COVID-19 continue d’augmenter, en particulier chez les personnes non vaccinées (illustration).
La Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) publie une analyse des données appariées issues des bases SI-VIC (traçabilité des hospitalisations pour COVID-19), SI-DEP (traçabilité des tests de dépistage COVID-19) et VAC-SI (traçabilité de la vaccination contre la COVID-19), recueillies entre le 31 mai et le 28 novembre 2021.
Cette analyse de données en vie réelle montrent :
- une surreprésentation des personnes non vaccinées parmi les personnes testées positives au COVID-19,
- une surreprésentation encore plus marquée des personnes non vaccinées parmi les personnes hospitalisées,
- l'érosion de la protection vaccinale après quelques mois (en termes d'infections symptomatiques) et l'intérêt de la dose de rappel pour protéger contre la COVID-19 (infections symptomatiques et hospitalisations),
- l'impact de l'âge chez les non-vaccinés, avec un risque majoré d'hospitalisation chez les séniors non vaccinés (60 ans et plus).
L'analyse publiée le 10 décembre 2021 par la Drees repose sur un appariement des données recueillies entre le 31 mai et le 28 novembre 2021 (extraction le 30 novembre 2021) et provenant des bases françaises suivantes :
- SI-VIC (Système d'Information pour le suivi des VICtimes d'attentats et de situations sanitaires exceptionnelles), dont sont issues les données sur les hospitalisation conventionnelles ou en soins critiques (réanimation, soins intensifs, soins continus) de patients hospitalisés pour ou positifs au test COVID-19,
- SI-DEP (Système d'Informations de DEPistage), permettant de disposer des données sur les résultats des tests de dépistage du SARS-CoV-2,
- VAC-SI (Système d'Information VACcin COVID), correspondant à la base de données sur les vaccinations COVID-19.
Une analyse pour évaluer la relation entre statut vaccinal et développement/évolution de la maladie COVID-19
Cette analyse s'inscrit dans le cadre d'un suivi hebdomadaire réalisé par la Drees.
L'objectif principal est d'évaluer la relation entre :
- le statut vaccinal (non vacciné ou vacciné, en distinguant le niveau de vaccination) ;
- et l'enregistrement d'un test positif de dépistage COVID-19 ou d'une hospitalisation pour COVID-19 (conventionnelle ou en soins critiques).
Tests positifs et hospitalisation : sur-représentation des personnes non vaccinées
L'analyse de la Drees montre une sur-représentation des personnes non vaccinées parmi :
- les personnes testées (ce phénomène s'explique par la nécessité de réaliser un test pour valider le passe sanitaire),
- les personnes dont le test RT-PCR est positif, ce qui sous-entend un risque accru de contamination dans cette sous-population,
- les personnes positives développant des symptômes,
- les personnes hospitalisées, pour lesquelles un test PCR positif a été identifié.
Entre le 1er et le 28 novembre 2021, les 9 % de personnes non vaccinées dans la population française de 20 ans et plus représentent :
- près de 26 % des tests PCR positifs chez les personnes symptomatiques,
- 40 % des admissions en hospitalisation conventionnelle,
- 51 % des entrées en soins critiques,
- 39 % des décès pour COVID-19.
Ces données montrent que la sous-population des personnes non vaccinées (plus de 20 ans), bien que minoritaire (9 %), concentre une proportion importante des événements liés à l'épidémie de COVID-19, que ce soit en termes de contamination, de symptômes ou de progression vers une forme nécessitant une prise en charge plus lourde (cf. Figure 1).
(1) source : appariement SI-VIC, SI-DEP, VAC-SI ; populations Insee estimées au 1er janvier 2021. Calculs DREES. Données extraites le 7 décembre 2021 pour la période du 1 er novembre au 28 novembre 2021.
Analyse à taille de population comparable : les données rapportées sur un dénominateur commun (pour 100 000 personnes)
En pleine cinquième vague épidémique de COVID-19, les chiffres bruts issus des bases de données montrent une augmentation globale du nombre de tests pratiqués et d'hospitalisations quel que soit le statut vaccinal.
Pour affiner leur analyse et afin de comparer les sous-populations entre elles (vaccinés versus non vaccinés), les auteurs ont rapporté les données (2) d'événements liés au COVID-19 (tests positifs, hospitalisations, décès) à taille de population comparable (pour 100 000 personnes ou 1 million de personnes). Dans toutes les catégories d'événements, la population des non vaccinés est sur-représentée (cf. Tableau I) :
- nombre de RT-PCR positifs : plus de 1 300 pour 100 000 non vaccinés (dont 700 symptomatiques) contre moins de 600 pour 100 000 personnes vaccinées (quel que soit le niveau de vaccination, avec au moins une injection), et environ 120 pour 100 000 personnes vaccinées depuis plus de 6 mois avec rappel ;
- soins critiques : 233 personnes pour 1 million de personnes non vaccinées contre 13 personnes pour 1 million de personnes complètement vaccinées avec rappel ;
- décès : 83 décès pour 1 million de personnes non vaccinées contre 13 personnes pour 1 million de personnes complètement vaccinées avec rappel.
Tableau I - Parts et nombres à taille de population comparable de tests et d'événements hospitaliers selon le statut vaccinal entre le 1 er et le 28 novembre 2021
Des niveaux de protection variables en fonction du niveau de vaccination (niveau d'avancée dans le schéma de vaccination)
Les auteurs ont également évalué la protection vaccinale en fonction du niveau de vaccination, c'est-à-dire en distinguant différents états de vaccination parmi les personnes vaccinées :
- partiellement vacciné,
- complètement vacciné,
- de moins de 3 mois, sans rappel,
- de 3 à 6 mois, sans rappel,
- de plus de 6 mois, sans rappel,
- complètement vacciné avec rappel.
D'une façon générale, quel que soit l'état d'avancée du schéma vaccinal, les données montrent que la vaccination protège contre les formes symptomatiques et les entrées hospitalières, en comparaison à la sous-population des personnes non vaccinées qui enregistre des niveaux plus élevés.
En outre, au sein de la population des personnes vaccinées, l'analyse confirme la cinétique de la protection vaccinale au fil du temps, caractérisée par une érosion, et l'intérêt de la dose de rappel pour remonter le niveau de protection après 6 mois (pour les adultes de 20 ans et plus) :
- la protection vaccinale du schéma complet est élevée durant les premiers mois pour toutes les classes d'âge, pour limiter les hospitalisations (conventionnelles ou en soins critiques) et les infections symptomatiques. Cette protection est comprise respectivement entre 90 et 95 % (sauf pour les 80 ans et plus où elle avoisine 85 %), et entre 80 et 85 % pour toutes les classes d'âge (protection contre les formes symptomatiques) ;
- la protection vaccinale contre le risque d'hospitalisation s'atténue légèrement au fil du temps après l'obtention du schéma complet, surtout pour les seniors, moins pour les personnes de 20 à 60 ans ;
- la protection vaccinale s'érode beaucoup plus vis-à-vis des infections symptomatiques, pour toutes les classes d'âge, perdant entre 20 et 30 points entre les personnes vaccinées depuis moins de 3 mois et celles vaccinées depuis plus de 6 mois sans rappel. Pour ces derniers, la protection vaccinale contre les formes symptomatiques est estimée à environ 50 % ;
- l'injection du rappel pour les personnes de plus de 60 ans dont le statut complet remonte à plus de 6 mois améliore la protection vaccinale à plus de 90 %, pour les infections symptomatiques comme pour les hospitalisations. Les bénéfices sont meilleurs que ceux obtenus avec la primo-vaccination.
Non vacciné plus âge avancé : des chiffres éloquents
L'âge avancé (à partir de 60 ans) est considéré depuis le début de la pandémie comme un facteur de risque majeur de forme grave de COVID. Cumulé avec l'absence de vaccination, ce facteur de risque est confirmé en termes d'hospitalisation, en comparaison à une population vaccinée (cf. Figure 2).
Au sein de la population vaccinée de 60 à 80 ans, des différences sont également observées entre les personnes ayant reçu un rappel et les autres. Les premières sont moins représentées dans les événements liés à la COVID-19, soulignant l'intérêt de la dose de rappel.
Enfin, dans la sous-population des non vaccinés, deux phénomènes associés à l'âge peuvent être observés (cf. Figure 3) :
- les adultes non vaccinés de moins de 40 ans présentent un risque accru de test RT-PCR positif symptomatique. En comparaison aux autres personnes non vaccinées, ce risque est supérieur de 50 %. L'intensité des interactions sociales pour les jeunes adultes pourrait expliquer cette tendance ;
- concernant le risque d'hospitalisation parmi les personnes non vaccinées, il croît avec l'âge ; en comparaison aux autres personnes non vaccinées, le risque d'hospitalisation en soins critiques est multiplié par 2 chez les 60 - 79 ans. Quant au risque d'hospitalisation conventionnelle, il est maximal chez les 80 ans et plus.
Figure 3 - Risques relatifs de test positif symptomatique et d'hospitalisation selon l'âge chez les non vaccinés
Pour aller plus loin
Appariements entre les bases SI-VIC, SI-DEP et VAC-SI jusqu'au 28 novembre 2021 : le nombre de tests positifs et d'entrées à l'hôpital pour Covid-19 continue d'augmenter, en particulier chez les personnes non vaccinées (DREES, 10 décembre 2021)
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