Les sujets de plus de 65 ans et ceux à risque de forme grave de COVID-19 sont potentiellement éligibles à une 3e dose de vaccin contre le SARS-CoV-2 (illustration).
La Haute Autorité de Santé (HAS) confirme l'intérêt de faire évoluer la stratégie vaccinale contre la COVID-19 pour intégrer une dose de rappel.
Dans son avis du 23 août 2021, elle préconise une dose de rappel :
- pour toutes les personnes de 65 ans et plus, et les personnes plus jeunes à risque de formes graves de COVID-19 en raison de comorbidités,
- après un délai minimal de 6 mois après la fin du schéma de primovaccination complet avec les vaccins COMIRNATY, SPIKEVAX et VAXZEVRIA (après la dernière dose),
- avec un vaccin à ARNm, sans distinction entre le vaccin COMIRNATY ou le vaccin SPIKEVAX.
Cette démarche vise à compenser la baisse d'efficacité vaccinale dans la durée, suggérée par des études observationnelles internationales. La baisse d'efficacité porte principalement sur la protection contre l'infection par le SARS-CoV-2 et les formes symptomatiques. En revanche, l'efficacité à 6 mois contre les formes graves semble persister de manière importante.
Pour simplifier le parcours vaccinal, la HAS préconise une administration concomitante de la dose de rappel contre la COVID-19 et du vaccin contre la grippe saisonnière. L'objectif est double : favoriser l'adhésion à cette dose de rappel, sans causer de retard à la vaccination antigrippale. L'entrée en vigueur de cette recommandation est néanmoins suspendue à :
- la démonstration de l'absence d'interférence immune significative entre ces deux vaccins,
- l'évolution des autorisations de mise sur le marché (AMM) en fonction des conclusions de l'Agence européenne du médicament (EMA).
En outre, une dose de rappel est également préconisée pour toutes les personnes primovaccinées avec le vaccin JANSSEN (schéma à 1 dose). Ce rappel sera effectué avec un vaccin ARNm (COMIRNATY ou SPIKEVAX) et pourra être réalisé à partir de 4 semaines après la première dose.
En population générale (à l'exception des primovaccinés avec le vaccin JANSSEN), la HAS considère à ce jour que l'administration systématique d'une dose de rappel n'est pas nécessaire, sans néanmoins rejeter totalement cette option. La HAS prévoit de réviser sa position à la lumière de nouvelles données à venir.
La Haute Autorité de Santé (HAS) a complété son avis du 15 juillet dernier relatif à l'évolution de la stratégie vaccinale (cf. notre article du 22 juillet 2021) et à l'intégration d'une dose de rappel dans le schéma de vaccination, par un nouvel avis validé le 23 août 2021.
Dose de rappel : les critères d'éligibilité définis par la HAS
Selon ce nouvel avis, la HAS préconise une dose de rappel :
- chez les personnes de 65 ans et plus et celles à risque de formes graves de COVID-19,
- avec un vaccin ARNm, c'est-à-dire COMIRNATY ou SPIKEVAX indifféremment. Ces vaccins sont tous les deux très efficaces contre les formes graves de COVID-19, y compris celles liées au variant Delta,
- en respectant un délai minimal de 6 mois après la dernière dose lorsque la primovaccination a été réalisée avec les vaccins COMIRNATY, SPIKEVAX et VAXZEVRIA.
N.B. Cette dose de rappel doit être différenciée de la troisième dose recommandée pour certaines personnes dont l'immunité est diminuée et déjà intégrée au schéma de primovaccination (schéma à 3 doses - DGS-Urgent n°43).
Coupler la dose de rappel et la vaccination antigrippale
Dans son avis, la HAS préconise de coupler la campagne de rappel contre la COVID-19 avec la campagne de vaccination contre la grippe saisonnière, dont le démarrage est prévu le 26 octobre 2021.
En effet, les populations ciblées par ces campagnes sont quasiment superposables, ce qui permet d'envisager une simplification du parcours vaccinal. L'objectif est ainsi de favoriser l'adhésion à la dose de rappel de vaccination anti-COVID-19 sans engendrer de retard dans la campagne de vaccination antigrippale.
En pratique, la HAS recommande l'administration du vaccin contre la grippe et celui contre la COVID-19 de manière concomitante, sous réserve de l'absence d'interférence immune significative entre les deux types de vaccins dans les études en cours (étude britannique ComFluCov, dont les résultats ne sont pas encore publiés). L'intégration d'une dose de rappel dans les autorisations de mise sur le marché (AMM) des vaccins contre la COVID-19 est actuellement à l'étude au niveau européen.
Il revient maintenant au ministère de la Santé, et plus particulièrement à la Direction générale de la Santé (DGS), de préciser les modalités d'organisation de la campagne de rappel.
Baisse de l'efficacité au cours du temps : un argument majeur
Ce nouvel avis intervient alors que de nouveaux résultats d'études observationnelles internationales évaluant l'efficacité des vaccins contre la COVID-19 sont disponibles (liste des études présentée en page 16 de l'avis de la HAS du 23 août 2021).
Les résultats de ces études suggèrent une réduction de l'efficacité de tous les vaccins, en particulier contre le variant delta, avec :
- une baisse de la protection concernant essentiellement l'infection et les formes symptomatiques ;
- une baisse d'efficacité, plus légère, sur les formes graves qui restent globalement bien couvertes par les vaccins.
Cette baisse d'efficacité est observée dans l'ensemble de la population, pas uniquement chez les personnes âgées et au sein des populations à risque de formes graves.
La HAS relève cependant les limites méthodologiques de ces études observationnelles, et souligne que d'autres études (notamment des essais cliniques) sont nécessaires pour évaluer l'efficacité vaccinale à long terme.
Pour établir son avis du 23 août 2021, la HAS s'est également appuyée sur les données suivantes :
- données de suivi de l'efficacité et de la persistance dans le temps des titres d'anticorps neutralisants dans les essais cliniques : il est désormais démontré que les anticorps neutralisants protègent contre l'infection contre le SARS-CoV-2. Le titre d'anticorps neutralisants apparaît donc comme un paramètre important, des titres plus faibles ou indétectables après la primovaccination complète étant associés à une protection plus faible ;
- données de suivi des échecs vaccinaux et du statut vaccinal des nouveaux cas de COVID-19, en France (données ANSM du 27 décembre 2020 au 12 août 2021) et à l'international : la surveillance des échecs vaccinaux confirme que la vaccination diminue fortement le nombre de cas de COVID-19 et le nombre d'hospitalisations. En France, la majorité des échecs vaccinaux graves sont signalés chez des personnes âgées de 85 ans et plus, et la présence d'une ou plusieurs comorbidités (facteurs de risque de COVID-19 grave) est mentionnée dans 2/3 des cas d'échecs vaccinaux.
Pour le vaccin JANSSEN : une dose de rappel pour tous les primovaccinés
Dans son avis du 23 août 2021, la HAS recommande également qu'une dose de rappel avec un vaccin à ARNm (COMIRNATY ou SPIKEVAX) soit administrée aux personnes primovaccinées avec le VACCIN JANSSEN (dont le schéma de vaccination prévoit une seule dose), soit environ 1 million de personnes en France. Cette dose de rappel est recommandée à partir de 4 semaines après la première injection.
Pour justifier cette recommandation, la HAS évoque notamment l'absence de démonstration de l'efficacité à long terme du schéma de vaccination à une dose du vaccin JANSSEN contre le variant Delta.
Pas de dose de rappel en population générale (pour le moment)
Interrogée sur la pertinence d'une dose de rappel en population générale, c'est-à-dire pour l'ensemble des personnes primovaccinées, la HAS considère "qu'il n'y pas, à ce jour, de donnée en faveur de l'administration systématique d'une dose de rappel au-delà des personnes ciblées par les annonces gouvernementales et par son avis".
Cette position devrait cependant évoluer dans les prochains mois, à la lumière des nouvelles données disponibles en termes d'efficacité à long terme et en fonction de l'évolution de l'épidémie (et du variant circulant).
Stratégie française versus situation mondiale : les risques associés à une trop forte disparité internationale
La position française d'intégrer une dose de rappel dans la stratégie de vaccination contre la COVID-19 n'est pas isolée : d'autres pays comme les États-Unis ou Israël ont fait ce choix, dans le but d'améliorer la protection de leur population.
Cependant, "une meilleure couverture vaccinale est nécessaire au niveau mondial pour endiguer la pandémie", souligne la HAS dans son avis du 23 août 2021, alors que d'importantes disparités persistent entre les pays, les uns comme la France se préparant à organiser une campagne de rappel tandis que d'autres présentent une couverture vaccinale faible voire nulle.
Ce constat inquiète l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), d'autant plus que ce grand écart vaccinal pourrait faciliter l'émergence de nouveaux variants du SARS-CoV-2. Dans ce contexte, le directeur de l'OMS, Tedros Ghebreyesus, a demandé un moratoire sur les campagnes de rappel, a minima jusqu'à fin septembre, pour renforcer l'approvisionnement en vaccin des pays pauvres. Outre l'OMS, des associations comme Médecins du monde ont également tiré le signal d'alarme et demandent de rééquilibrer l'accès à la vaccination sur l'ensemble du globe terrestre.
Pour aller plus loin
Communiqué de presse - Covid-19 : la HAS précise les populations éligibles à une dose de rappel de vaccin (HAS, 24 août 2021)
Avis n° 2021.0061/AC/SEESP du 23 août 2021 du collège de la HAS relatif à la définition des populations à cibler par la campagne de rappel vaccinal chez les personnes ayant eu une primovaccination complète contre la Covid-19 (HAS, 24 août 2021)
pourquoi ne peut on pas faire de rappel avec une dose de Jansen? Je rappelle que les vaccins à ARN M ont des effets secondaires importants, voire plus desagreables qu'une forme de covid legere à moyenne...
svp pourquoi ne sont pas indiqués les lieux à contacter et les numéros à appeler pour se faire vacciner ???
Merci