L'extension de 2 semaines pour la réalisation d’une IVG, soit jusqu’à 9 semaines d'aménorrhée au lieu de 7, est pérennisée au-delà de la crise sanitaire (illustration).
La Haute Autorité de santé (HAS) a mis à jour les recommandations relatives à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) par méthode médicamenteuse. Ces recommandations dataient de 2010.
Ce travail d'actualisation intervient un an après l'élaboration de réponses rapides émises en avril 2020 (cf. notre article du 15 avril 2020 et Encadré 1) dans un contexte de confinement généralisé pour cause de COVID-19. Suite à une demande du gouvernement d'allonger la période de recours à l'IVG médicamenteuse en ville de 7 à 9 semaines d'aménorrhée (SA), la HAS avait précisé le protocole médicamenteux correspondant à cette situation, ainsi que les recommandations pour réaliser l'IVG à domicile.
En septembre 2020, le ministre de la santé a saisi la HAS pour pérenniser au-delà de la crise sanitaire l'extension de 2 semaines pour la réalisation de l'IVG médicamenteuse.
Encadré 1 - Réponses rapides relatives à l'IVG médicamenteuse en ville émises en avril 2020
Réponse rapide n°1 : Dans tous les cas où cela est possible, les femmes doivent pouvoir choisir la méthode d'IVG, médicamenteuse ou chirurgicale, et recevoir une information détaillée. Réponse rapide n°2 : La méthode médicamenteuse repose sur l'association de l'antiprogestérone mifépristone et d'une prostaglandine le misoprostol (hors AMM). Réponse rapide n°3 : Les séquences de traitement recommandées sont :
Réponse rapide n°5 : Les patientes sont informées de la survenue de douleurs importantes dont la prise en charge est anticipée, et de la préconisation de ne pas rester seule à domicile. Réponse rapide n°6 : En cas de COVID 19, l'ibuprofène, antalgique de référence dans l'IVG médicamenteuse, est remplacé par le paracétamol associé à l'opium ou à la codéine. |
IVG entre 7 et 9 SA : un seul protocole médicamenteux associant mifépristone et misoprostol
Pour rappel, l'IVG médicamenteuse peut être réalisée jusqu'à 9 SA, en établissement de santé ou hors établissement de santé par un médecin ou une sage-femme ayant un contrat avec une structure et une expérience professionnelle adaptée.
Dans ses recommandations actualisées au 12 avril 2021, un seul protocole médicamenteux est retenu pour réaliser une IVG médicamenteuse en ville entre 7 et 9 semaines d'aménorrhée (cf. Figure 1 et Encadré 2) :
- 200 mg de mifépristone (antiprogestérone) en 1 prise, par voie orale,
- puis, 24 à 48 h plus tard, 800 µg de misoprostol (prostaglandine) en une seule prise, par voie transmuqueuse orale ou sublinguale (hors AMM). La voie transmuqueuse orale correspond à l'introduction du comprimé entre la joue et la gencive ; les femmes doivent avaler les fragments résiduels au bout de 30 minutes.
Encadré 2 - Spécialités de mifépristone et misoprostol commercialisées en France
|
Des données en faveur de la voie transmuqueuse pour les comprimés de misoprostol
Selon la HAS, "les études évaluant l'efficacité du misoprostol, après 200 mg de mifépristone, sont en faveur d'une efficacité des voies sublinguale (hors AMM) et transmuqueuse orale (hors AMM) comparable à celle de la voie vaginale (hors AMM), et d'une efficacité des voies vaginale et transmuqueuse orale supérieure à celle de la voie orale (hors AMM au-delà de 7 SA) jusqu'à 9 SA".
Cependant, l'utilisation des comprimés de misoprostol par voie vaginale expose à des effets indésirables graves (choc septique à Clostridium sordellii, événements cardiovasculaires). Par conséquent, la voie vaginale ne doit pas être utilisée.
Avant 7 SA et après 9 SA : rappel des recommandations
Pour rappel, avant 7 SA, 2 séquences de traitement sont recommandées :
- une prise de 600 mg de mifépristone par voie orale suivie, 24 à 48 h plus tard, de 400 µg de misoprostol par voie orale ;
- ou une prise de 200 mg de mifépristone par voie orale suivie, 24 à 48 h plus tard, de 400 µg de misoprostol par voie transmuqueuse orale ou sublinguale (hors AMM).
IVG à domicile : conditions de réalisation
Comme recommandé dans ses réponses rapides d'avril 2020, la HAS a intégré dans cette nouvelle version des recommandations relatives à l'IVG médicamenteuse la possibilité de proposer à la patiente une administration de mifépristone et du misoprostol à domicile.
En effet, du fait du déploiement de la téléconsultation pour l'IVG médicamenteuse, il est nécessaire de permettre la prise des médicaments de l'IVG à domicile. La téléconsultation pour IVG est envisageable si le médecin ou la sage-femme le juge possible et avec l'accord de la patiente.
Cette démarche implique également de délivrer des médicaments de mifépristone et de misoprostol en pharmacie d'officine directement à la patiente ayant consulté (normalement, la délivrance est réservée aux professionnels de santé). Celle-ci doit préciser au prescripteur le nom de la pharmacie pour la délivrance.
D'un point de vue sécurité, la HAS souligne que "la fréquence des complications de l'IVG à domicile (hémorragies sévères) est comparable à celle des IVG réalisées en milieu hospitalier". En outre, en cas de prise des médicaments de l'IVG en dehors du domicile, il existe un risque d'expulsion sur le trajet du retour au domicile de la femme.
La HAS a établi un ensemble de précautions à respecter en cas de réalisation de l'IVG médicamenteuse à domicile (cf. Encadré 3).
Encadré 3 - Précautions recommandées en cas de prise des médicaments de l'IVG à domicile
|
Recommandations relatives à la visite de suivi
La visite de suivi intervient entre le 14e et le 21e jour post-IVG pour une grossesse de localisation bien déterminée. Elle a pour objectif de confirmer le succès de l'IVG médicamenteuse de plusieurs façons :
- par un examen clinique, si la consultation est en présentiel, associé à un dosage de ß-hCG plasmatique ou un test urinaire semiquantitatif adapté au suivi de l'IVG médicamenteuse,
- ou par un examen clinique associé à une échographie pelvienne.
Pour aller plus loin
Communiqué : interruption volontaire de grossesse par méthode médicamenteuse - Mise à jour (HAS, 12 avril 2021)
Interruption volontaire de grossesse par méthode médicamenteuse - Mise à jour - Recommandations (HAS, 12 avril 2021)
Interruption volontaire de grossesse par méthode médicamenteuse - Mise à jour - Synthèse (HAS, 12 avril 2021)
Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) médicamenteuse à la 8ème et à la 9ème semaine d'aménorrhée (SA) hors milieu hospitalier - Réponses rapides dans le cadre du COVID-19 (HAS, 10 avril 2020)
Sur VIDAL.fr
COVID-19 ET IVG MÉDICAMENTEUSE : ADAPTATION EXCEPTIONNELLE DU PROTOCOLE EN VILLE (EDIT DU 16 AVRIL 2020) (15 avril 2020)
Commentaires
Cliquez ici pour revenir à l'accueil.