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Sport et COVID-19 : les éventuelles conséquences cardiaques soulèvent de nombreuses questions

Comment reprendre sans risque la pratique du sport après une infection COVID-19 ? Une atteinte cardiaque est assez fréquente dans les formes sévères, ce qui impose donc un bilan. Mais qu'en est-il des sujets ayant eu une forme pauci-symptomatique, voire asymptomatique ? Ont-ils aussi un risque d'atteinte cardiaque évoluant à bas bruit, mais pouvant favoriser des troubles du rythme et la survenue d'une mort subite ? Quel bilan effectuer en pratique ? Autant de questions aujourd'hui sans réponse bien tranchée, qui suscitent débats et publications. Une étude française pourrait apporter un éclairage intéressant.
Isabelle Hoppenot 08 décembre 2020 Image d'une montre4 minutes icon Ajouter un commentaire
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Autoriser ou non les sportifs ayant été infectés par le SARS-CoV-2 à reprendre les entraînements intensifs (illustration).

Autoriser ou non les sportifs ayant été infectés par le SARS-CoV-2 à reprendre les entraînements intensifs (illustration).


L'impact potentiellement délétère des épisodes grippaux sur le muscle cardiaque n'est pas un sujet nouveau. Le cœur est en effet un muscle qui peut, comme les autres muscles, être touché par l'inflammation accompagnant les épisodes viraux. Dans ses dix règles d'or sur le cœur et l'activité sportive, édictées afin de réduire le nombre de morts subites au cours de l'activité physique, le Club des cardiologues du sport recommande de ne pas pratiquer d'activité sportive en cas de fièvre, ni dans les 8 jours suivant un épisode grippal (fièvre et courbatures). Cette préconisation est, notamment, liée à la crainte d'une myocardite, pouvant être asymptomatique et favoriser la survenue de troubles du rythme à l'effort, voire entraîner une mort subite.

Le tropisme cardiovasculaire du SARS-CoV-2
Dans le contexte de l'épidémie COVID-19, cette recommandation est d'autant plus d'actualité que l'infection par le SARS-CoV-2 s'accompagne fréquemment d'une symptomatologie cardiovasculaire, point dont VIDAL s'est plusieurs fois fait l'écho. Si une atteinte cardiaque, dont témoigne en particulier l'élévation de la troponine, est souvent rapportée chez les malades hospitalisés, elle pourrait aussi concerner des patients ayant une forme modérée de la maladie, ou même des sujets asymptomatiques.

Des consensus d'experts
Dès la fin de la première vague et la sortie du confinement, les sociétés savantes, en France comme aux États-Unis, avaient émis un certain nombre de recommandations pour la reprise du sport après une infection COVID-19, mais forcément empiriques face à une maladie totalement inconnue auparavant.
La Société française de cardiologie (SFC) avait ainsi mis en ligne un guide de reprise sportive à destination de la population générale et aussi, plus spécifiquement, des sportifs de haut niveau.
Aux États-Unis, le groupe cardiologie du sport du Collège américain de cardiologie avait lui aussi émis des guidelines, mais qui, comme celles de la SFC, concernaient plutôt les sujets ayant développé une COVID-19 symptomatique et les cas contacts.

Les modalités de dépistage sont discutées
La médiatisation de plusieurs cas de morts subites survenues chez des sportifs de haut niveau, et la publication de plusieurs études ayant mis en évidence des lésions myocardiques chez des sportifs ayant une infection COVID-19 peu symptomatique, voire asymptomatique, a fait poser la question d'un plus large dépistage d'une atteinte myocardique et de ses modalités.
Une récente publication du JAMA Cardiology a compilé l'ensemble des données aujourd'hui disponibles. Les auteurs rappellent que ces dernières sont amenées à évoluer avec l'accumulation des connaissances et que des registres multicentriques ont été mis en place, afin de mieux préciser la pertinence des stratégies actuelles fondées sur la stratification du risque. En particulier, ils consacrent tout un chapitre à la place de l'IRM cardiaque, dont l'intérêt potentiel a été souligné par plusieurs équipes.

Lancée au printemps dernier par le CHU de Bordeaux et menée par le Dr Laurent Chevalier, cardiologue à la clinique du sport de Mérignac, et le Dr Isabelle Pellegrin, coordinatrice médicale du Groupe de recherche en biologie pathologie au CHU de Bordeaux, l'étude ASCCOVID19 a pour but de préciser si l'infection par le SARS-CoV-2, dans ses formes modérées, a un tropisme cardiaque significatif pouvant avoir un impact lors de la pratique sportive de haut niveau. Comme le souligne le Dr Laurent Chevalier, « l'objectif est de dégager des arbres diagnostiques et décisionnels afin de pouvoir, sur la base de paramètres validés, autoriser ou non les sportifs à reprendre les entraînements intensifs après avoir contracté le virus, et dans quelles conditions ». Ce travail prospectif devrait porter au total sur quelque 800 rugbymen de la Ligue nationale de rugby, 200 étudiants des filières universitaires STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives) et des hommes du RAID. 

Un suivi très étroit depuis plusieurs mois
Ces sportifs, dont certains ont eu une infection COVID-19 paucisymptomatique ou asymptomatique, bénéficient depuis plusieurs mois d'un protocole de suivi très étroit, par PCR hebdomadaire et sérologie mensuelle. Ils constituent de ce fait un modèle unique pour mieux connaître les conséquences d'une infection virale sur le système cardiovasculaire.
Le bilan cardiaque se fonde notamment sur la réalisation d'un ECG, d'une échographie cardiaque, d'une épreuve d'effort et d'une IRM pour les sujets COVID 19 positifs. Il est complété par un suivi biologique et, à terme, génétique. « À la phase aiguë de la maladie, le risque est surtout lié à la survenue d'une myocardite. Mais, à plus long terme, c'est le risque de fibrose, source de foyers arythmogènes, qui retient aussi l'attention. Des premières données sont espérées à la fin du premier trimestre 2021. Au-delà des enseignements concernant les modalités de la reprise du sport, ce travail pourrait aussi permettre de mieux préciser si un suivi au long cours est également nécessaire. Des informations utiles pour les sportifs de haut niveau, mais aussi, plus largement, pour les millions de sportifs amateurs » souligne le Dr Chevalier.

©Vidal.fr

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