La HAS a actualisé plusieurs de ses Réponses rapides dans le cadre de la COVID-19 dont celle sur la prise en charge ambulatoire des patients souffrant de troubles psychiques (illustration).
Prise en charge des troubles psychiques en période de COVID-19 : une population plus à risque de rupture de soins
Lors du premier confinement entre mars et mai 20020, les mesures de confinement ont mis en évidence la grande vulnérabilité des personnes souffrant de troubles psychiques notamment :
- par rapport à l'infection COVID-19, avec un risque de développer des formes graves en raison de comorbidités somatiques. En outre, ces personnes semblent plus exposées au risque de contamination, du fait des difficultés à respecter les consignes sanitaires et à appliquer les mesures barrières ;
- par rapport aux conséquences du confinement, se traduisant par une accentuation de l'isolement social et un risque plus élevé de rupture de soins, ainsi qu'une fragilisation de l'état psychique causée par le contexte anxiogène.
Maintenir le suivi médical des patients ayant un trouble psychique
Le maintien du suivi médical des patients souffrant de troubles psychiques préexistants est essentiel.
Pour la HAS, l'enjeu est donc de garantir un accès aux soins ambulatoires pour la majorité des patients et un accès aux soins spécialisés en psychiatrie pour les nouveaux patients le nécessitant (notamment du fait de la pandémie).
Cinq réponses rapides de la HAS répondent à cet enjeu :
- Réponse rapide n° 1 : prendre contact avec les patients dans une démarche proactive.
- Réponse rapide n° 2 : renforcer l'offre de soins ambulatoires en utilisant les modalités de prise en charge en présentiel et à distance (vidéotransmission dans la mesure du possible, sinon téléphone).
- Réponse rapide n° 3 : garantir un accès aux soins pour les nouveaux patients nécessitant une prise en charge spécialisée en psychiatrie, en privilégiant les prises en charge en présentiel pour les premières consultations.
- Réponse rapide n° 4 : dans le cadre d'une décision partagée avec le patient, ajuster le projet de soins et accompagnement et définir les modalités de prise en charge (en présentiel, alternance présentiel/à distance ou à distance).
- Réponse rapide n° 12 : maintenir l'accès aux urgences psychiatriques et assurer sur des horaires élargis une permanence téléphonique pour les situations de détresse aiguë au niveau des secteurs de psychiatrie.
Les professionnels de santé de ville et de l'hôpital (ou structures spécialisées) doivent également maintenir une coordination/coopération entre eux :
- Réponse rapide n° 5 : l'ensemble des professionnels veillent à ce que la coordination/coopération soit renforcée (entre les acteurs de la psychiatrie, les médecins traitants/médecins généralistes et les autres professionnels impliqués dans la prise en charge et l'accompagnement du patient).
Enfin, en cas de symptômes de COVID-19 ou de contact récent avec une personne infectée, la réalisation d'un test, en lien avec le médecin généraliste/traitant, est indiquée (Réponse rapide n° 11).
Les soins et les traitements
La rupture de soins peut se traduire par un arrêt des traitements en cours, pour diverses raisons. En période de confinement, les pharmacies d'officine restent ouvertes et sont approvisionnées normalement en médicaments. Des solutions sont proposées pour renforcer l'accès aux médicaments, comme le portage à domicile. En revanche, contrairement au premier confinement, la mesure visant à autoriser le renouvellement d'une ordonnance expirée dans le cadre d'un traitement chronique n'est pas reconduite (sauf pour les traitements de substitution aux opiacés, les contraceptifs oraux et les dispositifs médicaux).
Réponse rapide n° 8 : faciliter l'accès du patient à ses prises en charge thérapeutiques (renouvellement d'ordonnances, délivrance de médicaments, transports) et rester vigilant quant à son suivi somatique, notamment dans la mesure où il peut être un sujet à risque de forme grave de COVID-19 du fait de certaines comorbidités somatiques, fréquentes en psychiatrie.
L'environnement du patient doit être préservé
Dans ces Réponses rapides actualisées relatives aux troubles psychiques, la HAS souligne l'importance de préserver l'environnement du patient, qu'il s'agisse du contexte familial ou de l'hygiène de vie.
Pour les personnes vivant seules, en particulier les personnes âgées, il est recommandé d'évaluer avec elles les possibilités d'aides mobilisables dans l'entourage et de solliciter, si besoin, les services sociaux communaux.
Pour les patients en situation de handicap, il est essentiel de veiller à la continuité des droits et prestations faisant l'objet d'une demande auprès de la maison départementale des personnes handicapées (MDPH) et d'évaluer un éventuel besoin d'accompagnements complémentaires.
Enfin, pour les personnes concernées, il est important de s'assurer que les tuteurs et curateurs sont joignables et maintiennent leur aide.
Deux Réponses rapides portent sur cet aspect de la prise en charge globale :
- Réponse rapide n° 6 : sensibiliser le patient et son entourage aux effets bénéfiques du maintien d'une hygiène de vie (maintien de certains rythmes, voire ritualisations sécurisantes, dans l'organisation de la journée, etc.).
- Réponse rapide n° 9 : une attention particulière est portée par les professionnels concernés au contexte familial et social du patient (être attentif à d'éventuelles situations de violences intrafamiliales/conjugales, voire de maltraitances ; veiller au renouvellement des droits et prestations MDPH ; s'assurer que les tuteurs et curateurs sont joignables et maintiennent leur aide ; etc.).
Troubles psychiques et mesures barrières : un effort supplémentaire
Enfin, les patients souffrant de troubles psychiques semblent présenter plus de difficultés à respecter ou adhérer aux mesures barrières, avec comme conséquence un risque de contamination virale accru. Deux Réponses rapides soulignent le rôle des professionnels de santé pour sensibiliser voire réexpliquer à ces patients ces consignes sanitaires :
- Réponse rapide n° 7 : évaluer avec le patient les éventuelles difficultés rencontrées pour le respect des consignes sanitaires (confinement, etc.) et l'aider à les résoudre. Le cas échéant, lui rappeler les aménagements prévus pour les personnes en situation de handicap ;
- Réponse rapide n° 10 : s'assurer de la compréhension des mesures barrières par les patients (port correct du masque, hygiène des mains, distanciation physique, ventilation/aération régulière des pièces de vie en particulier), évaluer leur adhésion à l'importance du respect de ces mesures et les accompagner dans leur mise en œuvre.
Maladies chroniques somatiques : même en confinement, le suivi médical et les traitements doivent se poursuivre
L'expérience du premier confinement montre des interruptions dans la prise en charge des patients chroniques, avec des conséquences potentiellement délétères. Concernant les traitements par exemple, le quatrième rapport sur l'utilisation des médicaments de ville en France en période d'épidémie de COVID-19, réalisé par le groupement d'intérêt scientifique EPI-PHARE (Assurance maladie / ANSM) confirme l'effondrement des délivrances de certaines catégories de médicaments, dont les médicaments à visée diagnostique ou les vaccins (cf. notre article du 13 octobre 2020).
"Lors du premier confinement, de nombreuses personnes ont cessé leurs consultations par crainte d'être contaminées par le virus SARS-CoV-2", souligne la HAS, qui insiste sur l'importance de poursuivre le suivi médical, les actes de dépistage, et les traitements des patients chroniques. Pour cela, elle a actualisé ses Réponses rapides relatives aux maladies chroniques somatiques.
Au total, 7 recommandations sont adressées aux professionnels médicaux et paramédicaux, dont 3 spécifiquement destinées aux médecins intervenant auprès du patient.
Entre les professionnels intervenant auprès des patients : informer, repérer et échanger
Les 4 premières Réponses rapides mettent en avant 3 aspects fondamentaux de la prise en charge, auxquels l'ensemble des professionnels intervenant auprès des patients doivent participer :
- l'information des patients et de l'entourage, notamment sur les moyens et outils disponibles pour maintenir le lien médical et social (sécurité des consultations en présentiel, ou télésanté, associations de patients, etc.), ou sur la préservation d'une qualité de vie (activité physique, alimentation). Cette démarche vise à accompagner les patients, mais également les aidants familiaux dont la santé ne doit pas être négligée (Réponses rapides 1, 2 et 4) ;
- le repérage de signes anormaux évoquant une décompensation de la pathologie chronique, une interruption des traitements, ou des difficultés à vivre les mesures de restriction imposées par la pandémie (Réponses rapides 1, 3 et 4) ;
- la nécessité d'échanger et d'alerter le médecin traitant (qui reste le coordinateur des soins) en cas de signes inhabituels et inquiétants (Réponse rapide 1).
Messages spécifiques pour les médecins intervenant auprès du patient
Enfin, 3 Réponses rapides sont adressées directement au médecin traitant, dont le rôle de coordinateur est fondamental :
- Réponse rapide n°5 : lors de la/des consultations médicales (en présentiel, en téléconsultation ou à domicile), évaluer avec le patient sa situation vis-à-vis de la COVID-19 :
- rechercher des symptômes de COVID-19 ou un contact avec une personne COVID-19 dans les 7 jours précédents et proposer une prise en charge adaptée, d'autant plus que les patients souffrant d'une maladie chronique sont plus exposés à une forme grave de COVID-19 (Avis du HCSP du 29 octobre 2020) ;
- en cas d'épisode ancien de COVID-19, préciser la prise en charge effectuée en aigu/par la suite et l'éventuel retentissement somatique, psychologique ou cognitif.
- Réponse rapide n°6 : évaluer avec le patient sa situation vis-à-vis de la maladie chronique, son état de santé somatique et psychologique (survenue ou aggravation de troubles anxieux, dépressifs, du sommeil, addiction éventuelle) et ajuster avec le patient, en s'appuyant sur les besoins exprimés, le plan de soins.
- Réponse rapide n°7 : poursuivre les dépistages habituels (cancers, etc.) et les vaccinations (dont vaccination contre la grippe), et initier le dialogue sur la vaccination contre la COVID-19.
Pour aller plus loin
Communiqué - Actualisation de la fiche Réponses rapides relative à la prise en charge ambulatoire des patients souffrant de troubles psychiques (HAS, 24 novembre 2020)
Fiche Réponses rapides dans le cadre de la CVID-19 : prise en charge ambulatoire des patients souffrant de troubles psychiques (HAS, 5 juin 2020, actualisé le 23 novembre 2020
Communiqué - Accompagner les patients ayant une maladie chronique somatique (HAS, 19 novembre 2020)
Fiche Réponses rapides dans le cadre de la COVID-19 - Accompagner les patients ayant une maladie chronique somatique (HAS, 2 avril 2020, actualisé le 19 novembre 2020)
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