Des patients qui ne semblent pas plus à risque d'infection par le SARS-CoV-2 que la population générale (illustration).
Face à l'arrivée de cette nouvelle infection virale à tropisme respiratoire, un parallèle avait été fait avec la grippe, et plus largement avec les épidémies virales hivernales, qui favorisent les exacerbations d'asthme. Les asthmatiques étaient donc considérés a priori comme des sujets à risque d'infection, notamment d'infection grave. Une crainte qui s'est révélée jusqu'ici infondée, même si la prudence reste toujours de mise face à une infection virale encore très mal connue. Mais les données actuelles convergent : les patients asthmatiques ne semblent pas plus à risque de contracter la COVID-19 que la population générale. De même, en cas d'infection, ils ne semblent pas particulièrement à risque de formes sévères, celles-ci concernant plutôt les patients avec des antécédents cardiovasculaires, les sujets obèses et les diabétiques.
Ces données rassurantes ne doivent pas pour autant faire oublier la nécessité du respect des gestes barrières (lavage des mains, distanciation sociale, etc.).
Tenir compte du facteur âge
"Il faut bien sûr tenir compte de l'âge et du contrôle de l'asthme ", a rappelé le Pr Gilles Garcia, pneumologue à Antony. "La situation est en effet totalement différente selon qu'il s'agit d'un patient d'une trentaine d'années avec un asthme bien contrôlé au moyen d'un traitement par corticoïdes inhalés à faibles doses ou bien d'un sujet de 70 ans ayant un asthme sévère, mal contrôlé".
Un avis partagé par le Dr François Trémolières, qui estime que le SARS-CoV-2 a un impact différent de celui du virus grippal chez les sujets asthmatiques, en particulier dans la population pédiatrique, où la grippe est un facteur majeur d'exacerbation de l'asthme.
Ces différences tiennent sans doute au mode d'action particulier du SARS-Cov-2 qui, au niveau pulmonaire, entraîne une atteinte inflammatoire alvéolaire, responsable d'un syndrome de détresse respiratoire aiguë et qui explique les besoins en oxygène très élevés, mais aussi la survenue de thromboses.
La place des corticoïdes inhalés à l'étude… chez les non asthmatiques
En pratique, il a été recommandé aux sujets asthmatiques (comme à toute la population), de proscrire les anti-inflammatoires non stéroïdiens, mais de ne pas interrompre leur traitement par corticoïdes inhalés, qui visent à maintenir un niveau d'inflammation bronchique bas.
Du fait de leur mode d'action, les corticoïdes inhalés pourraient même avoir un intérêt en prévention des formes sévères de COVID-19. Une étude clinique multicentrique française a d'ailleurs été mise en place, l'essai INHASCO, coordonné par le Pr Camille Taillé à l'hôpital Bichat (Paris). L'objectif est d'évaluer le rôle protecteur des corticoïdes inhalés dans l'infection COVID-19, indépendamment du statut asthmatique. La première inclusion a eu lieu le 13 avril 2020.
Consulter en cas de symptômes inhabituels
Autre recommandation importante : la nécessité de consulter son médecin en cas de survenue de symptômes respiratoires différents de ceux habituellement présentés (réveils nocturnes, nécessité d'augmenter les doses de bêta-2 mimétique, etc.) qui doivent faire évoquer une infection COVID-19, et faire indiquer, le cas échéant, un scanner thoracique et une PCR nasale. "Certains éléments radiologiques sont très évocateurs, a rappelé le Pr Garcia. « Des images au scanner en verre dépoli en périphérie avec des condensations aux bases chez un patient suspect d'infection COVID-19 donnent la quasi-certitude du diagnostic de pneumonie virale à SARS-CoV-2".
De même, les patients ayant un asthme sévère traités par une corticothérapie orale doivent contacter leur pneumologue dans le cadre de cette épidémie.
La problématique est différente pour les biothérapies, qui ne sont pas des traitements immunosuppresseurs et qui doivent être poursuivies.
Un bilan à 2-3 mois
Les patients asthmatiques ayant fait une infection COVID-19 doivent bénéficier d'un bilan à distance. Comme l'a précisé le Pr Gilles Garcia, il est important de faire un scanner 2 à 3 mois après l'infection, afin de d'assurer que les lésions pulmonaires ont bien disparu. Ce bilan d'imagerie doit être complété par des explorations fonctionnelles respiratoires. Il doit, plus globalement, être réalisé chez tout patient ayant fait une pneumonie à SARS-CoV-2 qui a nécessité une oxygénothérapie, afin de vérifier la récupération ad integrum de la fonction respiratoire.
©vidal.fr
Pour en savoir plus
VIDAL Live. Asthme & COVID-19. Pr Gilles Garcia, pneumologue, et Dr François Trémolières, infectiologue et interniste. 13 avril 2020
Sources
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