#Santé publique #COVID-19

COVID-19 chez l’enfant : état des lieux sur l’épidémiologie, la contagiosité et la clinique

Le 6 mai dernier, un VIDAL Live a eu pour thème : l’épidémie COVID-19 dans la population pédiatrique. Cette visioconférence interactive a permis à deux experts, le Dr Fanny Autret, pédiatre, et le Dr François Trémolières, infectiologue, d’apporter leurs connaissances dans ce domaine. 
L’article ci-dessous rapporte les premiers éléments détaillés lors de cette visioconférence, à savoir l’épidémiologie, la contagiosité et les aspects cliniques de l’infection COVID-19 chez l’enfant.

Deux autres articles de cette VIDAL News traitent, d’une part de la maladie de Kawasaki liée à l’infection par le SARS-CoV-2 et, d’autre part de plusieurs conséquences de la pandémie dans la population pédiatrique de la maternité à l'école.   


Bien sûr, les informations présentées ici sont susceptibles d’évoluer en fonction des prochaines publications et, surtout, sont à pondérer par la variabilité des tests de diagnostic pour lesquels la France n’est pas la plus performante.
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En règle générale, une maladie moins fréquente et moins grave chez l'enfant (illustration).

En règle générale, une maladie moins fréquente et moins grave chez l'enfant (illustration).


La COVID-19 est moins fréquente et moins grave chez l'enfant que chez l'adulte. On estime que, par rapport aux adultes, il y a environ 10 000 fois moins de décès, 1 000 fois moins de formes graves (réanimation), 100 fois mois d'hospitalisations et 10 fois moins de malades.

Une infection moins fréquente ...
Selon des données chinoises, sur 44 672 infections par le SARS-CoV-2, les enfants représentent 1 % des cas quelque soit l'âge.
Les données de Santé publique France du 21 avril 2020 confirment que les enfants sont peu représentés (2 %) dans la population de patients consultant aux urgences pour suspicion de COVID-19 (Figure 1).
Toujours selon Santé publique France, les enfants seraient autant sujets à l'infection par le SARS-CoV-2 que les adultes, mais les cas symptomatiques ne représentent que 1,5 % de l'ensemble des cas diagnostiqués parmi les 0-19 ans.
 
 
Figure 1 : Nombre quotidien de passages aux urgences selon l'âge pour suspicion de COVID-19  (en rose : âge < 15 ans)

… et moins grave
Santé publique France confirme que les enfants infectés sont principalement asymptomatiques ou paucisymptomatiques. Les formes graves et les décès restent exceptionnels (0,16 % des cas hospitalisés et 0,04 % des décès survenus à l'hôpital).
Les pneumopathies sont de moindre gravité que chez l'adulte (rarement besoin d'oxygène ou de réanimation). Lors d'une audition à l'Assemblée nationale (23 avril 2020), le directeur général de la santé a fait mention qu'en France "il y a fort peu d'enfants admis à l'hôpital et encore moins en réanimation. Les décès sont survenus chez des enfants ayant des pathologies extrêmement lourdes".
Au 21 avril 2020, selon les données de santé publique en France, les enfants de 0-14 ans représentaient moins de 1 % des hospitalisations pour COVID-19, moins de 1 % des hospitalisations en réanimation pour COVID 19 et moins de 1 % des décès
Cette moindre fréquence des formes graves (< 1% des cas) est retrouvée aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Italie.
Une large série chinoise a porté sur 2 143 enfants diagnostiqués entre le 16 janvier et le 8 février, d'âge médian 7 ans (2-13 ans), majoritairement de sexe masculin (56,6 %), dont 731 (34,1 %) étaient des cas biologiquement confirmés et 1 412 (65,9 %) des cas suspectés. Plus de 90 % des enfants étaient asymptomatiques ou avaient des manifestations légères à modérées.
Globalement, on admet donc que toutes les données sont rassurantes avec, chez l'enfant par rapport à l'adulte, 10 000 fois moins de décès, 1 000 fois moins de formes graves nécessitant une réanimation, 100 fois moins d'hospitalisations et 10 fois moins de sujets atteints.
Les hypothèses avancées pour expliquer cette moindre gravité sont une immunité croisée avec d'autres coronavirus, une expression/configuration différentes des récepteurs ACE2, des processus immunitaires différents et l'exposition moindre au tabac et à d'autres divers polluants, ainsi que des poumons en meilleur état.
Les enfants les plus à risque de forme grave sont probablement, comme chez l'adulte, ceux ayant une pathologie chronique : pulmonaire (insuffisance respiratoire chronique, bronchopathie, en particulier mucoviscidose, dyskinésie ciliaire primitive, dilatation des bronches, dysplasie broncho-pulmonaire, asthme sévère, hypertension artérielle pulmonaire) ; insuffisance corticotrope ou surrénalienne ; immunosuppression, en particulier leucémies aiguës lymphoblastiques ; maladies inflammatoires auto-immunes ou auto-inflammatoires non contrôlées ; traitements immunosuppresseurs ; insuffisance cardiaque, cardiopathies cyanogènes ; certaines maladies héréditaires du métabolisme. 
 
Contagiosité des enfants : des données rassurantes
Parmi les patients suspects de COVID-19 vus aux urgences ou à l'hôpital, la PCR est 3 fois moins souvent positive chez les enfants que chez les adultes. Des résultats proches (PCR moins souvent positives chez les enfants que chez les adultes), ont été observés en Islande, chez les patients-contacts COVID-19 et en population générale.
L'étude de Santé publique France (foyer des Contamines-Montjoie) a montré qu'aucun des 172 contacts, majoritairement des enfants, d'un garçon de 9 ans paucisymptomatique dont la PCR était positive, n'a été contaminé.
Dans l'enquête (Crépy-en-Valois) ayant suivi le décès d'un enseignant par COVID-19, les sérologies positives étaient plus fréquentes chez les adolescents et les adultes que chez les enfants.
Les enfants hospitalisés en France pour COVID-19 ont, en majorité, été contaminés par un adulte de l'entourage.
Ainsi, les premières données disponibles sur le portage et la contagiosité sont rassurantes et vont dans le sens d'une transmission directe plutôt faible d'enfant à enfant et d'enfant à adulte, alors que la transmission est plutôt élevée d'adulte à enfant. Cependant, alors que le parent accompagnant a de fortes chances d'être le contaminateur et donc d'être porteur du virus, on ne peut pas interdire les visites aux parents, contrairement à ce qui se fait en médecine "adulte".
En revanche, le risque de transmission indirecte par les objets est probablement plus important chez l'enfant.
Par ailleurs, si les enfants semblent plus modestement contagieux, ils peuvent transmettre la maladie aux personnes vulnérables. Il faut donc éviter d'exposer les personnes fragiles à ce risque.
 
Peu de spécificité clinique
Les formes asymptomatiques ou très peu symptomatiques sont prédominantes et la maladie est sûrement sous-diagnostiquée du fait d'un tableau clinique très discret ne comportant quasiment pas de symptômes.
La symptomatologie est peu différente de celle observée chez l'adulte, faite de fièvre et de signes associés (frissons, courbatures, céphalées, asthénie, etc.), de toux, rhinite, céphalées, troubles digestifs (diarrhée, vomissements), dysphagie, éruptions cutanées non spécifiques, tachypnée, conjonctivite et de troubles neurologiques divers.
Certaines manifestations plus spécifiques chez l'adulte sont plus rares avant 10 ans : pneumopathie avec aspect typique en tomodensitométrie, anosmie-agueusie, acrocyanose.
Le diagnostic clinique est confirmé  par un test PCR positif (écouvillon nasal ou dans les selles) ou d'images scanographiques évocatrices, ou en cas d'anosmie et/ou d'agueusie complète et brutale.
Santé publique France fait état de deux spécificités pédiatriques : atteinte des voies aériennes supérieures plus fréquente, et excrétion prolongée (jusqu'à 30 jours après le diagnostic) du virus dans les selles dont on ignore s'il est infectant. Des formes "neurologiques" (hypotonie, somnolence, léthargie, difficultés d'alimentation) avec liquide céphalorachidien normal et PCR positive ont été rapportées chez 5 très jeunes nourrissons (moins de 3 mois) par une équipe parisienne. Leur évolution a toujours été favorable.
En période épidémique tous les signes évocateurs sus-cités devraient conduire à demander une PCR à la recherche du virus, tout en gardant en mémoire qu'un test négatif n'exclut pas le diagnostic d'infection à SARS-CoV-2 en raison de l'absence de sensibilité de ce test.

Un traitement symptomatique
Le traitement de la COVID-19 est comme chez l'adulte, uniquement symptomatique, en l'absence de traitement spécifique d'efficacité démontrée. Par ailleurs, les enfants étant en général exclus de la plupart des essais en cours, il est probable que, si un médicament fini par être validé chez l'adulte, il sera alors utilisé chez l'enfant.

©vidal.fr

Pour en savoir plus
Sources

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