Représentation 3D de l'appareil génito-urinaire masculin, dont la prostate en orange (illustration).
ERLEADA 60 mg comprimé pelliculé est une spécialité à base d'un nouveau principe actif, l'apalutamide, appartenant à la classe thérapeutique des inhibiteurs sélectifs du récepteur aux androgènes.
ERLEADA est indiqué dans le traitement du cancer de la prostate (cf. VIDAL Reco "Cancer de la prostate") :
- traitement des hommes adultes atteints d'un cancer de la prostate résistant à la castration non métastatique (nmCRPC) avec un risque élevé de développer une maladie métastatique ;
- traitement des hommes adultes atteints d'un cancer de la prostate métastatique hormonosensible (mHSPC) en association avec un traitement par suppression androgénique.
Il fait l'objet d'une surveillance supplémentaire qui permettra l'identification rapide de nouvelles informations relatives à la sécurité. Les professionnels de santé déclarent tout effet indésirable suspecté.
ERLEADA en France : une AMM précédée d'une ATU
Avant de recevoir une AMM (autorisation de mise sur le marché), ERLEADA a bénéficié d'une ATU (autorisation temporaire d'utilisation) de cohorte entre 2018 et 2019 dans le traitement des hommes atteints d'un cancer de la prostate résistant à la castration non métastatique (nmCRPC) avec un temps de doublement du taux de PSA inférieur ou égal à 10 mois.
Entre février 2019 et avril 2020, ERLEADA a été mis à disposition dans un circuit en rétrocession au titre du post-ATU.
Depuis le mois d'avril 2020, ERLEADA est disponible en ville et à l'hôpital.
Sa prescription initiale est hospitalière, annuelle et réservée aux spécialistes et services de cancérologie et d'oncologie médicale. Le renouvellement n'est pas restreint.
Évaluation par la Commission de la Transparence : SMR important et ASMR modérée
Dans son avis du 12 juin 2019, la Commission de la Transparence (CT) a évalué ERLEADA dans le traitement des adultes atteints d'un cancer de la prostate résistant à la castration non métastatique avec un risque élevé de développer une maladie métastatique (défini par un temps de doublement de PSA < ou = 10 mois).
La CT s'est appuyée sur l'étude SPARTAN (N Engl J Med. 2018), ayant évalué l'efficacité et la tolérance de l'apalutamide par rapport au placebo, tous deux en association à la suppression androgénique (ADT).
Selon les résultats de cette étude (n = 1 207 patients randomisés), la survie sans métastase médiane (critère de jugement principal), à l'issue d'un suivi médian de 20,3 mois, a été de 40,5 mois dans le groupe apalutamide et 16,2 mois dans le groupe placebo, soit un gain absolu de 24,3 mois en faveur de l'apalutamide (HR = 0,28 ; IC95 % [0,23 ; 0,35], p < 0,0001).
La supériorité de ERLEADA par rapport au placebo a été également démontrée pour les critères de jugement secondaires suivants :
- le délai médian jusqu'à apparition d'une première métastase : 40,5 mois dans le groupe apalutamide versus 16,6 mois dans le groupe placebo (HR = 0,27 IC95 % [0,22 ; 0,34], p < 0,0001, inférieur au seuil significatif de 0,05) ;
- survie sans progression : 40,5 mois dans le groupe apalutamide versus 14,7 mois dans le groupe placebo (HR = 0,29 ; IC95 % [0,24 ; 0,36] ; p < 0,0001, inférieur au seuil significatif de 0,05) ;
- délai jusqu'à progression symptomatique qui n'a pas été atteint dans les deux groupes. Une progression symptomatique a été observée chez 7,9 % des patients du groupe apalutamide et 15,7 % des patients du groupe placebo (HR = 0,45 ; IC95 % [0,32 ; 0,63] ; p = 3,56.10-6, inférieur au seuil significatif de 8.10-5).
En revanche, les résultats ne permettent pas de démontrer un gain de survie globale, compte tenu du nombre limité d'événements à ce stade de la maladie (HR = 0,70 [0,47 ; 1,04]).
Concernant le profil de tolérance, les résultats de l'étude SPARTAN montrent plus d'événements indésirables (EI) de grades > ou = 3 dans le groupe ERLEADA que dans le groupe placebo :
- taux de survenue d'événements indésirables de grades > ou = 3 respectivement de 45 % et de 34 % ;
- taux de décès respectivement de 1,2 % (n = 10) versus 0,3 % (n = 1), au regard des durées médianes de traitement respectives de 16,9 et 11,2 mois dans les deux groupes.
Les EI de grades > ou = 3 les plus fréquents ont été les hypertensions (14 % versus 12 % respectivement) et les éruptions cutanées regroupées par termes préférentiels* (5,2 % versus 0,3 %). Le pourcentage de patients ayant arrêté le traitement pour EI a été de 11% dans le groupe apalutamide et 7% dans le groupe placebo.
*rougeurs, éruption maculopapuleuse, éruption cutanée généralisée, urticaire, éruption prurigineuse, éruption maculaire, conjonctivite, érythème polymorphe, éruption papuleuse, desquamation cutanée, éruption génitale, éruption érythémateuse, stomatite, érythème médicamenteux, ulcération buccale, éruption pustuleuse, bulle, papule, dermatose bulleuse, érosion cutanée et éruption vésiculaire
Sur la base des données disponibles, la CT a attribué à ERLEADA un SMR (service médical rendu) important et une amélioration du SMR modérée (ASMR III) dans la stratégie de traitement des hommes adultes atteints d'un cancer de la prostate résistant à la castration non métastatique avec un risque élevé de développer une maladie métastatique.
ERLEADA en pratique : une prise quotidienne
La posologie recommandée est de 4 comprimés d'ERLEADA 60 mg (soit une dose d'apalutamide de 240 mg) en une seule prise quotidienne.
Les comprimés doivent être avalés entiers et peuvent être pris pendant ou en dehors des repas.
La castration médicale par analogue de l'hormone de libération des gonadotrophines (GnRHa) doit être maintenue pendant la durée du traitement chez les patients n'ayant pas subi de castration chirurgicale.
Quelques précautions avant de prescrire
Avant de prescrire ERLEADA, il est recommandé aux médecins :
- d'identifier les patients ayant des antécédents de convulsions ou d'autres facteurs de prédisposition (lésion cérébrale sous-jacente, un accident vasculaire cérébral récent [moins d'un an], une tumeur cérébrale primitive ou des métastases cérébrales, etc.). Chez ces patients, ERLEADA n'est pas recommandé ;
- d'évaluer le risque de fracture et de chute chez les patients avant d'instaurer le traitement par ERLEADA, et pendant le traitement ;
- d'évaluer le risque potentiel de torsades de pointes, ainsi que les antécédents ou les facteurs de risques de l'allongement de l'intervalle QT.
Surveillance pendant le traitement
Pendant le traitement, la surveillance doit porter en particulier :
- sur les patients ayant eu un antécédent récent de maladie cardiovasculaire : surveillance du taux de cholestérol, triglycérides, et autres paramètres métaboliques ;
- sur les signes et symptômes de cardiopathie ischémique.
Identité administrative
- Liste I
- Prescription initiale hospitalière annuelle et réservée aux oncologues et cancérologues
- Administration par tout médecin spécialisé en oncologie médicale ou en cancérologie ou travaillant dans un service de cancérologie ou d'oncologie
- Boîte de 120 (5 étuis de 24 comprimés), CIP 3400930167267
- Remboursable à 100 % (cf. Encadré 1 et Journal officiel du 1er avril 2020 - texte 20)
- Prix public TTC = 3 522,25 euros
- Agrément aux collectivités (cf. Journal officiel du 1er avril 2020 - texte 21)
- Laboratoire Janssen-Cilag
Encadré 1 - Périmètre des indications d'ERLEADA prises en charge (mai 2020)
Traitement des hommes adultes atteints d'un cancer de la prostate résistant à la castration non métastatique (nmCRPC) avec un risque élevé de développer une maladie métastatique. |
Pour aller plus loin
Avis de la Commission de la Transparence - ERLEADA (Haute Autorité de Santé, 12 juin 2019)
L'étude pivot :
Smith MR, Saad F, Chowdhury S et al. Apalutamide Treatment and Metastasis-free Survival in Prostate Cancer. N Engl J Med 2018 ; 378 : 1408-1418
Pour aller plus loin
Consultez les monographies VIDAL
Sources
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