Si le médecin le juge nécessaire, une consultation en présentiel doit être programmée à tout moment pour le patient insuffisant cardiaque ou coronarien (illustration).
Dans le contexte épidémique actuel, les personnes atteintes de maladies chroniques sont plus à risque d'aggravation ou de déstabilisation de leur maladie chronique en cas de moindre surveillance, voire de rupture de leur prise en charge, ce qui représente un risque réel.
Parmi les personnes atteintes de maladies chroniques, certaines, dont les personnes atteintes de syndrome coronarien chronique (cf. VIDAL Reco "Angor stable") et celles présentant une insuffisance cardiaque stade NYHA III ou IV (cf. VIDAL Reco "Insuffisance cardiaque chronique"), sont plus à risque de développer une forme grave de COVID-19 (cf. avis du HCSP, 14 mars 2020).
Cette vulnérabilité particulière a pour conséquences :
- la nécessité d'un strict respect des mesures de confinement : limitation des sorties à l'extérieur afin de réduire le risque d'exposition au COVID-19 ;
- la possibilité pour l'insuffisant cardiaque chronique et le patient coronarien chronique de bénéficier d'un arrêt de travail.
Téléconsultation en priorité, consultation présentielle si nécessaire
Pour ces deux pathologies cardiaques, la téléconsultation est le moyen à privilégier pour assurer un suivi médical continu, par le généraliste ou le cardiologue.
La téléconsultation doit permettre :
- d'évaluer l'évolution de la maladie et repérer des signes d'alerte évoquant une aggravation de la maladie,
- de s'assurer de la poursuite du traitement prescrit, de l'adapter si nécessaire et de vérifier l'adhésion du patient,
- de rappeler et d'encourager le respect des règles hygiénodiététiques.
Une consultation en présentiel doit être programmée à tout moment si le médecin (généraliste ou cardiologue) le juge nécessaire (cf. Figures 1 et 2). Dans ce cas, le patient insuffisant cardiaque chronique ou coronarien chronique doit se rendre au cabinet ou au sein de l'établissement de santé muni d'un masque barrière.
Si un ECG (électrocardiogramme) est nécessaire, l'examen doit être réalisé de préférence en milieu extra-hospitalier.
Figure 2 - Modalités d'intervention du médecin chez le patient insuffisant cardiaque (HAS - Réponses rapides - Insuffisance cardiaque chronique)
Suivi cardiaque en période de confinement : repérer toute aggravation de la maladie
Lors de la téléconsultation, la HAS recommande d'évaluer la présence de facteurs de risque cardiovasculaire et de décompensation cardiaque :
- identification de symptômes évoquant une aggravation de l'insuffisance cardiaque (cf. Encadré 1) ou une instabilité du syndrome coronarien (cf. Encadré 2) ;
- tabac : risque de rechute ou de majoration en raison du confinement ;
- alcool : risque d'abus d'alcool du fait du confinement ;
- hypertension artérielle : automesure si possible ;
- sédentarité : poursuite d'une activité physique normale, 30 minutes 3 fois par semaine sans sortir de chez soi ;
- alimentation : détecter un changement de mode alimentaire avec apport excessif d'aliments salés (plats préparés, eaux gazeuses, charcuterie, etc.), rappeler l'intérêt d'un régime pauvre en sel et encourager la surveillance du poids, au minimum 2 fois par semaine et même tous les jours suivant la sévérité de la maladie ;
- automédication : à éviter ;
- présence de stress.
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Encadré 2 - Facteurs d'instabilité du syndrome coronarien
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Suivi médicamenteux : vérifier l'adhésion du patient et prévenir des comportements à risque
Qu'il s'agisse de l'insuffisance cardiaque ou du syndrome coronarien chronique, la téléconsultation doit également permettre de :
- contrôler l'accès aux traitements habituels et l'adhésion du patient à ces traitements ;
- adapter le traitement (notamment en cas de saignement important sous anticoagulants oraux directs/anti-agrégants plaquettaires, nécessitant une adaptation du traitement), même par téléconsultation, en fonction des symptômes retrouvés lors de l'interrogatoire ;
- prévenir et proscrire tout comportement dangereux, tel que :
- une automédication par AINS, corticoïdes ou même hydroxychloroquine (cf. Encadré 3)
- un arrêt intempestif de l'aspirine, du fait de l'alerte sur l'utilisation des anti-inflammatoires comme possible facteur d'aggravation de l'infection par le COVID- 19. Il faut expliquer au patient que l'aspirine prescrite à dose anti-agrégante (75-160 mg/j) n'a pas d'effet anti-inflammatoire ;
- une interruption sans avis médical d'un traitement par inhibiteur de l'enzyme de conversion ou par ARA 2 ou par inhibiteur de la néprilysine.
Encadré 3 - Hydroxychloroquine et risque cardiovasculaire
L'hydroxychloroquine peut être responsable d'un allongement du QTc. Elle ne doit pas être utilisée en automédication chez les patients atteints d'insuffisance cardiaque. |
Syndrome coronarien, insuffisance cardiaque et COVID-19
La HAS recommande de maintenir le traitement médicamenteux de fond (en particulier anti-agrégant plaquettaire et antihypertenseur), qu'il y ait ou non une infection COVID-19.
En présence de dyspnée, de toux, de fièvre, de frissons, de courbatures, une infection COVID-19 doit être suspectée. Un test de dépistage doit être effectué et le risque de décompensation cardiaque doit être évalué.
Pour le patient coronarien, toute modification modérée de la symptomatologie chez un coronarien connu nécessite dans tous les cas une consultation rapide. L'infection COVID-19 peut en être à l'origine.
Pour aller plus loin
Suivi du patient insuffisant cardiaque chronique (HAS, 10 avril 2020)
Réponses rapides dans le cadre du COVID-19 : suivi des patients ayant une insuffisance cardiaque chronique (HAS, version validée le 9 avril 2020)
Suivi des personnes atteintes du syndrome coronarien chronique (HAS, 10 avril 2020)
Réponses rapides dans le cadre du COVID-19 - Suivi des patients atteints de syndrome coronarien chronique (HAS, version validée le 8 avril 2020)
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