Des tests pour mieux dépister et suivre l'évolution de la COVID-19 (illustration).
Actuellement, le dépistage de l'infection par le SARS-CoV-2 se fonde uniquement sur le recours à un test PCR (réaction en chaîne par polymérase), qui met en évidence ou non de l'ARN (acide ribonucléique = assemblage de ribonucléotides) viral dans un prélèvement nasopharyngé obtenu par écouvillonnage. Ce test permet de préciser si, à un instant T, la personne est porteuse ou non du virus. Les résultats sont obtenus en quelques heures, voire beaucoup plus rapidement avec le développement par certains industriels d'appareils qui permettraient d'obtenir un résultat en moins d'une heure.
Des atouts et des limites
Comme l'indique le Dr Bernard Binétruy, chargé de communication scientifique à la délégation régionale Inserm Marseille, "le test PCR est très fiable au niveau biologique, car il recherche une séquence nucléotidique. Mais cette fiabilité sous-tend que le prélèvement ait été réalisé correctement, ce qui est plus complexe qu'il n'y paraît puisqu'il doit être assez profond. De plus, la charge virale peut varier dans le temps : elle peut-être trop faible pour être détectée en tout début d'infection, ou se négativer au bout de 8 à 10 jours d'évolution car le virus n'est plus présent dans le nasopharynx. Ainsi, des études ont montré que le test peut être négatif sur un échantillon prélevé au niveau nasal et être parallèlement positif dans les expectorations ou sur un échantillon obtenu ultérieurement par lavage broncho-alvéolaire. Une autre limite à ces tests est d'ordre logistique, en lien avec le manque de réactifs observé en France, comme chez d'autres pays européens".
Reconnaissance antigène-anticorps
Autre voie diagnostique en cours de développement : celle des tests sérologiques réalisés sur un prélèvement sanguin.
Le principe de ces tests, essentiellement de type ELISA (enzyme-linked immuno-assay), se fonde sur la reconnaissance antigène-anticorps. Leur utilisation en pratique est assez simple : le test comprend des antigènes viraux qui sont mis en contact avec le sang du patient. En présence d'anticorps, la réaction antigène-anticorps est visualisée par une coloration.
S'agissant du SARS-CoV-2, des tests unitaires rapides ont été développés : ils ne nécessitent que deux petites gouttes de sang et sont donc beaucoup plus simples à réaliser et sans risque de contamination pour les soignants, comme c'est le cas pour les tests PCR. Ce format de test est cependant en général un peu moins sensible que les tests classiques réalisés en laboratoire d'analyses médicales. Pour autant, quelles que soient leurs modalités de réalisation pratique, ces tests sanguins ne répondent pas à la même question que les tests PCR, puisqu'ils recherchent la présence d'anticorps, témoins d'une infection récente (en cas de présence d'IgM) ou plus ancienne (en cas de présence d'IgG).
Beaucoup de candidats
Les tests sérologiques sont très attendus pour identifier les personnes ayant été en contact avec le virus, stratégie très utile dans le cadre du déconfinement à venir et, à ce jour, "une quinzaine de tests rapides a déjà été développée et a obtenu un marquage CE, mais cela ne veut pas dire qu'ils sont fiables", souligne de son côté le Pr Cécile Henquell, qui dirige le service de virologie médicale et moléculaire du CHU de Clermont-Ferrand.
De plus, l'évolution des courbes sérologiques après une infection par le SARS-CoV-2 n'est pas complètement connue. On sait que dans les infections virales, les anticorps ne sont détectables qu'au moins 7 à 10 jours après l'apparition des premiers symptômes, avec, dans un premier temps, l'apparition d'IgM puis, plus tardivement, d'IgG. L'interprétation de ces tests sera précisée dans les semaines qui viennent grâce aux évaluations menées par le Centre national de référence des virus respiratoires.
Quel profil de séroconversion ?
Plusieurs études se sont attachées à préciser le profil de montée des anticorps, notamment un travail publié dans le Lancet Infectious Diseases, qui a montré que, dans le cas d'infections par le SARS-CoV-2, les anticorps n'ont commencé à s'élever qu'après 10 jours d'évolution de la maladie. Après 14 jours, 94 % des patients avaient des IgG anti-NP (protéine interne du virus) et 88 % des IgM anti-NP. Tous avaient des IgG anti-RBD (protéine de surface du virus) et 94 % des IgM anti-RBD.
Au-delà du profil de séroconversion, d'autres questions se posent, en particulier la durée de l'immunité conférée par l'infection, qui pourrait être variable en fonction de la sévérité des symptômes, ainsi que le rôle protecteur des anticorps contre une nouvelle infection.
Il reste donc encore beaucoup d'inconnues et les résultats des travaux du Centre national de référence des virus respiratoires, qui centralise l'analyse des prélèvements de patients bien documentés, sont donc très attendus.
Les applications de la sérologie pour l'Académie nationale de médecine
Dans un communiqué du 10 avril dernier, pour tenir compte de l'impossibilité de tester toute la population française, l'Académie nationale de médecine a fait part de sa position sur les applications des tests sérologiques lorsqu'ils seront autorisés et disponibles en France. Elle recommande que des enquêtes séro-épidémiologiques de grande ampleur soient conduites dans chaque région, sur des échantillons représentatifs de la population pour évaluer la proportion de la population infectée lors de la première période de l'épidémie. Les résultats de ces enquêtes séro-épidémiologiques devraient permettre de suivre l'évolution de la séroprévalence dans les régions, tout au long de la phase de déconfinement et pendant la phase post-épidémique. Mais, selon l'Académie, ils ne constitueront pas une base décisionnelle majeure pour le processus de sortie du confinement.
Elle recommande également que les tests sérologiques individuels soient utilisés en priorité chez les personnes à risque élevé de forme grave, tels que les résidents en EHPAD et les personnes atteintes de maladies chroniques, ainsi que chez celles exerçant des professions exposées, notamment le personnel médical et infirmier, les aide-soignants, etc., afin d'adapter au cas par cas les mesures de prévention chez les personnes non immunisées.
©vidal.fr
Pour en savoir plus
Centre national de référence des virus respiratoires
Kelvin Kai-Wang To et al. Temporal profile of viral load in posterior oropharyngeal saliva samples ad serum antibody responses during infection by SARS-CoV-2 : an observational cohort study. Lancet Infect Dis. 23 mars 2020.
Académie nationale de médecin. Test COVID-19 : applications collectives et individuelles.
Sources
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