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Ce document présente la situation hebdomadaire de la pandémie de Covid-19 dans le monde. Les données (lundi au dimanche) utilisées sont : i) celles des rapports de situation (« Sitrep ») de l'organisation mondiale de la santé (OMS), ii) pour certains pays les données fournies par les sites des autorités sanitaires (France, États-Unis d'Amérique, Corée du sud, Taïwan, Italie, Espagne) et iii) les données en temps réel de l'université John Hopkins, compte-tenu notamment des décalages horaires.
Les données issues des systèmes de surveillance sont tributaires de la qualité de ces systèmes, des stratégies de dépistage et de prise en charge des sujets infectés et des capacités de riposte qui varient selon les pays, à l'origine d'une sous-évaluation quasi-constante de la situation réelle de l'épidémie et rendant compliquées les comparaisons, d'autant que les structures de population varient selon les pays. Ce travail de redressement et de comparaison pourra être entrepris une fois la pandémie en voie de résolution ou terminée. Il faut donc prendre ces données brutes (nouveaux cas déclarés à la date du diagnostic et nouveaux décès déclarés à la date du décès) comme indicatrices des tendances de la pandémie (vitesse de diffusion, extension géographique) pour adapter au mieux la riposte.
La distribution géographique et la dynamique de la pandémie au niveau mondial, dans différentes régions (Chine, Europe, Océan indien, Caraïbes et Pacifique) et pour quelques pays d'intérêts (France, Italie, Espagne, Allemagne, Corée du Sud, Taïwan, Iran et États-Unis) sont présentées sous forme de cartes géographiques et de graphiques réalisés par l'auteur avec les logiciels PowerPoint et Excel. En annexe figure la carte de répartition des pays du monde selon les régions OMS (Annexe 1).
Situation globale
Le total des cas déclarés depuis le 20 janvier 2020 dans le monde, à la date du 5 avril 2020, s'élève à 1 169 700 cas dont 64 186 décès (Figure 1). Depuis le 16 mars le nombre de cas cumulés dans le reste du monde est devenu supérieur à celui de la Chine. Le plus grand nombre de cas et de décès sont observés dans la région Europe de l'OMS (Figure 2).
Figure 1 : Évolution quotidienne des cas cumulés de Covid-19 déclarés dans le monde du 20 janvier au 5 avril 2020 [Sources des données : OMS, Santé publique France, Italie, Corée du Sud, Taïwan, Université John Hopkins]
Figure 2 : Poids de la pandémie de Covid-19 déclarés selon les régions OMS le 5 avril 2020 [Sources des données : OMS, Santé Publique France, Italie, Corée du Sud, Taïwan, CDC, Université John Hopkins]
La pandémie continue d'évoluer avec, depuis le 29 mars, une augmentation du nombre de cas déclarés de 534 865 cas (+84 %) et 34 329 décès (+114 %). L'ensemble des régions du globe est atteint et 212 pays et territoires ont déclarés au moins un cas de Covid-19, soit 6 de plus que le 29 mars. Il persiste, à la date du 5 avril, 25 pays et territoires n'ayant déclaré aucun cas (Figure 3) :
- en région OMS des Amériques : le territoire français de Saint-Pierre et Miquelon ;
- en région OMS de l'Afrique : Les Comores, Sao-Tomé et Principe, Lesotho, Sud Soudan ;
- en région OMS de l'Europe : Turkménistan et Tadjikistan ;
- en région OMS de Méditerranée orientale : Yémen ;
- en région OMS du Pacifique occidental : Corée du Nord et 16 états îliens et territoires du Pacifique.
Les Iles des Açores et de Madère (territoires portugais) ainsi que les Iles espagnoles des Canaries et les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla au Maroc sont touchées par la pandémie depuis plusieurs semaines. Les données les concernant sont incluses dans les données nationales de leur pays respectif. Nous les avons intégrées dans les différentes cartes géographiques. L'archipel des Malouines (Royaume-Uni) a déclaré un premier cas de Covid-19 le 5 avril.
Le 5 avril le nombre de malades rétablis, sortis guéris des hôpitaux ou de leur domicile dont certains se considèrent comme survivants, dans le monde s'élève à environ 253 000 (Figure 4).
Figure 3 : Cas cumulés de Covid-19 déclarés dans le monde le 5 avril 2020 (Nombre de cas indiqués pour les pays avec au moins 60 000 cas cumulés [Sources des données : OMS, Santé publique France, Ministères santé de Taïwan-Italie-Espagne, CDC États-Unis, Université John Hopkins]
Figure 4 : Cas cumulés de personnes rétablies* de Covid-19 dans le monde le 5 avril 2020 (Nombre de cas indiqués pour les pays avec au moins 5 000 personnes rétablies) * Personnes rétablies : Personnes sorties d'hôpital ou des soins à domicile [Source des données : Université John Hopkins]
Région OMS du Pacifique occidental
En Chine la situation de la province de Hubei est toujours sous contrôle avec deux cas de Covid-19 déclaré depuis le 29 mars. Dans les autres divisions administratives il existe toujours une persistance filée de nouveaux cas malgré les la poursuite des activités de contrôle (Figures 5 et 6). Ainsi 555 cas ont été déclarés le 5 avril hors Hubei soit 442 cas de plus que le 29 mars (Situation hebdomadaire de la pandémie n°3 du 3 avril). Cette persistance de la transmission du SRAS-CoV-2 est particulièrement notable à Hong-Kong, avec 270 cas déclarés de plus que le 29 mars. L'augmentation des cas est toujours notable dans la province côtière de Guangdong où se situe la ville de Hong-Kong (Figure 6).
Figure 5 : Évolution quotidienne des cas et des décès déclarés de Covid-19 en Chine du 20 janvier au 5 avril 2020 [Source des données : OMS]
Figure 6 : Cas cumulés de Covid-19 déclarés en Chine le 5 avril 2020 [Sources des données : OMS, Université Johns Hopkins]
A Taïwan, la recrudescence des cas en lien avec plusieurs cas importés, pour l'essentiel des étudiants taïwanais de retour de Grande-Bretagne et des États-Unis, est en baisse (Figures 7 et 8).
En Corée du Sud, on observe toujours la persistance d'environ une centaine de cas et quelques décès (0 à 10) chaque jour depuis le 12 mars (Figure 9). La grande majorité des cas (79%) se situent dans deux provinces : Daegu (6 768 cas cumulés) et Gyongsangbuk-do (1 314 cas cumulés) (Figure 10). C'est à Daegu que la maladie s'est principalement propagée initialement, au sein de l'église Shincheonji par l'intermédiaire d'adeptes de retour de Wuhan en janvier. Une adepte, dite « patiente31 », malade début février propagea tout particulièrement le virus en participant à des messes quotidiennes sans se faire prendre en charge. Une fois identifié ce foyer, les autorités enquêtèrent par téléphone auprès des 210 000 fidèles de cette église en moins de 10 jours. Près de 10 000 d'entre-eux présentaient des symptômes compatibles avec la Covid-19 et 4 000 avaient un test diagnostic positif (recherche du virus par RT-PCR {Reverse Transcription Polymerase Chain Reaction] dans un prélèvement nasal ou pharyngé). L'ensemble des adeptes ayant participé aux messes quotidiennes dans les semaines précédentes a été isolé à domicile et les malades ont été pris en charge (Référence 1). Ainsi par cette action fondée sur l'identification rapide des cas infectés avec mise en œuvre massive de tests (20 000 par jour), leur isolement et le traçage géolocalisé des sujets contacts, le pays contrôla en moins d'un mois la vague épidémique initiale (Figure 9). La létalité nationale cumulée y est égale à 1,8 % le 5 avril, en lien avec la stratégie de dépistage massif, la majorité des sujets infectés étant non ou peu symptomatiques avec une évolution clinique favorable (plus de 80 % avec test positif).
Figure 7 : Évolution quotidienne des cas et des décès déclarés de Covid-19 à Taïwan du 20 janvier au 5 avril 2020 (Source des données : Ministère de la santé de Taïwan)
Figure 8 : Origine pour les cas de Covid-19 survenus sur l'île de Taïwan du 11 janvier au 2 avril 2020 en fonction de la date de début de la maladie. (Source des données Ministère de la santé de Taïwan, 335 cas enquêtés/363 cas)
Figure 9 : Évolution quotidienne des cas, des décès déclarés de Covid-19 en Corée du Sud du 20 janvier au 5 avril 2020 (Source des données : OMS)
Figure 10 : Cas confirmés cumulés de Covid-19 déclarés par les provinces de Corée du Sud le 5 avril 2020 [Source des données : Ministère de la Santé coréen]
Au Japon l'épidémie continue de progresser avec environ 350 cas le 5 avril, soit une augmentation de 77 % comparé au nombre de cas le 29 mars (Figure 11). La létalité nationale cumulée y est égale à 2,1 % le 5 avril.
Toujours aucun cas déclaré à l'OMS depuis le début de la pandémie par la Corée du Nord (Figures 3 et 6). Selon le représentant de l'OMS en Corée du Nord, les autorités du pays réalisent des tests de dépistage. À la date du 2 avril : 709 personnes (11 étrangers et 698 coréens avaient été testés, aucun n'était positif ; 509 personnes étaient en quarantaine dont 2 étrangers (Référence 2).
La pandémie progresse toujours dans le reste de la région, notamment en Australie (5 635 cas et 34 décès cumulés) principalement dans les régions de Sydney, Melbourne, Brisbane et Perth. De nombreux états îliens sont toujours indemnes, sans doute en rapport avec la diminution voire l'arrêt des communications aériennes et maritimes. Deux des trois territoires français du Pacifique sont touchés, la Polynésie française (40 cas localisés sur les îles de de Tahiti et de Moorea) et la Nouvelle Calédonie (18 cas). Pour le moment le territoire de Wallis et Futuna est toujours indemne (Figure 12).
Figure 11 : Évolution quotidienne des cas, des décès déclarés de Covid-19 au Japon du 20 janvier au 5 avril 2020 (Source des données : OMS)
Figure 12 : Cas cumulés de Covid-19 déclarés dans les pays et territoires du Pacifique le 5 avril 2020 [Source des données : OMS]
Région OMS de l'Europe
Le Turkménistan, le Tadjikistan n'ont déclaré aucun cas (Figure 13). Le foyer de l'Europe de l'Ouest reste très actif. Les dix pays les plus touchés sont toujours les mêmes par rapport au 29 mars :
- Espagne : 135 032 cas, 13 055 décès et 38 080 rétablis déclarés (Ministère de la santé) ;
- Italie : 128 948 cas, 15 887 décès et 21 815 rétablis déclarés (Ministère de la sécurité civile) :
- Allemagne : 91 714 cas, 1 342 décès et 26 400 rétablis déclarés (OMS) :
- France : 70 478 cas, 8 098 décès [dont 2 209 décès en EHPAD] déclarés (Santé Publique France ;
- Royaume-Uni : 41 907 cas, 4 313 décès et 215 rétablis déclarés (OMS) ;
- Turquie : 23 934 cas, 501 décès et 786 rétablis déclarés (OMS) ;
- Suisse : 20 489 cas, 666 décès et 6 415 rétablis déclarés (OMS) ;
- Belgique : 18 431 cas, 1 283 décès et 3 751 rétablis déclarés (OMS) ;
- Pays-Bas : 16 627 cas, 1 651 décès et 262 rétablis déclarés(OMS) ;
- Autriche : 11 766 cas, 186 décès et 2 998 rétablis déclarés (OMS).
Le recueil du nombre de rétablis est encore hétérogène en Europe.
Figure 13 : Cas cumulés de Covid-19 déclarés par les pays de la région Europe OMS le 5 avril 2020 (Nombre de cas indiqué pour les pays avec au moins de 60 000 cas) [Sources des données : OMS, Santé publique France, Ministères de la Sécurité civile italienne et d'Espagne]
L'Espagne est maintenant le pays d'Europe le plus touché par le SARS-CoV-2. La progression de l'épidémie est encore soutenue cette semaine (+86 % des cas et +78 % des décès déclarés entre le 29 mars et le 5 avril). La courbe épidémique des cas semble avoir atteint un plateau (Figure 14). La létalité nationale cumulée est égale à 9,7 % le 5 avril. Les deux régions les plus touchées sont la Catalogne (19 143 cas cumulés hospitalisés) et celle de Madrid (14 501 cas cumulés hospitalisés), soit 56 % des 59 770 cas hospitalisés en Espagne depuis le début de l'épidémie dans le pays (Figure 15).
Figure 14 : Évolution quotidienne des cas et des décès de Covid-19 déclarés en Espagne entre le 1er février et le 5 avril 2020 [Source des données : Ministère de la santé d'Espagne *] * Données du site ministériel mises à jour par rapport à celles publiées quotidiennement par l'OMS
Figure 15 : Cas hospitalisés de Covid-19 déclarés dans les régions et territoires d'Espagne les 29 mars et 5 avril 2020 [Source des données : Ministère de la Santé d'Espagne *] * Données du site ministériel mises à jour par rapport à celles publiées quotidiennement par l'OMS
En Italie le nombre de cas de Covid-19 diminue régulièrement depuis le 18 mars, de même en Lombardie épicentre de l'épidémie dans le pays (Figures 16 et 17). Le nombre de décès diminue depuis une semaine compte-tenu des délais de survenue des décès après le début d'hospitalisation. Il faut continuer à rester prudent et toujours tenir compte du fait que ces analyses reposent sur des données déclarées qui ne prennent pas en compte les validations et mises à jour a posteriori. Le profil d'atteinte des différentes provinces reste le même que celui du 29 mars avec quelques cas supplémentaires (Figure 18). La létalité nationale cumulée est égale à 12,3 % le 5 avril. Elle s'explique en partie par le retard de la riposte régionale et nationale, la stratégie d'identification des sujets infectés et la structure de population (22,6 % de personnes âgées de 65 ans et plus en 2018, la proportion la plus élevée de l'Union européenne). Cette proportion de sujets âgés est identique en Lombardie (Références 3 et 4).
Figure 16 : Évolution quotidienne des cas et des décès de Covid-19 déclarés en Italie entre le 31 janvier et le 5 avril 2020 [Source des données : Ministère de la Sécurité civile italienne]
Figure 17 : Évolution quotidienne des cas et des décès de Covid-19 déclarés en Lombardie entre le 25 février et le5 avril 2020 [Source des données : Ministère de la Sécurité civile italienne]
Figure 18 : Cas confirmés* cumulés de Covid-19 déclarés par les régions d'Italie les 29 mars et 5 avril 2020 * Hospitalisés et non [Source des données : Ministère de la Sécurité civile italienne]
En Allemagne, la courbe épidémique des cas évolue « en plateau » avec 4000 à 6 000 cas quotidiens depuis une semaine, avec les réserves liées à la qualité des données déclarées (OMS). La létalité nationale cumulée bien qu'en augmentation depuis une semaine est toujours très basse égale à 1,5 % (1 342 décès / 91 714 cas confirmés) (Figure 19). Le dénominateur de cette proportion est différent de celui de la France car il intègre des sujets dépistés positifs pour le SARS-CoV-2 non hospitalisés (500 000 tests cette semaine) associé à l'isolement des sujets positifs. De plus les systèmes de santé des Lander sont dimensionnés pour pouvoir prendre en charge sans tension les malades les plus graves. Les mesures de confinement moins drastiques qu'en France varient d'un Lander à l'autre.
Figure 19 : Évolution quotidienne des cas et des décès de Covid-19 déclarés en Allemagne entre le 28 janvier et le 5 avril 2020 [Source des données : OMS]
En France, la tendance du nombre de cas est à la baisse depuis fin mars (Figure 20).L'épidémie progresse toujours mais de façon moins intense dans la plupart des régions sauf en Ile de France (Figure 21). Les régions où les malades hospitalisés, ceux en réanimation et les décès sont les plus nombreux à la date 5 avril sont le Grand-Est, l'Ile de France et les Hauts de France, ainsi que les pôles urbains de Lyon et Marseille (Figures 22 à 25). Le 5 avril le nombre total de malades en réanimation est proche de 7 000, avec le plus grand nombre observé à Paris (838 personnes). Le plus grand nombre de décès par Covid-19 est observé dans le département du Haut-Rhin (348 personnes décédées). En dehors de ces régions l'intensité de l'épidémie est moins forte en particulier dans les départements de la « diagonale du vide » moins peuplée que le reste de la France. Depuis le 18 mars, plus de 600 malades graves ont été transférés vers les régions moins en tension et vers l'étranger (Allemagne et Suisse). Le système renforcé de surveillance mis en place permet de façon de plus en plus affinée d'avoir une vision globale de l'impact de l'épidémie sur le territoire national (Plate-Forme Santé Publique France). Le système de recueil des décès hors structures d'hospitalisation, notamment dans les EHPAD, est en cours de stabilisation. Les décès éventuels à domicile liés à l'infection à SARS-CoV-2 ne semblent pas faire l'objet d'un recueil spécifique et rapide pour l'instant. L'Insee évalue la surmortalité dans les départements. Ainsi en mars, 8 départements ont un nombre de décès supérieur de 25 % à 40 % par rapport à 2019, parmi lesquels le Val-de-Marne (+39 %), le Val-d'Oise (+38 %), le Bas-Rhin (+38 %) et Paris (+36 %).
Figure 20 : Évolution quotidienne des cas et des décès* de Covid-19 déclarés en France entre le 21 janvier et le 5 avril 2020 [Sources des données : OMS, Santé Publique France] * Les décès en EHPAD ne sont pas comptabilisés dans cette figure (2 209 à la date du 5 avril)
Figure 21 : Cas de Covid-19 hospitalisés cumulés dans les régions et les Outre-mer de France le 29 mars et le 5 avril 2020 [Sources des données : Santé publique France*, OMS] * Données mises à jour depuis le 29 mars
Figure 22 : Évolution de la distribution départementale des hospitalisations pour Covid-19 entre le 29 mars et le 5 avril 2020 (Source des données : Santé publique France)
Figure 23 : Évolution de la distribution départementale des prises en charge en réanimation pour Covid-19 entre le 29 mars et le 5 avril 2020 (Source des données : Santé publique France)
Figure 24 : Évolution de la distribution départementale du nombre de décès par Covid-19 entre le 29 mars et le 5 avril 2020 (Source des données : Santé publique France)
Figure 25 : « Allez les blancs ! » (Dessin René Migliani)
Lorsque l'on compare l'évolution quotidienne des taux d'incidence pour 100 000 personnes des malades hospitalisés et de ceux en soins intensifs-réanimation pour Covid-19 déclarés en Italie, en Espagne et en France, on observe une diminution nette de ces deux taux en Italie et une tendance à la stabilisation en Espagne et en France (Figure 26). Le confinement institué en France depuis le 17 mars à midi semble atteindre son but : l'aplatissement de la courbe épidémique des nouveaux cas pour diminuer les tensions des services d'urgence et de réanimation dont la presque totalité des lits sont cependant occupés.
Figure 26 : Évolution quotidienne des taux d'incidence pour 100 000 personnes des cas de Covid-19 hospitalisés et en soins intensifs-réanimation en Italie, en Espagne et en France [Sources des données: Ministère de la Sécurité Civile italienne, Ministère de la santé d'Espagne, Santé Publique France]
Au Royaume-Uni les cas et décès déclarés augmentent de façon exponentielle avec, le 5 avril, 41 907 cas et 4 313 décès déclarés (+ 145 % de cas et + 323 % de décès depuis le 29 mars) (Figure 27).
Dans les pays d'Europe orientale, l'épidémie progresse, de façon la plus marquée cette semaine encore en Turquie avec 23 934 cas et 501 décès déclarés le 5 avril (+223 % des cas et +364 % des décès déclarés entre le 29 mars et le 5 avril). En Israël le nombre de cas, égal à 7 589 cas a doublé en une semaine. Paradoxalement le nombre de décès déclaré à l'OMS a diminué passant de 81 décès déclarés le 29 mars à 42 décès le 5 avril (!).
En Europe de l'Est la pandémie n'a pas la forte progression de l'Europe de l'Ouest. Les deux pays les plus touchés le 5 avril sont la fédération de Russie (4 731 cas et 43 décès déclarés) et l'Ukraine (1 251 cas et 32 décès déclarés) (Figures 3, 6 et 13).
Figure 27 : Évolution quotidienne des cas et des décès de Covid-19 déclarés au Royaume-Uni entre le 1er février et le 5 avril 2020 [Source des données : OMS]
Région OMS de la Méditerranée orientale
Dans cette région le virus a diffusé dans l'ensemble des pays, sauf au Yémen, pays en situation de conflit (Figure 3).
L'Iran est toujours l'épicentre de l'épidémie de cette région avec 55 743 cas, 3 452 décès et 12 391 rétablis cumulés déclarés le 5 avril. L'épidémie a débuté brutalement le 19 février dans la ville sainte de Qom par deux décès confirmés. Dans cette ville résident plusieurs centaines de séminaristes chinois. Elle accueille chaque année des millions de touristes, dont de nombreux chinois de confession chiites (Référence 5). L'augmentation du nombre de cas depuis une semaine semble marquer le pas. Les décès évoluent toujours en « plateau » dont l'interprétation est difficile faute d'informations complémentaires (Figure 28). La létalité nationale cumulée est égale à 6,2 % % le 5 avril.
Dans les autres pays de cette région la pandémie progresse régulièrement mais sans augmentation explosive comme en Iran pour le moment (Figures 3 et 29).
Figure 28: Évolution quotidienne des cas et des décès de Covid-19 déclarés en Iran entre le 20 février et le 5 avril 2020 [Sources des données : OMS]
Figure 29 : Cas cumulés de Covid-19 déclarés dans les pays et territoires de l'Océan Indien le 5 avril 2020 [Sources des données : OMS, Santé Publique France]
Région OMS des Amériques
Le virus est maintenant présent dans tous les pays et territoires des Amériques à des degrés variables, sauf à Saint-Pierre et Miquelon où aucun cas à la date du 5 avril n'a été déclaré (Figures 3 et 30).
L'épicentre de la pandémie aux Amériques et au niveau mondial se développe toujours de manière particulièrement explosive aux États-Unis d'Amérique avec 330 891 cas et 8 358 décès cumulés déclarés le 5 avril (+135 % des cas et +281 % des décès déclarés en une semaine) et 26 000 cas et 1 200 décès dans la seule journée du 5 avril (Figure 31). Tous les états américains et la capitale de Washington dans le district de Columbia (DC) sont atteints et la transmission interhumaine du virus se poursuit dans chaque État. Celui de New-York, notamment la ville de New York (plus de 2 600 décès le 5 avril), est toujours l'État le plus touché (34,5 % des cas déclarés). Sept autres États représentent environ 30 % des cas déclarés : le New Jersey, le Massachusetts, la Pennsylvanie, tout trois proches de l'État de New-York, ainsi que le Michigan, l'Illinois, la Californie, la Louisiane et la Floride. A l'ouest des grands lacs, les États du nord frontaliers ou proche du Canada sont toujours les moins touchés (Figure 32).
Au vu de l'évolution actuelle, le bilan humain de la pandémie aux États-Unis sera sans doute le plus élevé de la planète en nombre de cas et de décès compte-tenu de l'importance des populations précaires et à risque dans ce pays. La prévalence de l'obésité chez l'adulte, facteur de risque d'évolution vers les formes graves de Covid-19, y est particulièrement élevée, égale à 42,5 % ajustée sur l'âge en 2017-2018 sans différence en fonction du sexe (Référence 6).
Les autres pays les plus touchés le 5 avril sont le Canada (12 938 cas et 214 décès déclarés), le Brésil (9 056 cas et 359 décès déclarés), le Chili (4 161 cas et 27 cas déclarés) et l'Équateur (3 465 cas déclarés et 172 décès déclarés).
Les territoires français de l'arc caraïbe et la Guyane française sont peu touchés par la pandémie. Saint-Pierre et Miquelon est l'unique territoire indemne de la zone.
Figure 30: Cas cumulés de Covid-19 déclarés dans les pays et territoires de la mer des Caraïbes le 5 avril 2020 [Sources des données : OMS, Santé Publique France, Université John Hopkins]
Figure 31: Évolution quotidienne des cas et des décès de Covid-19 déclarés aux États-Unis entre le 21 février et le 5 avril 2020 [Sources des données : CDC, Université John Hopkins]
Figure 32 : Cas cumulés de Covid-19 déclarés dans les États des États-Unis d'Amérique les 29 mars et 5 avril 2020 [Sources des données : CDC, Université John Hopkins]
Afrique et sud de l'Océan indien
Dans cette zone, le virus est présent dans presque tous les pays et territoires excepté le Sud Soudan, le Lesotho, les Comores et Sao-Tomé et Principe (Figures 3 et 33). Les pays les plus touchés sont par ordre décroissant des cas :
- au sud du continent l'Afrique du sud (1 585 cas et 9 décès déclarés) ;
- au nord l'Egypte (1 070 cas et 71 décès déclarés), l'Algérie (1 251 cas et 130 décès déclarés), le Maroc (960 cas et 66 cas déclarés) et la Tunisie (553 cas et 19 décès déclarés) ;
- en Afrique de l'ouest quatre pays présentent sensiblement le même nombre de cas : le Burkina Faso (302 cas et 15 décès déclarés), la Côte d'Ivoire (245 cas et 2 décès déclarés), le Sénégal (219 cas et 2 décès déclarés) et le Ghana (205 cas et 5 décès déclarés).
La pandémie se développe toujours sur le continent avec 6 420 cas et 236 décès déclarés le 5 avril (+49 % des cas et +79 % des décès déclarés en une semaine). Cette augmentation des cas et décès reste pour le moment modérée notamment en Afrique intertropicale (Figure 33).
En Guinée, 121 cas et aucun décès cumulés ont été déclarés le 5 avril, soit 15 fois plus de cas que le 29 mars. La majorité des cas (97 %) résident à Conakry et 4 cas hors de la capitale (Préfectures de Boffa, de Boké, de Coyah et de Labé). Près de 3 700 sujets contacts ont été identifiés depuis l'identification u 1er cas le 12 mars dont 88 % sont ou ont été suivis quotidiennement. L'état d'urgence a été décrété le 26 mars pour une durée de 30 jours sur toute l'étendue du territoire national avec instauration d'un couvre-feu de 21 heures à 5 heures du matin.
L'évolution de la pandémie de l'Afrique doit toujours être étroitement surveillée. Ce suivi restera difficile dans de nombreux pays, compte-tenu des insuffisances chroniques des systèmes de surveillance épidémiologique, même si des progrès ont été réalisés ces dernières années et que l'utilisation de solutions numériques s'est développée dans certains pays (Références 7 et 8).
Figure 33: Cas cumulés de Covid-19 déclarés en Afrique* et dans le sud de l'Océan indien les 29 mars et 5 avril 2020 * Les territoires espagnols ne sont pas inclus dans le total [Sources : OMS, Ministère de la santé espagnoles]
Région OMS d'Asie du Sud-Est
Pour le moment le virus diffuse toujours de façon modérée dans cette région avec moins de 8 000 cas et 302 décès cumulés déclarés le 5 avril. En Inde le nombre de cas augmente régulièrement (3 374 cas et 77 décès déclarés). L'État le plus touché est toujours celui de Maharashtra dont la capitale est Mumbai (anciennement Bombay). Le sous-continent indien comme l'Afrique doit être particulièrement surveillé dans les semaines à venir.
Conclusion
La presque totalité des pays et territoires du monde est maintenant touchée par le SARS-CoV-2, excepté la Corée du Nord, dont la situation réelle est mal connue, le Yémen, le Sud-Soudan, le Lesotho, le Turkménistan et le Tadjikistan deux pays d'Europe centrale, et de nombreux États îliens : Les Comores, Sao-Tomé et Principe en Afrique et la majorité des petites îles du Pacifique.
Près de 1,2 million de cas confirmés ont été déclarés et plus de 65 000 décès à la date du 5 avril. Ces nombres ne représentent que la partie immergée de « l'iceberg » des personnes infectées par le SARS-CoV-2 dans le monde compte-tenu de l'importance des formes non ou peu symptomatiques qui ne sont pas identifiées par un très grand nombre de pays.
L'épidémie est maintenant totalement contrôlée dans le foyer initial de la province de Hubei en Chine, où le confinement de la population qui durait depuis 2 mois et demi a été levé cette semaine. Néanmoins il persiste encore des chaines de transmission dans certaines grandes villes et plus particulièrement à Hong-Kong. La situation est la même dans plusieurs autres pays de la zone (Corée du Sud, Taïwan, Japon, Singapour) sans que la situation ne soit maitrisable à terme. Dans les autres pays d'Asie la pandémie progresse mais reste encore relativement mesurée.
En Europe, l'épicentre se situe toujours à l'ouest (Italie, Espagne, France, Allemagne, Royaume-Uni). La baisse de l'incidence des cas grave en Italie est maintenant patente. Le confinement national persistant dans le temps permet d'espérer une consolidation de ce résultat. En France et en Espagne on observe une stabilisation de l'épidémie. L'épidémie est toujours en forte augmentation en Turquie où elle pourrait atteindre les 4 millions de réfugiés présents sur le sol turc. Il n'est pas inutile de répéter que plusieurs pays de la zone hébergent également des centaines de milliers de réfugiés sur leur sol.
Les États-Unis sont devenus l'épicentre mondial de la pandémie, notamment dans l'État de New-York et dans la cité de New-York. Les fortes proportions de sujets âgés, de sujets obèses et de personnes en situation précaire ainsi que le retard de mise en œuvre des mesures de suppression de la transmission sont les facteurs explicatifs principaux de la rapidité de propagation et de la gravité de l'épidémie.
Le foyer principal dans la région OMS de la Méditerranée orientale est toujours l'Iran, qui reste l'un des plus importants et des plus actifs du monde.
En Afrique et dans le sud de l'Océan indien le virus s'est propagé dans presque l'ensemble des pays et territoires. La pandémie est toujours la plus forte dans les pays du Nord et en Afrique du sud. La diffusion en Afrique sub-saharienne reste encore peu intense, peut-être freinée par des conditions climatiques moins favorables à la survie du coronavirus dans l'environnement (?). Une étude récente, réalisée en conditions de laboratoire, indique que la survie de virus infectieux diminue avec l'augmentation de la température ambiante (Survie de 7 jours à 22°C, 1 jour à 37°C, 10 minutes à 56°C et 1 minute à 70°C). Il est important de préciser qu'il s'agit de conditions expérimentales qui ne correspondent pas à la palette des situations environnementales dans les différentes régions du monde. Les auteurs montrent également que la survie est significativement diminuée par l'utilisation des méthodes de désinfection standard (Référence 9). La France vient de lancer, via l'Agence française de développement, une initiative pour soutenir les pays d'Afrique (Référence 10). Une coalition mondiale pour accélérer la recherche clinique sur la maladie à coronavirus-19 (Covid-19) dans des environnements à ressources limitées vient d'être également initiée à laquelle participent plusieurs dizaines d'institutions dont l'Institut Pasteur, la Société francophone de médecine tropicale et santé internationale et REACTing & INSERM pour la France (Référence 11).
Références
- André J. Comment font les coréens. Le Point n°2484 du 2 avril 2020: pages 44-48.
- Nebehay S. Coronavirus toujours aucun cas en Corée du Nord, qui teste selon l'OMS. Reuters 7 avril 2020.
- Anonyme. Structure et vieillissement de la population. Eurostat Février 2020.
- Population de Lombardie.
- Filiu JP. Le régime iranien survivra-t-il au coronavirus ? Le Monde 22 mars 2020.
- Craig M et al. Prevalence of Obesity and Severe Obesity Among Adults: United States, 2017–2018. NCHS Data Brief No. 360, February 2020.
- Katz MA et al. Influenza in Africa: Uncovering the Epidemiology of a Long-Overlooked Disease. JID 2012;206(S1):S1-4.
- Panara M. Covid-19 : l'Afrique joue la carte de l'e-santé. Le Point 3 avril 2020.
- Chin AWH et al. Stability of SARS-CoV-2 in different environmental conditions (+appendix). Lancet Microbe April 2, 2020.
- AFD. La France lance, via l'AFD, l'Initiative « Covid-19 – Santé en commun » pour soutenir les pays d'Afrique. 9 avril 2020.
- Covid-19 Clinical Research Coalition. Global coalition to accelerate COVID-19 clinical research in resource-limited settings. Lancet April 2, 2020.
Quelques liens intéressants pour suivre la situation de la pandémie et comme sources de données
- Rapports de situation OMS
- Rapports de situation OMS Afrique
- Plate-forme coronavirus France
- Réseau Sentinelles France
- Insee Surveillance de la surmortalité
- Ministère de la santé Espagne
- Ministère de la santé Portugal
- Ministère de la santé Italie
- CDC Etats-Unis
- Site New York Times
- Site JAMA Coronavirus
- Site Université Johns Hopkins
- Agence nationale de sécurité sanitaire de Guinée
- Ministère de la santé du Sénégal
- Ministère de la santé de Côte d'Ivoire
- Site du Journal du Dimanche
Annexes
Annexe 1 : Carte des régions OMS
Annexe 2 : Les différentes sources du système de surveillance du Covid-19 (Source Santé publique France : https://www.santepubliquefrance.fr/presse/2020/surveillance-epidemiologique-du-Covid-19)
Abréviations :
- CepiDC : Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès ;
- CNR : Centre national de référence ;
- INSEE : Institut national de la statistique et des études économiques ;
- IRA : Infections respiratoires aiguës ;
- Oscour : Organisation de la surveillance coordonnée des urgences ;
- SIVIC : Système d'information pour le suivi des victimes d'attentats et de situations sanitaires exceptionnelles
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