La survenue d'une fièvre pendant la grossesse, un motif de consultation en urgence (illustration).
Limiter les déplacements, les contacts entre patients et avec les soignants, éviter le report des consultations vers les hôpitaux, tout en assurant la continuité des soins : tel est le mot d'ordre du Collège national des gynécologues obstétriciens français (CNGOF).
Contraception par téléconsultation
Pour les demandes de contraception, le CNGOF propose d'éviter les consultations présentielles en première intention, sauf cas particulier, et de préférer une téléconsultation par téléphone, visiophone, Skype ou similaire, ou par messages écrits en cas de déficit auditif.
Le renouvellement des ordonnances de contraception hormonale est possible par le pharmacien 6 mois après la date de validité des ordonnances et les pharmacies sont autorisées à délivrer les médicaments pour 3 mois, même si l'ordonnance est périmée.
Le Collège indique par ailleurs que la consultation présentielle pour contraception chez une femme présentant des symptômes d'infection COVID-19 doit être reportée après la fin de la période contaminante.
L'IVG reconnue comme une intervention urgente
Comme le souligne le Dr Paul Châtel, gynécologue-obstétricien à la Clinique Sainte Thérèse à Paris et à l'hôpital Beaujon à Clichy, les femmes doivent être informées de la poursuite des activités d'interruption volontaire de grossesse (IVG), celles-ci étant reconnues comme des "interventions urgentes" par les autorités.
Pour les demandes d'IVG, le CNGOF recommande d'éviter une première consultation présentielle et aussi d'avoir préférentiellement recours aux modes de communication à distance pour la consultation pré-IVG. Il préconise de privilégier dans l'ordre décroissant, l'IVG médicamenteuse (IVGM) à domicile, l'IVGM en structure de soins, l'IVG chirurgicale (IVGC) sous anesthésie locale, l'IVGC sous anesthésie générale. Les conditions de prise en charge de l'IVGM à domicile sont spécifiées, tout comme la conduite à tenir en cas de risque de dépassement du délai légal de réalisation de l'acte d'IVG dans le contexte de pandémie COVID-19. La datation échographique de l'âge gestationnel est associée à une incertitude de ± 5 jours, rappelle le CNGOF. Dans un avis du 3 avril dernier, le Collège souligne également la possibilité de recourir à l'interruption médicale de grossesse d'indication maternelle, prenant en compte les causes psychosociales, pour faire face aux délais qui seraient dépassés à cause du confinement.
AMP reportée
Les activités cliniques et biologiques d'aide médicale à la procréation (AMP), quelle que soit la technique utilisée, sont à reporter, selon les recommandations de l'Agence de la biomédecine. Cette dernière préconise de ne pas considérer l'âge et la diminution de la réserve ovarienne comme une urgence imposant la réalisation d'une AMP, comme cela est habituellement le cas.
Les consultations présentielles de suivi de grossesse limitées
Le suivi de grossesse n'est, en pratique, que peu modifié par l'épidémie, selon le Dr Châtel. "On limite au maximum la fréquentation des laboratoires d'analyse, en décalant de quelques semaines une sérologie de la toxoplasmose ou de quelques jours le dépistage du diabète, en s'adaptant à l'anxiété de la femme. Les consultations présentielles sont elles aussi limitées au maximum, en demandant, par exemple, une évaluation du col à l'échographiste qui réalise un examen obligatoire. Chez les femmes suspectes d'infection COVID-19, la survenue d'une fièvre doit rester un motif de consultation en urgence. En cas de symptômes tels que toux ou anosmie, un test PCR est réalisé en privilégiant un prélèvement en « Drive »".
Les femmes enceintes sont-elles à risque accru de contracter une infection COVID-19 ? Théoriquement oui, car l'immunité baisse au 3e trimestre de la grossesse. Quelques cas de détresse respiratoire à 28 semaines d'aménorrhée (SA), ayant conduit à un accouchement prématuré, ont été rapportés au début de l'épidémie. Bien qu'il n'y ait pas eu de nouvelle alerte depuis, selon le Dr Châtel, la vigilance s'impose bien sûr.
Des restrictions pour l'accompagnant lors de l'accouchement
Le plus grand bouleversement opéré par l'épidémie en obstétrique concerne l'accouchement. Après un débat sur la présence ou non du père ou de l'accompagnant en salle de naissance, le CNGOF a opté pour autoriser leur présence, dans des conditions très strictes, afin de ne pas accroître le nombre de naissances à domicile. Sous réserve qu'il soit asymptomatique, le père ou l'accompagnant peut donc assister à l'accouchement en salle de naissance, sans possibilité de sortir pendant la phase active de travail. Il peut également rester dans la salle pendant les deux heures qui suivent l'accouchement, mais ne peut ensuite monter en suite de naissance.
La mère et le nouveau-né restent donc seuls à la maternité, sans visite, jusqu'à la sortie, qui est faite de façon précoce lorsque les conditions sont réunies. La prise en charge varie bien sûr, selon que la mère est infectée ou non par le SARS-CoV-2.
"Une situation qui est très dure pour tout le monde, et tout particulièrement pour les mères", souligne le Dr Paul Châtel, qui estime ainsi que les pères doivent prendre conscience que leur rôle est de rassurer la maman, de collaborer et non pas d'amplifier le problème.
©Vidal
Pour en savoir plus
Consultation pour contraception durant l'épidémie de COVID. CNGOF 22 mars 2020.
Prise en charge des IVG pendant l'épidémie de COVID. CNGOF 23 mars 2020 .
Assistance des accompagnants à l'accouchement. CNGOF 27 mars 2020.
Sources
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