Au-delà de l'approche antivirale, de multiples essais en cours pour lutter contre le choc cytokinique (illustration).
À l'heure où nous écrivons cet article, 5 études explorent l'efficacité du tocilizumab dans le traitement de la COVID-19, et 4 autres les effets du sarilumab.
Les essais en cours avec le tocilizumab
- Italie : étude TOCIVID-19
- Étude Genentech Hoffman-Laroche (Roche) : contre placebo en double aveugle
Portant sur 200 patients et randomisée, cette étude à 4 bras compare 400 mg de tocilizumab IV versus 2 x 162 mg de tocilizumab SC, versus 200 mg de sarilumab SC, versus traitement standard. Le critère principal est le délai pour redevenir indépendant de l'oxygénothérapie. Les critères secondaires sont le décès, la durée du séjour hospitalier et les taux sanguins de protéine C réactive, entre autres.
Cette étude ouverte randomisée inclut 150 patients avec un ratio 3/1/1 (association tocilizumab / favipiravir). Le tocilizumab est administré entre 4 et 8 mg/kg (dose recommandée 400 mg). La perfusion peut être répétée 12 à 24 heures plus tard en cas de persistance de la fièvre (dose maximale totale de 800 mg). Le favipiravir (un antiviral développé au Japon) est administré pendant 7 jours : 1,6 g x 2 le premier jour, puis 600 mg x 2 par jour (voie orale). Le critère principal est la guérison clinique (absence de fièvre et de symptômes respiratoires, négativation de la charge virale 2 fois successivement, normalisation de la radiographie du thorax).
Cet essai est une étude observationnelle, rétrospective. L'effectif est de 120 patients atteints de formes sévères (pO2 < 93 %), avec symptômes depuis au moins 14 jours. La comparaison est faite entre les patients traités par tocilizumab 8 mg/kg versus CRRT (Continuous Renal Replacement Therapy, avec au moins 3 séances de dialyse). Le critère principal est le pourcentage de patients chez qui la fièvre disparaît pendant au moins 72 heures et la saturation en oxygène est normalisée.
Les études cliniques en cours sur le sarilumab
Outre l'étude comparative danoise citée précédemment, le sarilumab fait l'objet de 3 autres études cliniques.
- Paris : CORIMUNO 19 – SARI, une étude ouverte
- États-Unis : les deux études Régénéron/Sanofi
- Canada : une étude en comparaison avec KALETRA, PLAQUENIL et OLUMIANT
Le critère principal est le statut clinique 2 semaines après le début des traitements selon une échelle de 7 critères.
La colchicine, une autre manière de réduire le choc cytokinique ?
La colchicine est une substance anti-inflammatoire qui connaît un renouveau d'intérêt dans diverses pathologies. Récemment, une équipe canadienne a publié une étude intéressante sur son usage dans le post-infarctus du myocarde (étude COLCOT), qui a déjà fait l'objet d'un article dans les actualités VIDAL. Elle a récemment été utilisée avec succès dans deux cas pédiatriques de syndrome de fuite capillaire survenant après une greffe, après plusieurs semaines de ventilation assistée et de dialyse.
Les propriétés anti-inflammatoires de la colchicine semblent liées à sa capacité à inhiber l'assemblage des inflammasomes NLRP3, des particules intracytoplasmiques qui stimulent la libération de cytokines pro-inflammatoires, en particulier l'interleukine 1 bêta, et aussi l'interleukine 6.
Dans le SARS-CoV-1, il a été décrit une activation de ces inflammasomes sous l'action de deux protéines virales, la viroporine E et la viroporine 3a.
Pour évaluer les effets de la colchicine sur les complications de la COVID-19, trois études sont actuellement en cours :
- une grande étude canadienne (COLCORONA, par la même équipe qui a travaillé sur le post-infarctus) qui porte sur 6 000 patients non hospitalisés, contre placebo, et qui durera un mois (on dispose de peu d'informations sur cette étude qui n'est pas renseignée dans les bases de données) ;
- une étude italienne ouverte et randomisée, portant sur 100 patients et comparant 1 mg/j de colchicine au traitement standard. Le critère principal est l'amélioration clinique mesurée sur une échelle de 7 critères.
- une étude grecque randomisée ouverte, portant sur 180 patients et comparant 0,5 mg de colchicine 2 fois par jour au traitement standard. Les critères principaux sont la détérioration clinique et l'augmentation du taux de protéine C-réactive.
Pour finir ce tour d'horizon, mentionnons que trois essais sont également en cours pour évaluer les effets de l'éculizumab (SOLIRIS), un anticorps monoclonal dirigé contre la fraction C5 du complément, de l'émapalumab (GAMIFANT), un anticorps dirigé contre l'interféron gamma, et de l'anakinra (KINERET), un inhibiteur des récepteurs de l'interleukine 1.
Pour aller plus loin
Pour se rafraîchir la mémoire sur le choc cytokinique
Emilie D, Humbert M et Galanaud P. Cytokines et sensibilité aux maladies . Pour la Science, avril 2000
L'étude chinoise qui a évalué les effets du tocilizumab dans la COVID-19
Xu XL, Han MF, et al. Effective Treatment of Severe COVID-19 Patients with Tocilizumab. Publication en ligne, mars 2020.
Sur l'intérêt de la colchicine en post-infarctus (étude COLCOT)
Roubille F. COLCOT : l'hypothèse microinflammatoire confirmée : la colchicine réduit les événements cardiovasculaires après un SCA. CardioOnline, 21 novembre 2019.
La colchicine en post-infarctus : les résultats d'une vaste étude multicentrique
Les cas pédiatriques de syndrome de fuite capillaire traités par colchicine
Cocchi E, Chiale F, Gianoglio B et al. Colchicine: An Impressive Effect on Posttransplant Capillary Leak Syndrome and Renal Failure. Pediatrics, May 2019, 143 (5).
Le communiqué de presse de l'Institut de cardiologie de Montréal sur l'étude COLCORONA, 23 mars 2020.
Sources
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