#Santé publique #COVID-19

COVID-19 : quel risque pour les nourrissons ?

Publiée le 26 mars 2020, une étude rétrospective chinoise semble indiquer que, chez les enfants, la COVID-19 pourrait être à l'origine de symptômes sévères, plus fréquemment que rapporté jusque-là. Ceci en particulier chez les nourrissons de moins de 12 mois, chez lesquels 10 % de formes seraient "graves" ou "critiques".
Les résultats de ce travail ont provoqué un émoi chez des parents inquiets de cette information, ce d'autant que le décès d'un enfant de moins d'un an vient d'être rapporté aux États-Unis. Même si l'analyse critique de cette étude doit faire relativiser ses résultats, ce sont néanmoins les premières données en nombre important chez l'enfant dont nous disposons. Elles apportent des éléments à suivre et à comparer aux futures données françaises et européennes.
 
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Dans l'attente des prochaines données françaises (illustration).

Dans l'attente des prochaines données françaises (illustration).

Une étude rétrospective chinoise a recueilli les données de 2 143 jeunes patients chinois, âgés de 0 à 18 ans (âge moyen : 7 ans), telles que collectées au moment de leur déclaration par le Chinese Center for Disease Control and Prevention entre le 16 janvier et le 8 février 2020, donc au début de l'épidémie.
Parmi ces 2 143 cas, 34 % (n = 731) ont été confirmés comme COVID-19 par PCR. Les 66 % autres cas (n = 1412) ont été considérés comme "faiblement", "moyennement" ou "fortement" suspects de COVID-19, sur la base de l'association d'une symptomatologie évocatrice et de l'origine géographique des patients. Aucun autre élément clinique ou d'antécédent médical n'est décrit dans la publication.
 
Des formes sévères ou critiques chez plus de 10 % des nourrissons de moins de 12 mois
Selon cette étude, 94 % des enfants présentaient une forme asymptomatique (4,4 %), légère (51 %) ou modérée (39 %). Les formes sévères (aggravation respiratoire progressive avec pO2 < 92 %) ou critiques (détresse respiratoire aiguë et/ou défaillance multi-organe) ont concerné, respectivement, 5,2 % et 0,6 % des enfants. L'ensemble de ces formes graves ou critiques étaient les plus fréquentes chez les moins de 12 mois, puis semblaient diminuer régulièrement lorsque l'âge augmentait. Ainsi, elles ont été observées chez 10,6 % des nourrissons de moins de 12 mois, 7,3 % des 1-5 ans, 4,2 % des 6-10 ans, 4,1 % des 11-15 ans et 3 % des 15-18 ans. Les données chez les cas confirmés COVID-19 ne sont pas précisées dans l'article.
Ce sont ces pourcentages élevés de formes sévères chez les plus jeunes enfants qui ont alarmé la presse médicale et, par ricochet, certains parents.
 
Des taux de formes sévères différents entre les populations "confirmées" et  "suspectées"
Ces chiffres inquiétants doivent être pris avec précaution. En effet, seuls 34 % des enfants avaient une COVID-19 confirmée par un test, et la gravité des cas semble différente entre les cas confirmés et les cas suspectés. Ainsi, pour les "COVID-19" confirmés par PCR, l'étude chinoise rapporte 2,5 % de formes sévères et 0,4 % de formes critiques, toutes tranches d'âge confondues. Pour les cas suspectés, il y avait davantage de formes sévères ou critiques : 6,7 % de formes sévères (2,7 fois plus) et 0,7 % de formes critiques (1,8 fois plus). Il est donc légitime de soupçonner une plus grande hétérogénéité des pathologies (ou des pluripathologies) dans la population "suspectée".
Les nombres absolus et pourcentages respectifs des formes sévères et critiques, par tranche d'âge dans les deux populations, n'ont pas été communiqués dans cette étude, ce qui est regrettable.
 
L'absence d'information sur les pathologies associées conduisent à relativiser ces résultats
Cet article ne fournit aucune information sur d'éventuelles autres maladies dont souffraient les enfants étudiés. Les auteurs de l'étude reconnaissent cette limite (liées à la méthodologie), évoquant, en particulier, l'impact possible de la bronchiolite infectieuse comme éventuelle pathologie associée. De plus, ils regrettent l'absence de données sur l'évolution clinique des enfants, les informations analysées étant uniquement celles communiquées au moment de la déclaration aux autorités sanitaires.
 
Des données épidémiologiques plus rassurantes dans le monde et en France
Il est possible de mettre ces résultats en perspective avec les autres données collectées en Chine à la même époque.
Le 14 février 2020, une étude rétrospective a livré des informations concernant 9 enfants de moins de 12 mois, hospitalisés pour COVID-19 en Chine, entre le 8 décembre 2019 et le 2 février 2020. Aucun d'entre eux n'a eu de complications. Ce très faible effectif suggère que les enfants de moins de 12 mois sont très peu touchés ou qu'ils ne sont pas diagnostiqués, du fait de la grande prévalence des formes asymptomatiques.
Dans une publication chinoise du 24 février 2020, portant sur 72 314 cas, aucun décès n'a été signalé chez les 416 enfants de moins de 9 ans, alors que 1 023 décès ont été rapportés chez les 71 898 patients âgés de plus de 9 ans (1,4 %).
Concernant l'Europe, la comparaison des données est moins directe, du fait des différences en termes d'environnement sanitaire.
En Italie, au 23 mars 2020, sur environ 58 000 cas, seulement 597 étaient des sujets de moins de 18 ans (1 %). Le taux d'hospitalisation des enfants était de 11 % (17,5 % chez les moins de 12 mois et 7 % chez les plus de 7 ans). Aucun n'a été admis en réanimation.
Enfin, selon le point épidémiologique sur la COVID-19 de Santé Publique France du 24 mars 2020, 167 cas de COVID-19 symptomatiques ont été signalés chez les moins de 15 ans, ce qui représente 1,3 % de l'ensemble des cas. Ils ont entraîné 3 admissions en réanimation (1,8 % des cas) et aucun décès (données au 23 mars 2020). Alors que, dans le même temps, 22 000 cas ont été rapportés chez des adultes, entraînant 2 516 admissions en réanimation.
En conclusion, il est important pour les professionnels de santé de maîtriser ces données épidémiologiques et celles qui ne manqueront pas d'arriver en France, pour avoir une idée objective chiffrée de la gravité du COVID-19 dans la population pédiatrique.
 
Pour en savoir plus
Décès d'un enfant de moins d'un an aux États-Unis.

L'étude rétrospective chinoise
Dong YY, Mo X, Hu Y et al. Epidemiological Characteristics of 2143 Pediatric Patients with 2019 Coronavirus Disease in China. Pediatrics 2020. (pré-publication).
 
La publication chinoise sur les données des premiers nourrissons hospitalisés
Wei M, Yuan JP, Lio Y et al. Novel Coronavirus Infection in Hospitalized Infants Under 1 Year of Age in China. JAMA, 14 février 2020.
 
La publication chinoise sur les premiers 72 000 cas signalés
Wu Z et McGoogan JM  Characteristics of and Important Lessons From the Coronavirus Disease 2019 (COVID-19) Outbreak in ChinaSummary of a Report of 72?314 Cases From the Chinese Center for Disease Control and Prevention.  JAMA. 24 février 2020.
 
Le bulletin épidémiologique italien au 23 mars 2020.
 
Le bulletin épidémiologique de Santé Publique France au 24 mars 2020.

 
Sources

Commentaires

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testou Il y a 2 ans 0 commentaire associé

extraordinaire ; essayer de chercher des renseignements fiables sur la covid 19 et les nourissons en dehors de site type femmes actuelles le Figaro et j'en passe devient plus qu'agaçant...

arb.faiza26@gmail.com Il y a 4 ans 1 commentaire associé
Peu t'on traité un enfant atteint de covid 19 avec chloroquine et azytromycine
Modérateur Médecine générale Il y a 4 ans 0 commentaire associé
A supposer que cela soit utile et prescrit par un médecin ,tout dépend du poids de l'enfant.
Michel Randrianjafy Il y a 4 ans 1 commentaire associé
Bonjour, pour une personne qui est testée positive de ( (covid 19) , combien de temps ça reste positif; et duré de confinement ? . Est-ce qu’il faut refaire un test et s’il y en a , après combien de jours où elle est tesopositive ? Merci.
Modérateur Médecine générale Il y a 4 ans 0 commentaire associé
Bonjour La durée n'est pas connue et elle est certainement variable d'une personne à l'autre. La durée de confinement absolu est de 14 jours après le début des symptômes.
herves Il y a 4 ans 0 commentaire associé
je ne comprends pas votre calcul françoise : 597 sur 58000 cela représente bien 1,02%
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