Un antiparasitaire qui est aussi un antiviral
La recherche d'un traitement efficace contre le SARS-CoV2 a un double objectif, accélérer la guérison des malades et diminuer la durée du portage viral de façon à limiter la transmission.
Par ailleurs, le repositionnement médicamenteux, c'est-à-dire l'emploi d'une molécule déjà commercialisée et utilisée dans d'autres indications, permet d'économiser beaucoup de temps puisque l'on connaît déjà l'effet de certaines posologies, les interactions médicamenteuses, la tolérance, etc.
L'intérêt du repositionnement médicamenteux
Pour exemple, la piste suivie avec l'association anti-VIH lopinavir/ritonavir (KALETRA et génériques) obéit à cette stratégie, même si article publié dans le New England Journal of Medicine du 19 mars ne conclut pas à un résultat clinique très favorable.
Une autre molécule a déjà été citée comme une piste intéressante au début de l'épidémie COVID-19 : la chloroquine. Toutefois, la rareté des données disponibles l'a, de prime abord, écartée des choix des autorités françaises. Le recours à cet antipaludéen (qui avait déjà été repositionné il y de nombreuses années dans le traitement de maladies auto-immunes) pourrait tout de même avoir lieu, à la lueur des premiers résultats obtenus à l'Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection de Marseille.
Pourquoi étudier cette molécule contre le SARS-CoV-2 ?
Ces premiers résultats sont en cours de publication, mais il est utile de les commenter rapidement, car ils sont déjà fortement médiatisés !
L'équipe du Pr Didier Raoult qui a mené une étude, que l'on pourrait qualifier de pilote, s'est appuyée sur le fait que la chloroquine exerce in vitro une inhibition de la croissance du SRAS-CoV-2 et sur les résultats d'un essai chinois ayant porté sur des malades infectés qui a montré des bénéfices à la fois cliniques et sur la clairance virale. De plus, l'IHU Méditerranée Infection de Marseille a une grande et longue expérience d'un dérivé de la chloroquine, mieux toléré, l'hydroxychloroquine.
Des premiers résultats remarquables
Ces spécialistes ont donc cherché à savoir quel pouvait être l'effet de l'hydroxychloroquine sur la charge virale de patients infectés par le SARS-CoV-2, dans le cadre d'une étude préliminaire ayant inclus 36 patients : 20 recevant de l'hydroxychloroquine et 16 un traitement de support des symptômes (groupe témoin). Six malades du groupe hydroxychloroquine ont aussi reçu en association un antibiotique, l'azithromycine.
S'il est clair, pour le Dr Trémolières, que les résultats en cours de publication doivent être considérés avec réserve, ils n'en sont pas moins remarquables. En effet, la guérison virologique (déterminée par une PCR nasopharyngée négative) est constatée, à J6 après l'inclusion, chez :
- 12,5 % des patients du groupe témoin,
- 57,1 % des patients du groupe chloroquine seule,
- 100 % des patients du groupe chloroquine-azithromycine.
Certes, le dernier groupe ne comporte que six patients et "on ne peut encore considérer qu'une démonstration soit faite".
Bien évidemment ces premières données, si prometteuses soient-elles, doivent être confirmées par des études de plus grande ampleur, mais elles sont suffisamment inédites pour être rapportées et commentées. Quant à la corrélation avec un effet clinique favorable, "elle n'est pour l'instant pas faite du tout".
Propos recueillis par Patricia Thelliez
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Sources
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