Heure d'administration des médicaments : un nouveau champ de recherche (illustration).
Dose, fréquence des prises, forme galénique, comorbidités, etc., beaucoup d'éléments sont pris en compte au moment d'une prescription médicamenteuse. Il en est cependant un qui fait rarement partie de l'équation, faute d'informations le concernant : l'heure de l'administration médicamenteuse.
Un prix Nobel en 2017
Or il est connu depuis plusieurs années que le corps obéit à une horloge interne située dans l'hypothalamus, secondée par des synchronisateurs externes comme la lumière, les prises alimentaires, la température corporelle, l'exercice physique (1).
Ces données ont été l'origine d'un nouveau domaine de recherche, la chronobiologie, qui a valu un prix Nobel à trois chercheurs américains en 2017 pour leurs travaux sur le contrôle des rythmes circadiens (2).
Des gènes à l'expression très rythmée
Ces notions ont-elles des conséquences en termes de traitement ? L'étude de L Mure et coll., à laquelle a participé Howard Cooper (Institut cellule souche et cerveau, Inserm), publiée en 2018, et qui est l'aboutissement d'un travail colossal mené pendant une dizaine d'années, répond en partie à cette question (3, 4).
Contrairement aux premiers travaux, qui avaient porté essentiellement sur la drosophile ou des animaux nocturnes, cette étude a été réalisée sur des primates dont le mode de vie se rapproche davantage de celui des êtres humains.
Les chercheurs ont analysé les ARN de plus de 25 000 gènes de 64 organes et tissus différents, toutes les deux heures pendant 24 heures. Il est ainsi apparu qu'environ deux tiers des gènes analysés codant pour des protéines ont une expression rythmique, avec un pic en matinée et un autre, moins intense, en début de soirée.
Des conséquences sur les schémas thérapeutiques
En outre, "cette expression varie beaucoup d'un tissu à l'autre, confirmant que, en plus de l'horloge centrale interne, chaque organe exprime sa propre horloge" (4).
Fait important, plus de 80 % de ces gènes exprimés de façon cyclique codent pour des protéines essentielles à la vie des cellules, comme celles impliquées dans la réplication et la réparation de l'ADN, le métabolisme ou l'élimination des déchets. Selon les explications d'Howard Cooper (4), cela signifie "qu'ils codent pour des protéines ciblées par des médicaments ou qui sont des cibles thérapeutiques pour de futurs traitements.
Cela prouve combien il est important de tenir compte de l'horloge biologique pour administrer les médicaments au bon moment de la journée afin d'améliorer l'efficacité et de réduire les effets indésirables".
À quand une prise en compte du rythme circadien dans les études cliniques ?
Les recherches se poursuivent activement pour établir un atlas complet de l'expression de ces gènes au cours de la journée dans les différents organes.
L'idée de recueillir l'heure à laquelle sont faites les mesures en même temps que les autres variables habituellement collectées au cours des études cliniques et précliniques fait aussi son chemin (5).
Des résultats déjà obtenus dans certaines aires thérapeutiques
Des données plus concrètes ont d'ores et déjà été obtenues dans certains domaines, comme la cancérologie ou la cardiologie. Ainsi, certaines chimiothérapies ont une toxicité très augmentée lorsqu'elles sont administrées à certaines heures du jour ; l'efficacité des antihypertenseurs n'est pas non plus la même en fonction du moment de la prise.
Explications détaillées dans les prochains épisodes...
Pour aller plus loin
1- Inserm. Chronobiologie. Les 24 heures chrono de l'organisme. Dernière mise à jour le 01 10 2018
2- Prix Nobel de médecine 2017
3- Mure LS et coll. Diurnal transcriptome atlas of a primate across major neural and peripheral tissues. Science 2018 ; 359 (6381). doi: 10.1126/science.aao0318.
4- Inserm. Horloge biologique : à chaque organe, son rythme. Communiqué du 8 février 2018. https://presse.inserm.fr/horloge-biologique-a-chaque-organe-son-rythme/30595/
5- Adam D. Core concept. Emerging science of chronotherapy offers big oppportunities to optimize drug delivery. Proc Natl Acad Sci U S A. 2019 Oct 29;116(44):21957-21959. doi: 10.1073/pnas.1916118116.
Un prix Nobel en 2017
Or il est connu depuis plusieurs années que le corps obéit à une horloge interne située dans l'hypothalamus, secondée par des synchronisateurs externes comme la lumière, les prises alimentaires, la température corporelle, l'exercice physique (1).
Ces données ont été l'origine d'un nouveau domaine de recherche, la chronobiologie, qui a valu un prix Nobel à trois chercheurs américains en 2017 pour leurs travaux sur le contrôle des rythmes circadiens (2).
Des gènes à l'expression très rythmée
Ces notions ont-elles des conséquences en termes de traitement ? L'étude de L Mure et coll., à laquelle a participé Howard Cooper (Institut cellule souche et cerveau, Inserm), publiée en 2018, et qui est l'aboutissement d'un travail colossal mené pendant une dizaine d'années, répond en partie à cette question (3, 4).
Contrairement aux premiers travaux, qui avaient porté essentiellement sur la drosophile ou des animaux nocturnes, cette étude a été réalisée sur des primates dont le mode de vie se rapproche davantage de celui des êtres humains.
Les chercheurs ont analysé les ARN de plus de 25 000 gènes de 64 organes et tissus différents, toutes les deux heures pendant 24 heures. Il est ainsi apparu qu'environ deux tiers des gènes analysés codant pour des protéines ont une expression rythmique, avec un pic en matinée et un autre, moins intense, en début de soirée.
Des conséquences sur les schémas thérapeutiques
En outre, "cette expression varie beaucoup d'un tissu à l'autre, confirmant que, en plus de l'horloge centrale interne, chaque organe exprime sa propre horloge" (4).
Fait important, plus de 80 % de ces gènes exprimés de façon cyclique codent pour des protéines essentielles à la vie des cellules, comme celles impliquées dans la réplication et la réparation de l'ADN, le métabolisme ou l'élimination des déchets. Selon les explications d'Howard Cooper (4), cela signifie "qu'ils codent pour des protéines ciblées par des médicaments ou qui sont des cibles thérapeutiques pour de futurs traitements.
Cela prouve combien il est important de tenir compte de l'horloge biologique pour administrer les médicaments au bon moment de la journée afin d'améliorer l'efficacité et de réduire les effets indésirables".
À quand une prise en compte du rythme circadien dans les études cliniques ?
Les recherches se poursuivent activement pour établir un atlas complet de l'expression de ces gènes au cours de la journée dans les différents organes.
L'idée de recueillir l'heure à laquelle sont faites les mesures en même temps que les autres variables habituellement collectées au cours des études cliniques et précliniques fait aussi son chemin (5).
Des résultats déjà obtenus dans certaines aires thérapeutiques
Des données plus concrètes ont d'ores et déjà été obtenues dans certains domaines, comme la cancérologie ou la cardiologie. Ainsi, certaines chimiothérapies ont une toxicité très augmentée lorsqu'elles sont administrées à certaines heures du jour ; l'efficacité des antihypertenseurs n'est pas non plus la même en fonction du moment de la prise.
Explications détaillées dans les prochains épisodes...
Pour aller plus loin
1- Inserm. Chronobiologie. Les 24 heures chrono de l'organisme. Dernière mise à jour le 01 10 2018
2- Prix Nobel de médecine 2017
3- Mure LS et coll. Diurnal transcriptome atlas of a primate across major neural and peripheral tissues. Science 2018 ; 359 (6381). doi: 10.1126/science.aao0318.
4- Inserm. Horloge biologique : à chaque organe, son rythme. Communiqué du 8 février 2018. https://presse.inserm.fr/horloge-biologique-a-chaque-organe-son-rythme/30595/
5- Adam D. Core concept. Emerging science of chronotherapy offers big oppportunities to optimize drug delivery. Proc Natl Acad Sci U S A. 2019 Oct 29;116(44):21957-21959. doi: 10.1073/pnas.1916118116.
Sources
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