
Utilisés dans le traitement du diabète de type 2, les incrétinomimétiques se composent de deux familles : les analogues du GLP-1 et les inhibiteurs de la DPP4 ou gliptines (illustration).
Une vaste étude pour mesurer le risque de cancer du pancréas associé aux incrétinomimétiques
L'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) publie les résultats d'une vaste étude dont l'objectif était de mesurer le risque de cancer du pancréas associé aux incrétinomimétiques (Cf. Encadré 1) en France sur la base des données médico-administratives du SNIIRAM-PMSI (données nationales de l'assurance maladie chaînées à celles des hospitalisations).
Encadré 1 - Les incrétinomimétiques en bref
Les incrétinomimétiques constituent une classe de médicaments indiqués dans le traitement du diabète de type 2 (Cf. VIDAL Reco "Diabète de type 2 : prise en charge initiale") et dont le mode d'action fait intervenir les incrétines, soit en mimant leurs effets (analogue du GLP-1), soit en augmentant leur taux (inhibiteurs de la DPP4 ou gliptines) :
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Un suivi national renforcé depuis 2008
Depuis 2008, les deux familles d'incrétinomimétiques font l'objet d'un suivi national renforcé suite à des signalements de pharmacovigilance rapportant des cas de pancréatites aiguës et de cancers du pancréas.
En janvier 2013, le risque de pancréatites aiguës a été ajouté au RCP (résumé des caractéristiques du produit) de ces médicaments, à la demande de l'EMA (Agence européenne du médicament).
Celle-ci a en outre demandé la mise en place de nouvelles études visant à évaluer ce risque à long terme ansi que le risque de cancer du pancréas.
Plus de 1,3 millions de diabétiques de type 2 inclus dans l'étude
Dans ce contexte, une étude de grande envergure a été réalisée par le Pôle épidémiologie des produits de santé de l'ANSM.
Les auteurs se sont appuyés sur les données de l'Assurance maladie issues des bases SNIIRAM (Système national d'information inter-régimes de l'Assurance maladie) et du PMSI (Programme de Médicalisation des Systèmes d'Information).
Un total de 1 346 055 patients atteints de diabète de type 2 ont été inclus (âge moyen : 63,8 ans, 54 % d'hommes) : les sujets étaient considérés comme exposés à partir de 3 mois de traitement antidiabétique.
La durée moyenne de suivi a été de 3,7 ans (de 2010 à jusqu'au 31 décembre 2013 ou jusqu'à la date de survenue d'un cancer ou du décès).
Plus de cancers de pancréas avec tous les traitement antidiabétiques oraux sauf les analogues de GLP-1
Parmi la population étudiée, 41 % des sujets ont été exposés aux gliptines et 7,2 % aux analogues du GLP-1.
Au total, 3 113 cancers du pancréas ont été enregistrés au cours de cette étude.
Concernant les gliptines, les résultats montrent :
- un risque de cancer plus élevé chez les sujets exposées aux gliptines que chez les non exposées (Hazard Ratio ajusté [HRa] = 1,3 ; IC95% : [1,2-1,4]) ;
- un risque accru à l'initiation du traitement, qui décroit avec la durée d'exposition (pour une durée inférieure ou égale à 18 mois : HRa = 1,6 [1,4- 1,8] ; pour une durée supérieure à 30 mois : HRa = 1,1 [0,9-1,4]), et avec la dose de traitement délivré ;
- une association traitement/risque de cancer était particulièrement importante dans le cas d'un diabète récent (durée d'ALD inférieure à 2 ans : HRa = 1,6 [1,4-1,8] ; durée d'ALD supérieure à 5 ans : HRa = 1,1 [1,0-1,3]).
Concernant les analogues du GLP-1, il n'a pas été retrouvé d'association avec le risque de cancer du pancréas (HRa : 1,0 [0,8-1,2]).
Ce résultat concorde avec les données d'études précédentes et pourrait être lié au profil de prescription de ces médicaments.
En effet, contrairement aux autres antidiabétiques comme les gliptines, leur prescription n'est pas déclenchée en cas de déséquilibre du diabète.
Concernant les autres antidiabétiques oraux (metformine/sulfamides/autres) le risque associé de cancer du pancréas est également accru, avec une augmentation du même ordre de grandeur que celle associée aux gliptines, de 20 à 40 %.
Ce risque présente les mêmes caractéristiques que pour les gliptines à savoir une décroissance avec la durée d'exposition au traitement antidiabétique et l'ancienneté du diabète.
L'augmentation du risque de cancer n'apparaît donc pas spécifique aux gliptines.
Au total, ces résultats n'apportent donc pas d'argument en faveur d'un risque spécifique des incrétinomimétiques vis-à-vis du risque de cancer du pancréas.
Un phénomène de causalité inverse
Si l'exposition aux gliptines est bien associée à une augmentation du risque de cancer du pancréas, ce risque n'est pas spécifique à cette classe de médicaments puisqu'il est retrouvé avec les autres médicaments antidiabétiques, à l'exception des analogues du GLP-1.
Le fait que le risque de cancer soit particulièrement marquée dans la période suivant l'initiation du traitement et similaire à celle observée pour les autres antidiabétiques oraux suggère un phénomène de causalité inverse : en effet, selon les auteurs, "l'initiation des gliptines serait le résultat d'un déséquilibre du diabète lui-même dû à la survenue d'un cancer du pancréas non encore diagnostiqué, plutôt qu'un facteur causal de ce cancer."
Des données à plus long terme seront nécessaire pour évaluer ce risque au long cours.
Pour aller plus loin
Pas d'argument en faveur d'un sur-risque de cancer du pancréas associé aux incrétinomimétiques chez les patients diabétiques de type 2 : une étude de l'ANSM - Point d'Information (ANSM, 14 décembre 2016)
Exposition aux incrétinomimétiques et risque de cancer du pancréas chez les patients atteints de diabète de type 2 - Etude (ANSM, décembre 2016)
Incrétinomimétiques et risque de cancer du pancréas chez les personnes atteintes de diabète de type 2 (ANSM)
Sur VIDAL.fr
Diabète de type 2 : analyse comparée des bénéfices et risques de 9 classes d'hypoglycémiants (8 septembre 2016)
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Pour aller plus loin
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