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Le vaccin Dengvaxia, premier vaccin contre la dengue, est homologué au Mexique, au Brésil, aux Philippines, au Salvador et au Costa Rica.
Il a montré une efficacité dans la réduction des infections symptomatiques par le virus de la dengue chez les enfants de 2 à 16 ans, dans les deux premières années de suivi. Toutefois, une prolongation du suivi avait fait apparaître un risque augmenté d'hospitalisation liée à la dengue chez les enfants de 2 à 9 ans durant la troisième année.
Ce résultat inattendu était jusqu'à présent inexpliqué. Dans la revue Science, Neil Ferguson, de l'Imperial College de Londres, et ses collègues émettent une hypothèse.
Ils rappellent que chez les personnes ayant été infectées une première fois par le virus de la dengue, un deuxième épisode d'infection conduit à une forme plus grave de la maladie. Puis la gravité diminue lors des infections ultérieures. Cela serait dû au fait que certains anticorps induits par la première infection facilitent la nouvelle infection par un autre virus de dengue. Puis ce phénomène diminue avec les infections ultérieures.
Ils estiment que :
- Pour les enfants qui n'ont jamais été en contact avec le virus de la dengue, la vaccination a le même effet qu'une première infection. D'où l'augmentation des hospitalisations qui a été observée, certes pas dans les deux premières années où le taux élevé d'anticorps neutralisants était élevé, mais dans les années suivantes.
- A l'inverse, chez des enfants ayant déjà rencontré le virus, la vaccination agit comme une seconde infection et si le patient rencontre à nouveau le virus, cela équivaut à une troisième infection, moins grave.
- Dans une population où il y a peu de transmission du virus de la dengue, et donc où la majorité des enfants n'ont pas été en contact avec le virus, la vaccination agira au niveau immunitaire comme une première infection et cela conduira à un risque plus élevé de forme grave de la maladie en cas d'infection, et donc à une augmentation du nombre d'hospitalisations. Restreindre la vaccination aux enfants de plus de 9 ans diminue, mais n'élimine pas le risque d'impact négatif au niveau de la population.
- A l'inverse, dans une population où le niveau de transmission du virus est élevé et où la majorité des enfants, même jeunes, ont déjà rencontré le virus, la vaccination n'a que des effets positifs.
En conséquence, les auteurs suggèrent de bien choisir dans quelles populations une vaccination de masse contre la dengue sera réalisée.
Une autre stratégie consisterait à réaliser un test sérologique préalable chez les enfants, afin de détecter les anticorps contre les virus de la dengue, la présence de ces anticorps traduisant une infection antérieure par un virus de la dengue. Seuls les enfants ayant des anticorps anti-dengue seraient ainsi vaccinés. Cependant, cette stratégie ne serait rentable que si le coût des tests de diagnostic était suffisamment bas.
Enfin, les auteurs estiment que leurs hypothèses s'appliquent probablement aux autres vaccins contre la dengue en développement.
Référence : Science ; 2 septembre, vol.353, n°6303, p1033-1036.
Source : APM International.
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